Faire Sécession

Je déclare être un individu souverain à qui personne n’a le droit moral d’imposer quoi que ce soit sans son consentement, à part l’obligation générale de respecter la souveraineté égale des autres individus. Je déclare donc que, à l’instar de M. Henry David Thoreau, « je ne veux être considéré membre d’aucune société à laquelle je n’ai pas adhéré » (La Désobéissance civile, 1849). Cette déclaration s’adresse à tout individu, maître-esclavagiste, groupe, mafia ou État qui prétendrait m’imposer des charges auxquelles je n’ai pas consenti soit dans mon intérêt, soit comme contribution libre et volontaire au bien commun. […] Pierre Lemieux, Déclaration de souveraineté individuelle.

L’action de se retirer, de se séparer, d’un parti politique, d’une cité, d’un état, d’une société, ou même d’une école, porte un nom : faire sécession, du latin secessio (« retrait, sécession »).

Le mot sécession n’a donc pas pour origine la guerre de sécession aux USA et n’est pas obligatoirement une action collective, comme il est courant de le croire. Un individu seul peut très bien décider de se retirer, de se séparer d’une organisation, d’une société, d’un état, d’une cité, d’une école, d’un lieu et même d’un conjoint !

Longtemps condamné, le suicide qui est aussi un acte de retrait, de séparation avec la vie, s’il est resté tabou et incompris, est aujourd’hui toléré, même s’il reste méprisé et paradoxalement encouragé insidieusement. De même, si dans beaucoup de sociétés, le divorce fut aussi longtemps condamné, il est aujourd’hui admis, voire parfois même aussi encouragé, notamment par des féministes très déterminées aux rôles interchangeables à l’exception de l’aspect économique en leur faveur.

Volontairement, je tiens ici à m’éloigner des rares histoires de sécessions remontées jusqu’à nos oreilles, puisqu’elles ne parlent que d’actions collectivistes et de guerres pour la suprématie de quelques-uns contre tous les autres. Pour autant, je tiens toutefois à étayer mon propos, selon deux parenthèses historiques parmi les plus connues comme actions collectives dîtes « sécessionnistes » et ainsi mieux revenir ensuite sur l’indispensable souveraineté individuelle.

Sécession de la Plèbe

J’invite ici le lecteur à retenir les deux parenthèses suivantes comme étant en réalité des sécessions collectives floues, à desseins trompeurs :

Secessio Plebis

La Sécession de la Plèbe.

La première histoire d’action collective de sécession relativement connue est appelée la première sécession de la plèbe. Elle se déroule en 494 avant J-C. chez les Romains qui se disputaient la gouvernance de la cité. N’ayant toujours pas réussi à se mettre d’accord les uns contre les autres, il y eut une seconde sécession de la plèbe en 449 avant J-C., puis encore en 287 avant J-C. Pour les grandes lignes, vous pouvez trouver ici quelques informations.

Est-ce que toute cette foire de disputes meurtrières a permis aux Hommes de s’épanouir ? Ma lecture de l’histoire et des conséquences qui s’en sont suivies, me laisse plutôt penser qu’elle marqua probablement la poursuite de guerres incessantes en vue de piller et squatter (coloniser) la propriété d’autrui à la manière des parasites.

La Guerre de Sécession

La seconde histoire d’action collective de sécession, relativement plus connue, est appelée guerre de sécession. Elle se déroule chez les états-uniens de 1861 à 1865 et fit l’objet d’une guerre civile entre les nordistes et les sudistes. Il est communément admis, du moins en France, que les nordistes se battaient pour abolir l’esclavage, tandis que les sudistes se battaient pour le maintenir. En réalité, les sudistes contestaient une élection et voulaient sortir de l’union, n’y trouvant pas leur compte, tandis que les nordistes leur refusaient de sortir de l’union. Les nordistes n’avaient pas pour préoccupation principale d’abolir l’esclavage, mais ils manquaient cruellement de main d’œuvre pour faire la guerre. Ainsi affranchir des esclaves leur permettait de les recruter comme soldats et ils comprirent très vite qu’ils disposaient là d’un puissant argument d’ordre moral et d’une main d’œuvre docile et reconnaissante.

