Plaisir ou douleur ?

Il est dans l’air du temps de réclamer moins d’impôts. Et dans le même temps il paraît que les français veulent plus de services publics. Seraient-ils familiers de ce petit jeu mis en scène par Sacher Masoch : fais-moi du bien en me faisant du mal ? Car qui dit « impôts », qui font de plus en plus mal, dit forcément « dépenses publiques », qui, paraît-il, font du bien. Car oui, ce qui a été fort c’est d’être arriver à imaginer que la « dépense publique » serait un bienfait et que ne pas payer d’impôts serait un méfait. Les impôts c’est bien lorsque ce sont les autres qui les payent et les dépenses publiques, c’est bien lorsque c’est soi qui en profite. Et si la raison nous amenait à une réalité inverse ? Que toute dépense publique serait un méfait, et que ne pas payer l’impôt serait un bienfait ?

masochisme

Socialiste : Je t’aime, Fais-moi mal…

Le siècle des Lumières nous avait enseigné du Droit Naturel que l’homme n’était pas un esclave et disposait de son libre arbitre. Mais la Terreur est passé par là. Les assoiffés de l’abus de pouvoir se sont empressés de devenir des prédateurs de fortune individuelle. Constatons qu’il n’existe aucune limitation, ni sur le niveau d’impôts, qui forment les recettes du « butin public » en faisant disparaître la propriété privée de l’argent, ni sur le niveau des dépenses qui forment la corruption par le retour vers le privé. Nous nous laissons dépouiller en toute « légalité », au nom de l’état.

Ce qui est habituellement qualifié de vol ou d’extorsion, est miraculeusement qualifié de « public » lorsque ce sont les politiciens qui agissent. Et cette mafia étatique, qui, sans miracle, se paye sur la bête, est là pour expliquer que ce ne serait pas moral de vouloir s’affranchir de payer des impôts ! Belle mentalité ! C’est le voleur qui se fait passer pour une victime et accuse les autres de voleurs ! Toute la rhétorique a été de faire progressivement passer des vessies pour des lanternes, et nous ne trouvons pas grand monde pour apporter la contradiction. La très grande majorité est frappée de léthargie et du syndrome de Stockholm.

Cela pouvait être une parabole

Or, pour réaliser l’objectif de baisser les impôts réclamé aujourd’hui, il n’y a aucune autre issue que d’envisager la baisse des dépenses publiques. Il ne faut surtout pas perdre de vue que les dépenses publiques sont chroniquement supérieures aux recettes (donc aux rentrées fiscales), et que cela se traduit par un déficit public permanent qu’il est nécessaire de financer. Et comme les pilleurs fiscaux et tous les autres récipiendaires (politiques professionnels, fonctionnaires et assistés dits « sociaux »…) ne contribuent pas au renflouement des pertes, ce sont ceux qui, comptablement, contribuent déjà qui sont de nouveau sollicités. Un déficit d’aujourd’hui, ce sont des impôts supplémentaires pour demain si aucune mesure forte n’est prise pour réduire les dépenses. Commencer à parler de baisse des impôts n’est crédible que le jour où un excédent de recettes est constaté.

vases

Les vagues communicants cachant les vases communiquant.

En effet, pour que concrètement cette baisse d’impôts soit observée par ceux qui les payent, il faut baisser le niveau des recettes de l’état. La comptabilité est une histoire de vases communiquant : soit l’argent reste dans la poche des Français, soit l’état leur pique. Observons que ce n’est pas l’inverse, ce sont bien les recettes, donc l’argent qui est pris par l’arbitraire fiscal, qui permettent de réaliser les dépenses de l’état. Après, que ce soit les Français ou l’état, l’argent a toujours une destination, sujet que ne nous ne traiterons pas ici.

Mais à ce stade, en bon socialiste, il est possible d’estimer que les familles pauvres et moyennes doivent payer moins d’impôts et les familles aisées en payer plus. Mais n’est-ce pas déjà le cas ? Comptablement parlant, on peut toujours en demander plus : augmenter de 1000€ l’impôt d’une personne aisée (représentant l’ensemble des personnes aisées) et, en stricte compensation, baisser de 1€ les impôts de 1000 personnes pauvres (représentant l’ensemble des personnes pauvres) sans changer le montant des recettes fiscales. Facile à dire, concrètement difficile à faire, puisque l’état français dispose, paradoxe de cet état qui se veut redistributeur, d’une fiscalité directe et indirecte très complexe qui désavantage toujours les moins aisés.

