Nuremberg & Rhétorique

L’application du marxisme a partout engendré le totalitarisme, accompagné de pénurie, d’inégalités sociales entre les dirigeants et le peuple, pénurie même dans un pays aussi riche en ressources naturelles et agricole que l’URSS, ou le Venezuela, c’est dire. Les effets du marxisme sont des faits, avérés, une réalité incontestable, répétées sur plusieurs régimes et dans le temps. Pourtant, Marx est encore encensé. Pourtant, le communisme n’est pas dénoncé. Pourtant, le communisme n’a pas connu son Nuremberg.

Le discours marxiste et le discours politique de gauche en général, si ce n’est le discours politique en général, ne s’appuie pas sur les faits, sur ces faits. Il ne s’adresse pas à la raison de l’individu. Il vise au contraire à le faire sortir de la raison. Certains insistent ainsi sur le fait que ce discours s’appuie sur l’émotion, les mythes, le cœur, et que les défenseurs de la liberté et de l’humanisme devraient adopter ce genre de rhétorique pour faire jeu égal. Et se perdre.

Cependant, s’il est vrai que le marxisme, et souvent le discours politique en général, jouent sur les émotions, les indignations, et les mythes. Leur rhétorique doit son efficacité à sa promotion des peurs, des intérêts particuliers, à la facilité, aux dénigrements, et à la désignation d’ennemis, de boucs émissaires. Cette rhétorique consiste à imposer une opinion à tous moyens. Sa fin justifie les moyens, tous les moyens lui sont bons. Faut-il vraiment que les défenseurs de la Liberté, c’est-à-dire de l’éthique, imitent cela pour voir la Liberté revenir ?

rhétorique

La rhétorique, besoin d’embellir ce qui ne fait pas sens commun ?

Justice Sociale ?

Illustrons le propos par un exemple emblématique : la justice sociale. Cette justice sociale est une revendication permanente. Mais, qu’est-ce donc ? Que chacun ait de quoi vivre ? C’est-à-dire ? Où mettre le curseur ? Et qui le met ? Il n’y a pas d’accord sur la question, il ne peut y en avoir, et là est la Liberté. La cause est présentée comme noble, mais elle diffère selon les individus. Car vivre prend un sens différent pour chacun. Ceux qui travaillent vont pester contre ceux qui vivent de l’assistanat, les retraités vont protester contre leurs petites retraites, alors que des gens qui n’ont jamais cotisé vivent des deniers publics, et ceux qui vivent de l’assistanat vont réclamer de meilleures conditions de vie. Nous constatons ainsi que la notion de « justice sociale » n’est pas universelle, elle prend des couleurs différentes selon les intérêts particuliers de chacun. On remarque au passage qu’il n’y a pas un unique « intérêt général » en ce domaine, mais une multitude d’intérêts particuliers. Là encore est la Liberté.

Toute la perfidie du politicien consiste à faire croire que chacun reçoit plus qu’il ne donne, alors qu’il suffit de dire cela pour que son impossibilité apparaisse. C’est ainsi, exemple parmi d’autres, que moins de la moitié des foyers en France paie l’impôt sur le revenu, mais tous paient la TVA, impôt rendu invisible pour les foyers. Tout le monde est prélevé de quelques 50% de ses revenus pour le « social », mais parce qu’on parle de « cotisations » on en oublie qu’il s’agit aussi d’un impôt, d’un vol de dimension colossale.

Nous avons donc un discours qui défend une cause, en apparence noble, à laquelle personne ne peut de prime abord refuser d’adhérer, la « justice sociale », qui n’est pas universelle, mais est différente pour chaque individu en fonction de ses intérêts particuliers, car il n’y a pas d’intérêt général en la matière, mais les politiciens s’emploient à faire croire qu’ils peuvent satisfaire tous les intérêts particuliers.

Ennemi commun

Et forts de cette base, pour entraîner les foules, quoi de mieux qu’un ennemi commun ? L’ennemi désigné, mythique, est généralement « l’ultra-libéralisme ». C’est le non sequitur ultime, le grand méchant loup, coupable des inondations à Liège et du caractère acariâtre de la belle-mère ! Si les salaires n’augmentent pas, si la sécheresse fait augmenter le prix des fruits, c’est la faute à l’ultra-libéralisme ! Ainsi, si le nombre de lits en soins critiques diminue dans les hôpitaux français, c’est la faute à l’ultra-libéralisme, même si en fait la santé est totalement contrôlée, dirigée, par l’État et ses administrations.