Ma lecture de l’histoire ici rejoint celle qu’en fait Hans Hermann Hoppe lorsqu’il écrit dans Démocratie : le dieu qui a échoué : « Après la défaite écrasante et la dévastation de la Confédération sécessionniste par Lincoln et l’Union, il fut clair que le droit à la sécession n’existait plus et que la démocratie signifiait le règne absolu et illimité de la majorité. »

Des esclaves furent ainsi affranchis, pour finalement faire une fausse distribution de droits pour tous de servir un gros état et de se battre pour lui s’il le faut, au péril de nos propres vies et surtout au gré de la volonté du maître suprême étatique. Tant et si bien que les uns et les autres continuent de se battre à qui mieux-mieux, pour des raisons d’imbéciles patentés qui en sont toujours au même point : poursuivre des guerres incessantes en vue de piller et squatter (coloniser) la propriété d’autrui à la manière des parasites.

Guerre

La Guerre de Sécession, ce fut d’abord une guerre.

Témoin contemporain et avisé de cette guerre faussement motivée, Lysander Spooner l’expliquait lui aussi très bien :

« Toute l’affaire, de la part de ceux qui ont fourni l’argent, a été, et est aujourd’hui, un plan délibéré de vol qualifié et de meurtre ; non seulement dans le but de monopoliser les marchés du Sud, mais aussi de monopoliser la monnaie, et donc de contrôler l’industrie et le commerce, et donc de piller et asservir les travailleurs du Nord et du Sud. Et le Congrès et le Président sont aujourd’hui les meilleurs instruments à ces fins. Pour cacher, si possible, à la fois leur servilité et leurs crimes, ils tentent de détourner l’attention du public, en criant qu’ils ont « aboli l’esclavage ! » Qu’ils ont « sauvé le pays ! » Qu’ils ont « préservé notre glorieuse union ! » Par « maintien de l’honneur national », ils signifient simplement qu’eux-mêmes, les voleurs assassins, supposent être la nation, et seront liés à ceux qui leur prêtent l’argent nécessaire leur permettant d’écraser le grand corps du peuple sous leurs pieds. La prétention que « l’abolition de l’esclavage » était soit un motif, soit une justification de la guerre, est une fraude. » (No Treason, 1867)

Esclavagisme

Entendons-nous bien, si l’esclavagisme est bien une abomination à abolir, qu’il touche n’importe quel Homme de n’importe quelle couleur, il n’est en réalité pas encore aboli. Les états, tous les états, s’octroient le droit de le pratiquer allègrement. N’oublions pas que les prisons sont pleines, les hôpitaux psychiatriques bondés, les tribunaux engorgés, les lois punissant surabondantes et j’en passe. N’oublions pas que l’état traite les individus comme ses propre sujets, non comme des personnes responsables de leurs actes. Ce ne sont pas là les marques de sociétés d’Hommes libres, ni même civilisé(e)s.

Dans ces conditions, quid d’un individu qui désire se retirer, se séparer d’un état, d’une société, et lui proclame sa propre souveraineté d’être humain non parasite et non parasité, ainsi que la parenthèse ci-dessus l’explique ?

L’individu est le plus souvent considéré dans les différentes formes de sociétés, dans les états, démocratiques ou pas, comme un être faible et isolé, incapable et peu digne de respect.

L’individu qui proclame sa propre souveraineté et son retrait de ces formats collectifs est supposé être un fou qui court à sa propre perte, il faudrait donc l’en empêcher pour le protéger. Cette supposition laisse accroire qu’un individu n’aurait ainsi aucune compétence pour vivre hors d’une organisation collectiviste, soumis à la vindicte populaire.

Pour faire court, un individu serait un rien du tout, un incapable, s’il ne reste pas au sein d’un groupe, voire à son service à tout prix.

Il est d’ailleurs intéressant de souligner ici, que le droit international ne fait nulle part mention d’un droit individuel de sécession puisque le droit international régit par définition les relations entre états. Pourtant, ce même individu, s’il est faible, isolé, en retrait, a bien le droit de vivre quand même comme bon lui semble, non ?

Qui plus est, s’il proclame son retrait d’une société, d’un état ou que sais-je, il ne proclame pas qu’il attaque qui que ce soit et ne menace personne.
Qui plus est, son acte n’impose à personne d’en faire autant.
Qui plus est, se retirer, se séparer, se mettre en retrait d’un groupe n’est pas nécessairement une faiblesse promise à une mort certaine.

Ce peut être au contraire, une force vitale porteuse d’améliorations des conditions de vie humaine ou non. Car l’individu qui sort du lot, ne le fait bien évidemment pas dans le but de se nuire à lui-même, ni aux autres, mais au contraire dans le but d’améliorer sa condition. Sinon, il ne le ferait pas, à moins d’être un total abruti patenté.

Spooner

Lysander Spooner, avocat anarcho capitaliste américain.