Dans un tel scénario, existe-t-il suffisamment de personnes aisées pour absorber les « besoins monétaires » des familles pauvres pour que ces dernières s’imaginent sorties de la pauvreté ? À moins d’être un communiste endurci en considérant que l’état puisse imprimer sans accepter le moindre débat indéfiniment des billets sans impact économique (équivalent à emprunter à taux 0% auprès de la banque de France), nous entrons dans le sujet de la création de richesses et de la valeur. Et non, la réponse ne se trouve pas dans l’état-providence. Le fameux fumeux « contrat social » de la solidarité par l’état est en réalité une escroquerie : la religion étatique laisse la possibilité de croire à la production de monnaie comme Jésus multipliait et distribuait les pains.

Voir ou ne pas voir

Aller, soyons plus sérieux et revenons sur notre exemple de bon socialiste : que a-t-il se passer avec ce transfert de 1000€ ? Si nous maintenons constante la dépense publique, « non productive » par nature, nos pauvres trouveront effectivement 1 € de pouvoir d’achat. Cela c’est ce que nous voyons immédiatement. Mais les 1000€ vont manquer à la famille aisée qui les avait gagnés tout aussi honnêtement que les pauvres gagnent leur 1 €.

Ce que nous ne verrons pas, c’est le fait que ces 1000€ était générateurs d’investissements ou de consommation productive. Ces 1000 € auraient de toute manière été redistribués, mais cette fois par des échanges libres et consentis. Et qui dit production, dit emploi pérenne. Mais quel intérêt aura cette famille à gagner 1000€ qui lui seront pillés dans la foulée ? L’être humain a horreur de faire des efforts qui ne lui procurent pas de satisfaction. Même celui qui est bénévole, réalise le bénévolat pour la recherche d’une satisfaction personnelle… à moins d’être notre adepte de Sacher Masoch du début. Il ne devient pas difficile de comprendre qu’il y a beaucoup plus de malchance de perdre « UNE personne à 1000€ » que de perdre « 1000 personnes à 1€ ». Et oui, nous entrons ici dans les notions de survie et de risque.

aveugles

À force de foncer dans l’état…

Les personnes qui délocalisent leurs entreprises ou qui s’expatrient avec leurs biens ont ainsi évaluer leurs risques. Ils entrent dans ce processus de survie personnelle propre à chaque être humain. Oh certes, ce n’est surement pas au même niveau que de mourir de faim, mais nous sommes dans cette préservation de sa vie et de sa propriété. Et quoi de plus légitime que de vouloir survivre et d’éviter les risques ?

La véritable égalité entre les hommes, ce serait au mieux d’être égaux devant les risques de la vie, contrairement à l’idée répandue qui est d’aller vers une stupide égalisation matérielle : « il gagne plus que moi, je veux gagner autant que lui » ou encore « tiens puisqu’il gagne plus que moi, c’est normal qu’il soit plus imposé ». De telles assertions ne peuvent fonder une société qui se voudraient évoluée, ou ne serait-ce que civilisée. Toute différence matérielle est dans la nature des choses, et il faut l’accepter. Pourquoi vouloir annihiler les efforts d’autrui ? En suivant cette logique absurde de l’égalitarisme, nous finirons par conclure qu’il est nécessaire que nous soyons tous sourds, aveugles et muets de naissance.

Pauvre ou riche : ce n’est pas la question, ni la réponse !

Mais en tant que socialiste, nous allons bondir : « Et la solidarité ? ». Combien de fois faudra-t-il répéter que la solidarité s’exprime totalement dans l’économie, et nul besoin de l’état et de la fiscalité pour s’imaginer régler le problème des pauvres. Les emplois et les revenus sont déjà de la redistribution. Après que chacun ne soit pas en mesure de se valoriser correctement, c’est possible, mais la création de richesses et de valeur a besoin d’une rencontre entre un offreur et un demandeur. Il faudra aussi, en tant que socialiste, se mettre dans la tête que la monnaie est neutre en économie. La générosité envers les pauvres pour se sortir de la condition naturelle de pauvreté doit s’exercer à travers les associations caritatives avec des dons libres et consentis. Et le risque de la vie, même des pauvres, est du domaine assurantiel. Est-ce dur d’entendre cela ?

Mais une vraie logique existe à laisser des associations caritatives s’occuper des pauvres. Lorsqu’il n’y avait que des pauvres, l’état avait-il les moyens de sortir les individus de cette condition ? Et ce n’est surement pas parce qu’il y a plus de riches, qu’il y a plus de pauvres ! Les pauvres sortent de la pauvreté en étant sur le marché du travail mais surement pas en attendant de l’argent dont ils n’auront pas mesuré les efforts qu’il aura fallu faire pour le gagner.