Il y a là un véritable mythe, car la situation en France et dans le monde est en réalité largement la conséquence de mesures étatiques, d’un dirigisme exercé dans un but prétexte de… justice sociale ! Ainsi la situation va de mal en pis, mais l’accusé est pourtant l’ultra-libéralisme, fantasme, chimère, que personne ne sait définir. Une belle réussite de propagande, reconnaissons-le.

Une grande invention, plus récente, et peut-être encore plus géniale, en tant qu’ennemi du peuple, c’est le « 1 % les plus riches ». Ce « 1 % » accaparerait la richesse, serait la cause de tous les maux de la planète, ce qui permet de victimiser 99 % de la population, et d’avoir un ennemi commun pour 99 % de la population. Politiquement, et d’un point de vue populiste, cette trouvaille est géniale.

Nous avons donc un discours de défense de la justice sociale qui officiellement sert une bonne cause, mais cette bonne cause n’existe pas, car chacun voit la justice sociale en fonction de ses intérêts particuliers, l’intérêt général n’existant pas. Ou, formulé autrement, chacun conçoit un intérêt général en fonction de ses intérêts particuliers, ce qui fait que la notion d’intérêt général est différente pour chacun, et finalement inexistante.

Les politiciens le savent, et s’arrangent pour donner l’impression de satisfaire les intérêts particuliers de chacun, encourageant par là chacun à demander toujours plus la satisfaction de ses intérêts particuliers. Les politiciens désignent des ennemis, des boucs émissaires, les désignant à la vindicte, exacerbant les rancunes, les récriminations, évitant surtout tout discours rationnel, et tout questionnement de la part des électeurs.

climat

Si le climat était une réelle urgence, il n’y aurait pas besoin de banderoles pour le réaliser.

Rhétorique climatique

On remarque par ailleurs que tout semble facile avec cette rhétorique : il suffit de prendre l’argent aux uns et de le distribuer aux autres, au pire d’utiliser la planche à billets. Mais jamais on ne dénonce cette rhétorique comme du populisme : puisqu’on vous dit que c’est de la justice sociale !

Une nouvelle tendance se développe depuis quelques années, avec une explosion pandémique. Elle s’articule sur une rhétorique de la peur, et une vérité officielle. Ceux qui contestent cette vérité sont dénigrés, sans aucun argument logique, rationnel, ils sont juste désignés à la vindicte populaire comme opposants de la vérité. Une des principales armes pour imposer une vérité officielle est le pseudo « consensus scientifique ». Il s’agit là d’un concept effrayant. Ce n’est rien de moins que de l’anti-science. La science n’est pas basée sur le consensus. La science est basée sur l’argumentation.

Il fut un temps où le « consensus » affirmait que le soleil tournait autour de la terre. C’est la minorité qui avait raison. Par ailleurs, le consensus s’entretient et se nourrit de lui-même : les financements peu à peu ne vont que vers les chercheurs qui respectent ce « consensus », les publications scientifiques publient difficilement ce qui ne respecte pas le « consensus », qui devient ainsi ultra-dominant, mais pas pour les bonnes raisons.

Ce mécanisme est ainsi illustré par la promotion d’une origine anthropique au réchauffement climatique supposé. On suscite la peur d’une apocalypse. Ceux qui questionnent la thèse officielle sont qualifiés de « climato-sceptiques », on ne cherche même pas à répondre à leurs arguments, on se borne à les dénigrer. Et même si les prévisions des « réchauffistes », puisqu’il faut parler ainsi désormais, sont remises en cause, même s’il y a eu le climategate, peu importe.

Peu importe même si les mesures politiques provoquent en fait une augmentation des émissions de gaz carbonique, comme l’abandon des centrales nucléaires en Allemagne en faveur du charbon et de la lignite. Et peu importe si les politiciens qui se disent écologistes défendent en fait des politiques qui n’ont rien à voir avec l’écologie, comme le racialisme ou l’idéologie du genre. Nous voyons ici une rhétorique de la peur, destinée à se faire élire pour pouvoir imposer des politiques qui n’ont pas forcément de relation avec l’écologie.

Rhétorique pandémique

Évidemment, la réaction face au coronavirus chinois est un autre exemple de cette rhétorique de la peur, de la vérité officielle, et du dénigrement de tout ce qui s’en éloigne. Ainsi, des traitements précoces sont proposés contre la maladie. Ils font l’objet de débats scientifiques, pour ou contre. Ils sont dévalorisés par la « vérité » officielle, véritable pravda, et le « consensus scientifique ». L’hydroxychloroquine est carrément interdite pour traiter le virus chinois. Ceux qui simplement questionnent la « vérité officielle » sont traités de « complotistes » ou « d’antivax », sans plus de nuance. Aucune argumentation logique, scientifique.