Sécession Viennoise

Pour autant, le mot sécession a aussi été approprié à plus juste titre, au mouvement sécessionniste d’artistes remarquables, lors de la Sécession viennoise.
Symptomatique d’une société déclinante et moins connu, ce mouvement sécessionniste autrichien avait été précédé à Munich en 1892 par un groupe d’artistes refusant le conformisme installé dans les conceptions artistiques de l’époque. Ce groupe formé autour de Fritz von Uhde, de Wilhelm Trübner, de Franz von Stuck, d’Eugene Spiro et d’Arnold Böcklin avait créé le magazine Pan. Alors que l’empire Austro-Hongrois vivait ses dernières heures, trois hommes, Gustav Klimt, Koloman Moser et Josef Hoffman fondaient un mouvement radical le 3 avril 1897 « La sécession viennoise » et une revue qu’ils nommaient « Ver sacrum » (« Printemps sacré »). Le titre faisait référence à un rite antique selon lequel les jeunes doivent, à un certain âge, quitter la cité pour en fonder une autre hors de ses limites.

Sur la couverture du premier numéro, lancé en janvier 1898, figure un arbre dont les racines font éclater le pot en bois qui les enserre tandis que, disséminés dans son feuillage, trois écussons vides symbolisent la peinture, la sculpture et l’architecture, les disciplines majeures du mouvement.

Un palais de la Sécession, est bâti en 1897 d’après les plans de Josef Maria Olbrich, un élève du célèbre architecte Otto Wagner. Le sous-sol abrite la Frise Beethoven (34 mètres de long) œuvre de Klimt inspirée de la neuvième symphonie.

Au fronton du palais de la Sécession la devise du mouvement clame son ambition :

« À chaque âge son art. À chaque art sa liberté. »

Pourtant, en 1905 un conflit éclate entre des artistes « naturalistes » sécessionnistes (dont des « universitaires ») et des artistes tels que Gustav Klimt, Josef Hoffmann ou Koloman Moser. Ceux-ci ne voulaient plus être associés aux naturalistes parce qu’ils rejetaient le concept d’œuvre totale.

L’œuvre d’art totale (de l’allemand Gesamtkunstwerk) est un concept esthétique issu du romantisme allemand et apparu au XIXe siècle en Europe. Particulièrement discuté et variable, il concerne l’idée d’associer plusieurs techniques, plusieurs disciplines ou plusieurs médias, en plus d’englober le spectateur et ses sens, dans un projet utopique de fusionner la vie et l’art.

Vienne

Le Palais de la Sécession, à Vienne.

À la même période et en Autriche, Sigmund Freud fait apparaître la psychanalyse dont on trouve empreinte dans l’œuvre de Gustav Klimt. Pour autant, nulle trace laissée par Freud concernant cette sécession artistique qu’il ne pouvait pourtant pas ignorer. Sans doute Freud n’y voyait-il pas de névrose à soigner, mais au contraire une évolution culturelle pacifique, telle une forme de sécession avec des pratiques révolues, puisque de nouvelles pratiques pourraient bien s’avérer plus satisfaisantes, sans pour autant faire table rase du passé !

Révélation

Finalement, ce court pan de l’histoire d’une sécession artistique n’est à mes yeux plus du tout une parenthèse, mais au contraire une révélation. Une révélation qui ne saurait être reléguée comme simple annotation en bas de page pour éviter de lasser des lecteurs d’avance fatigués.

Tout mouvement sécessionniste est toujours une rupture difficile et mouvementée, comme s’il s’agissait d’une interruption volontaire du cours du temps qui se moque éperdument de l’opinion qu’on peut s’en faire. Cette rupture casse bien évidemment la zone jusque-là acquise comme territoire connu, semblant plus confortable ou plus supportable tant elle est agrippée à son rocher étatique telle une moule. Mais la rupture poursuit pourtant un but, lié non plus à un roc immuable, mais au temps qui passe, cet inconnu.

Sauf que maintenant, en 2021, l’inconnu ne peut plus être celui de la domination, de la guerre, de la violence exponentielle entre nous, au risque de nous anéantir complètement par notre propre faute. Puisque tout cela est bien connu, que le temps malgré tout continue avec la vie, il convient encore de se charger de courage, pour rompre avec cette zone discordante d’aberrations, qui systématiquement conduit l’humanité toute entière vers le chaos.