Les associations caritatives savent sans problème s’adapter à une évolution et à une réduction des besoins de la pauvreté : si la nécessité disparaît, l’association est dissoute sans difficulté. Or pour l’état, ce n’est pas le cas. Lorsque des fonctionnaires sont embauchés, ce sont des impôts qui sont prélevés pour le financement des ses revenus… jusqu’à la mort… et même après si une pension de réversion va au conjoint survivant !!! Lorsqu’un budget étatique est affecté à la pauvreté, il devient impossible de s’en débarrasser. En admettant que le besoin disparaisse, les fonctionnaires qui ont été affecté à ces occupations ne peuvent être dissous, ou tout simplement licenciés. La richesse des uns ne peut justifier la création d’emploi de complaisance des autres comme constituer une fonction publique pléthorique qui asphyxie le secteur libre.

Si un homme devient riche, c’est qu’il rencontre du succès en offrant ses produits ou prestations. En tant que socialiste, il est toujours possible d’imaginer qu’il devient riche parce qu’il sous-paye ses employés. Mais ces derniers ne sont pas obligés d’accepter de travailler ou de continuer à travailler pour lui s’ils estiment que leur travail n’est pas suffisamment valorisé. Ils peuvent offrir leurs capacités sur le marché voir de créer leur propre emploi. Ainsi l’état, en l’imposant, corrige-t-il ce supposé esclavagisme ? Au contraire, si esclavagisme il y a, il est plutôt accepté, et même très bien accepté par l’état se fait souteneur de ce réseau en ponctionnant une très large part aux esclavagistes et aux esclaves.

Si ce riche exploite prétendument la faiblesse de pauvres, c’est que ces derniers n’ont pas trouvé de meilleurs moyens se sortir de leur condition. Au contraire c’était pour eux le meilleur. À quel titre l’état pourrait leur en trouver de meilleurs, si le marché n’est pas en mesure de le faire, puisque l’état lui-même va aller chercher ses moyens sur le marché en les affectant d’abord à son propre fonctionnement ? Plus d’impôts pour plus de fonctionnaires, c’est réduire un peu plus en esclavage les pauvres tout en laissant les plus riches prospérer car ces derniers voient leurs rentes de situation protégées par une législation de lobbies. Laisser supposer que l’état peut payer des agents afin que ceux qui seraient victimes de riches puissent être mieux rémunérés est une escroquerie étatique supplémentaire.

La fonction publique prospère ainsi à la fois sur les riches et les pauvres, mamelles indispensable à son existence. Plus les riches s’enrichissent et plus il est justifié par l’état d’avoir des fonctionnaires pour s’occuper des pauvres qui sont privés des ressources captés par l’impôt. Voilà une équation qui finit toujours un jour ou l’autre dans le précipice car en réalité, le monde réel humain n’est en rien extensible à l’infini. La seule éthique possible est « moins d’impôts » (ne rêvons pas à « aucune fiscalité » actuellement, même si ce devrait être le but de toute société qui se veut civilisée) pour que les conditions de création de valeurs et de richesses ne se fassent pas au détriment des moins aisés.

Mais dans le système actuel, il serait indispensable que ceux qui vivent des impôts (fonctionnaires, récipiendaires des aides sociales) ne puissent pas voter ou être élus afin que les politiciens qui bâtissent les budgets n’aient plus la tentation de piller encore un peu plus ceux qui sont contributeurs. Et comme cela n’est pas envisageable (vous avez déjà vu une mafia se dissoudre ?), seule la chute inéluctable de ce système de prédation est clairement à prévoir pour rebondir.

Sortir du miroir aux alouettes socialiste

Tous les politiciens qui parlent depuis tant d’années de baisser les impôts sont tous, sans exception, évidemment d’éminents menteurs professionnels : ont-ils parlé de revenir d’abord à l’équilibre budgétaire. Etant donné le peu d’éthique du politicien dont les promesses ne font qu’accroître le butin fiscal, nous ne sommes pas prêt de voir une baisse d’impôts durable se profiler. Le mouvement des gilets jaunes, qui partait d’un ras le bol fiscal, se retrouvent aujourd’hui à demander plus d’impôts en voulant maintenir ou accroître des services publics. Ce n’est pas nouveau, c’est tout le paradoxe d’individus intoxiqués au socialisme depuis plus de deux siècles.

Demander à avoir des choses alors que ce sont d’autres qui font les efforts de financement est évidemment très facile. Cela prouve au moins que toute fiscalité est bien un vol par procuration… et que le Français n’a toujours pas intégré le rôle de l’économie… sinon, il y a belle lurette qu’il aurait compris que la division du travail implique de sortir de la dépendance à l’état, de sortir du socialisme, et que c’est tendre à supprimer la fiscalité qui est tout simplement un bienfait pour sa vie et le bonheur de tous.

 

Bellegarrigue