Le discours marxiste, et le discours politique quasiment systématiquement, s’appuient en apparence sur les seuls bons sentiments. Mais ils flattent les intérêts individuels, inventent des ennemis pour obtenir l’adhésion des foules, imposent des « vérités officielles », en dénigrant par tous moyens les opposants, sans se soucier ni de logique ni de rationalité.

Ce discours n’est pas à imiter donc, mais bien à dénoncer ! Il fait partie intégrante de cette idéologie qui consiste à imposer une opinion, un mode de vie, une pensée, un constructivisme, une « vérité » à tout individu, qui consiste à formater les individus. C’est un ensemble, la rhétorique fait partie de la tactique. Lentement, on formate les esprits pour les rendre prêts à accepter la contrainte, toujours plus de contrainte. Tout le contraire de la Liberté.

keep calm

Nous subissons une pandémie de rhétorique…

La Liberté est une éthique

La liberté, c’est le contraire de ce formatage. La liberté est une éthique : chaque individu est libre, y compris face à la réalité et à la science. Chacun peut vivre comme il l’entend, tant qu’il n’engage pas de violence envers autrui. Ce qui ne signifie pas que chacun est tenu d’accepter tout comportement de la part d’autrui. Ce n’est pas accepter des mœurs légères que l’on dit libérales. Chacun a le droit de critiquer autrui. Même de refuser de fréquenter quelqu’un qui n’a pas les mêmes opinions que lui. Tant qu’il n’est pas fait usage de violence sur quiconque.

La Liberté renonce donc à faire taire les opinions différentes. Au contraire, elle fait le pari que la raison de l’autre le fera changer d’avis, s’il y a lieu. Pour vivre en société, elle pousse aux débats, aux compromis pacifiques et négociés, car la violence est hors-la-loi. Dans ce contexte, une « vérité » venue et imposée d’en haut, d’une élite, n’existe pas, la propagande n’existe pas, elle n’a personne pour en tirer profit. La société se construit par le brassage, à partir des opinions de chacun, et des compromis et des modes de vie choisis. Et selon les intérêts de chacun ! Mais il n’y a pas de compromis sur la vérité elle-même.

Ces intérêts se coordonnent en fonction des compromis et des négociations inter-individuelles. Car le libéral est conscient que chacun suit son propre intérêt, que chacun a son propre intérêt, et qu’un intérêt commun est en fait issu de la négociation permanente de la vie en société. Ce n’est pas un intérêt commun, mais une multitude de compromis. Chacun voit midi à sa porte, c’est une réalité qu’accepte le libéral. Et personne n’a le droit ni même la possibilité d’imposer son opinion, parce qu’il la considère comme l’intérêt général : ce n’est que son opinion. La richesse de la société vient de cette multiplicité des opinions. N’est-ce pas pourtant là le discours de la « diversité » bien-pensante ?

C’est ainsi que la notion de « consensus scientifique », en plus d’être anti-scientifique, est illibérale. Elle s’oppose à la Liberté, et, même, à la notion de débat dont on nous dit pourtant qu’elle serait le propre de la démocratie… Une question se pose d’ailleurs, troublante, dérangeante…

Pourquoi cette condamnation du débat dans les démocraties ? Pourquoi cette attitude anti-scientifique dans les démocraties ? Pourquoi cette volonté d’imposer une « vérité » officielle, qui rappelle certains régimes populaires et démocratiques ? Pourquoi cette dérive de la démocratie, pourtant acceptée, sans susciter de questions ? Serait-ce parce que la démocratie se caractérise par la binarité du vote, par l’opinion imposée à la sortie des urnes ? La démocratie converge-t-elle vraiment vers Liberté, Vérité et donc Progrès et Civilisation ?

Plus que jamais

Plus que jamais donc le libéral doit dénoncer la rhétorique politicienne.

Plus que jamais le pays, le monde a besoin du libéralisme. Il faut dénoncer ce faux « consensus scientifique », qui mène à une vérité officielle, les opinions contraires étant étouffées, les recherches qui s’y opposent ne trouvant pas de financement.

Plus que jamais le monde a besoin du libéralisme, pour défendre la liberté d’opinion, la liberté d’expression, le débat, le fameux adage prêté à Voltaire :

Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire.

 

Artois