Demandez-vous donc pourquoi malgré toutes ces discordes, qui selon certains Marxistes et d’autres Malthusiens prouveraient que les êtres humains sont un fléau sur Terre, car les ressources seraient insuffisantes et les humains trop nombreux et trop vilains, pourquoi toutes les tentatives répressives de régulation échouent ?

Pourquoi mener des révolutions et couper la tête des souverains, si c’est pour en arriver à adorer à la place des dictateurs complètement démentiels ?

En revanche, à la manière des sécessionnistes tels que ceux de la sécession viennoise, où la révolte au sens donné par Albert Camus, soit une « revendication par l’homme de la justice dont on le prive » et « pour être, l’homme doit se révolter, mais sa révolte doit respecter la limite qu’elle découvre en elle-même et où les hommes, en se rejoignant, commencent d’être » est moins connue et se languit d’atteindre la sensibilité des Hommes pour les aider à devenir grands, au sens mature.

Changer de direction

C’est ce but qui motive la véritable sécession, changer de direction pour être et pouvoir aller toujours plus sagement en paix, librement s’éloigner de la culture néfaste pour recomposer une culture prospère. À cet effet, le passé est instructif, car c’est lui qui a conduit jusqu’à ce point de rupture, pour aller vers une amélioration. La sécession n’a pas vocation à tout détruire, à tout brûler pour tout reconstruire à prix toujours trop coûteux. Elle vise plutôt à mener une existence plus bénéfique, plus paisible, plus riche, plus joyeuse aussi, dans l’intérêt des individus eux-mêmes, entre eux et non pas contre eux.

L’idée est alors fort simple. Cessez de nourrir l’état. Pour qu’il cesse de vous oppresser, de vous causer des maux que vous n’auriez pas si ce n’était pas dans son intérêt que vous en soyez dépendants.

Ce n’est pas une mince affaire, car a l’instar du temps qui passe, cette activité de sécession se fait pas à pas, hors du triangle de Karpman, celui de relations adultes et assainies. C’est en réalité une activité permanente, sans échec ni victoire, ou alors profitant toujours aux Hommes et leur environnement, activité simplement saine et vitale, qui n’implique pas de vous écraser sous le poids du nombre, mais d’aller de l’avant, comme bon vous semble !

Vous savez que l’état ne vous fait pas de bien. Je rappelle que l’état n’est pas un mal nécessaire. S’il est un mal, assurément, il n’est en rien nécessaire.

Vous vous demandez alors quoi faire, ou comment faire ?

Vous êtes nombreux à imaginer un grand procès retentissant contre les abus de l’état, où un grand orateur marquerait l’histoire d’un « J’accuse » façon Zola, qui figurerait dans les annales comme le jugement de Nuremberg.

Ou bien encore, vous êtes peut-être encore plus nombreux à vous imaginer montant sur les barricades d’une nouvelle révolution, brandissant un drapeau patriotique le sein à l’air, puis en défonçant le bitume pour le balancer avec hargne sur les forces de l’ordre envoyés par l’état à chaque fois que vous vous réunissez pour manifester sourdement contre votre maître. Dans un vain espoir d’un suivant qui vous promettrait des monts et des merveilles, à condition de vous dépouiller bien davantage de votre égoïsme suranné.

Sécession

Logo de l’Atelier Sécessi0n…

Et puis ?

Après Zola, n’y a-t-il pas eu les goulags et des camps de travaux forcés et d’exterminations de toutes sortes ? Après le procès de Nuremberg, n’y a-t-il pas eu encore Mao Tsé-toung, Pol Pot, Mobutu Sese Seko, Nicolae Ceaușescu et d’autres ?

Des révolutions et des procès n’y changent rien. Le XXe siècle fut celui des dictateurs. Le XXIe siècle ne s’annonce pas mieux. L’état en est toujours la cause et la conséquence, quel que soit le procédé employé pour la prise de pouvoir. L’état est toujours plus puissant, tant que vous le nourrissez ainsi de vos naïves attentes et vous, toujours plus malingres.

Loin du tumulte qui actuellement bat son pavillon de la décadence, il y a pourtant une solution à mettre en œuvre pour se protéger de la puanteur étatique régnante, afin de l’assainir pacifiquement sans s’exposer soi-même à devenir un des leurs, fonctionnaire de l’état intégré dans les camps collectifs de travaux forcés.

Cessez de vous battre, cessez d’attaquer l’état, il est plus fort que vous, il vous broiera.

Au contraire, saisissez-vous du droit positif que l’état vous sert et rendez-le-lui. Faites-le s’y empêtrer, s’y embourber. Submergez-le, aidez-le, appuyez-le, sur la tête par surprise, noyez-le !

En l’état de droit positif, le pouvoir qu’il vous laisse consiste à vous victimiser. Vous pouvez ainsi adresser à leurs bureaucraties les plus magistrales, autant de plaintes qu’il vous plaît. Comme ils ne vous laissent pas d’autre choix, plaignez-vous en leur rendant la monnaie frappée à leur effigie. Vous en serez sanctifié !

Ne vous inquiétez pas de la suite qu’ils en feront, elle est connue d’avance. Ils classent et adorent le faire. Comprenez que cette activité de classement est sans suite, infinie. C’est tellement gratifiant pour eux, elle leur procure tellement d’importance, qu’ils s’en trouvent submergés d’un bonheur insoutenable. [1] C’est une véritable pharmacopée pour eux, soignez-les !

Appuyez encore, servez-vous de leur péché mignon, la paperasserie. Et regardez-les dans leur camp de concentration, cumuler et accumuler vos plaintes et les classer. Bientôt, ils n’auront plus de place et ils feront boum tout seuls, confortablement coincés dans leurs belles et puissantes institutions, gonflés de tout ce pouvoir immense qu’ils croient détenir sur vous.

Creosote

Juste avant l’explosion de Creosote, signée par Terry Jones.

Effet Monty Python

Effet Monty Python, le sens de la vie, garanti : Monsieur Creosote a terminé son dîner, le maître d’hôtel lui offre un petit bonbon à la menthe. Malgré une résistance initiale, Creosote le mange puis explose, inondant le restaurant d’entrailles humaines et de vomi.

En réalité, pendant qu’ils classent et se gonflent, ils ne voient pas que vous êtes juste en train de faire sécession, de vous en dégager, dans l’esprit puis dans les faits, de rompre avec eux tout simplement et de vous organiser pour vivre librement et civilement sans eux, en les laissant faire boum entre eux dans leur stupide restaurant où vous ne mettez pas les pieds. D’autant moins depuis qu’ils ont inventé le pass sanitaire !

Ne les nourrissez pas, embourbez-les, assurez-vous qu’ils explosent, sans vous. Faites en sorte qu’ils s’enlisent dans leur bureaucratie, dans leurs paperasseries. Laissez-les croire qu’en leur adressant vos plaintes, vous comptez toujours sur eux, vous caressez toujours l’espoir qu’ils vous viendront en aide, qu’ils sont indispensables. Ils ne bougeront pas.

Alors qu’en réalité, vous savez qu’ils vous dégoutent, vous gardez vos distances tout en leur faisant avaler ce délicieux petit chocolat à la menthe de trop, mais sans risquer vous-même d’être éclaboussé par leurs vomissures. Après quoi, il ne vous restera plus qu’à ne plus leur donner voix, à désobéir en riant de leurs inepties et ils seront désarmés, impuissants face à votre détermination à ne plus rien leur servir, même pas la peur devant leurs méchantes et imbéciles menaces.

Voyez, ce n’est pas très compliqué de se révolter pacifiquement, de faire sécession pour retrouver les lumières de la Liberté indépendamment des sévices publics. Il suffit de cibler l’ennemi, de ne pas l’attaquer, d’observer son point faible et d’envoyer vos flèches à cet endroit précis où il s’effondre sans vous créer de dommages à vous.

Que le courage soit avec chaque individu. Transmettez-le aux autres, à chaque autre, un à un, pas à pas, sans vous salir de leurs déjections, jusqu’à ce que chacun d’entre nous se soit libéré et puisse se déployer tel un véritable être humain intègre.


Artid

[1] Un bonheur insoutenable (titre original : This Perfect Day) est un roman d’anticipation dystopique américain d’Ira Levin, publié en 1970. L’action se situe dans l’avenir, après l’année 2000. L’humanité (désignée sous le nom de Famille) est unifiée, et il n’y a plus qu’une seule langue parlée. Son destin dépend d’un ordinateur caché sous les Alpes : UniOrd ou Uni. Uni contrôle tout : il éduque, oriente, autorise ou non les mariages et la procréation. Violence et égoïsme ont disparu de la surface de la Terre. Hommes et femmes reçoivent un traitement médicamenteux mensuel — dans les médicentres — chargé de les rendre dociles et maîtriser leur reproduction. Le nombre de prénoms est réduit et ils sont complétés par des identifiants alphanumériques, chacun devant s’identifier en permanence en présentant un bracelet à un scanner. Seul le bonheur des membres de la Famille compte et Uni y pourvoit.