Route de la certitude

Voilà qu’il faut porter un masque facial. C’est une attitude solidaire. C’est pour protéger les autres. C’est l’intérêt général. Nous dit-on.

Peu importe si même l’OMS, pourtant peu avare de catastrophisme, est dubitative. Peu importe si les rues sont quasi désertes.

C’est pour le bien commun, on vous dit !

La crise engendrée par le coronavirus montre bien la relativité de l’intérêt général, lui qu’on nous pose comme absolu et supérieur. Pourquoi, par exemple, prescrire un traitement à l’hydroxychloroquine, administré dans des conditions précises, lors des débuts de la maladie, est-il interdit aux médecins libéraux ? En quoi l’intérêt général en profite-il ?

Un traitement peu cher, défendu par quelques sommités de la médecine, poserait question ? Il n’y a pas de certitude sur son efficacité (qu’est-ce que la certitude ?), mais le rapport risque bénéfice est si faible, et le coût si ridicule…

Mais c’est interdit. Ceux qui décident de l’intérêt général en ont ainsi décidé, on ne sait trop pourquoi.

Il y a deux écoles qui s’affrontent entre les défenseurs et les adversaires de l’hydroxychloroquine. Qui a raison ? Et pourquoi trancher ? À chacun son opinion. L’intérêt général serait de laisser le choix du traitement à chacun, pas de décider arbitrairement d’interdire ou d’obliger.

Chateaubriand

Idiotie d’un bâillon mis sur un des grands défenseurs de la liberté d’expression…

Communisme démasqué

Même chose pour le masque. C’est peut-être même pire. On ne trouve pas d’indice solide de son utilité en extérieur. Il est pourtant obligatoire dans des zones sans aucune foule dense. Et on cherche à culpabiliser ceux qui ne le mettent pas. Culpabiliser serait-il bon pour l’intérêt général ?

Pire, aujourd’hui, si on ose ne pas être d’accord avec ce qui est décidé comme étant l’intérêt général, on est aussitôt un complotiste. On s’oppose à la vérité. La vérité serait forcément du côté de l’intérêt général. Il ne faut donc plus débattre inutilement, puisque la vérité est dite. Mais la science n’est-elle pas faite de doutes, de débats, de tests d’hypothèses ?

L’intérêt général peut-il être ainsi décidé par une poignée de personnes, qui détiendraient la seule et pleine vérité ? Ne vaudrait-il pas mieux laisser agir chacun selon ce qu’il pense être bon pour lui et pour les autres, en laissant le débat libre pour que chacun puisse entendre toutes les idées et autres théories, et agir à son niveau en conséquence et en pleine responsabilité ?

Il y a bien des pays qui ont expérimenté la dictature de l’intérêt général. Bien trop. On appelle cela le communisme. Ces pays, et eux seuls, ont connu les pires catastrophes sociales, économiques, écologiques, humanitaires, de l’histoire de l’humanité. Pourtant, le but affiché était l’intérêt collectif, l’intérêt général.

Enterrés Général

Le problème, c’est qui décide de l’intérêt général. Car c’est cela l’intérêt général : il est tellement général qu’au final il est décidé par une infime minorité, au lieu d’émerger de la volonté de tous et chacun.

Nous avons pu constater une gestion ultra-centralisée de la crise sanitaire. Le gouvernement a désigné des personnes pour être membres d’un conseil scientifique, et a imposé des comportements. En clair, le gouvernement a décidé de l’intérêt général. Peut-on oser imaginer un seul instant que l’immense complexité de notre société pourrait se réduire à l’intérêt général de préserver une poignée de services de réanimation incapables de se réinventer face à une soi-disant catastrophe ?

Les défauts de ce genre de gestion sont connus. Le gouvernement ne peut pas disposer de toutes les informations, chiffrées ou simplement factuelles, sur une situation. Hayek en fit son discours de prix Nobel il y a 45 ans déjà. Tandis que laisser les décisions aux individus permet de les adapter à chaque situation particulière, et fait circuler l’information plus rapidement.

En l’occurrence, nous étions face à un virus inconnu. Toutes les idées étaient bonnes à prendre, à tester, et éventuellement à être adoptées ou rejetées. Laisser l’initiative aux individus permet une plus grande inventivité, et une plus grande rapidité d’exécution. Tandis que, logiquement, limiter les initiatives à un petit comité limite l’inventivité, et la rapidité de réaction est en plus ralentie par le lourd processus administratif.

De plus, face à des divergences entre spécialistes sur un traitement, là encore, prendre une décision centralisée n’est pas possible, du moins n’est pas justifiable. Devant le débat, l’incertitude, il n’y a que l’individu, la personne, l’être humain, qui peut décider pour lui-même, entre ne rien faire et prendre un traitement. Sa vie ne saurait être décidée par un bureaucrate.

éthique

Non, non, non, bas les masques…

Vague air d’éthique

Nous ne sommes plus d’ailleurs, à ce niveau, dans le domaine de l’efficacité, mais dans celui de l’éthique. Ne pas laisser le choix, que ce soit au soignant ou au médecin, alors qu’il y a des spécialistes pour ou contre un traitement, ne peut pas être considéré comme éthique. C’est là la faille du pseudo intérêt général. Votre intérêt collectif ne saurait s’imposer à ma personne, à mon droit de vivre et de mener ma vie.

Un intérêt général décidé de façon centralisée est-il éthique ? C’est la question. À laquelle il est fréquemment répondu que c’est la démocratie. Vraiment ? Le peuple élit ses représentants qui décident pour lui. Il y a déjà sur ce principe plusieurs objections.

Quand les représentants n’ont été élus que par une petite partie de la population, la majorité s’étant portée soit sur le vote protestataire, soit ayant voté blanc ou n’ayant pas voté, car elle ne pouvait choisir entre Charybde et Scylla. Les élus considèrent quand même qu’ils ont les pleins pouvoirs. Mais qu’en pense l’individu lui-même ?

Or, donner les pleins pouvoirs n’a jamais été prévu dans l’histoire des constitutions. Une constitution a le but inverse. Une constitution a pour but de limiter les pouvoirs des dirigeants, normalement, pour laisser des libertés au peuple. C’est le principe de la constitution des USA, le check and balance. C’est l’origine des constitutions, depuis la pensée de John Locke.

Mais les démocraties ont dérivé vers les pleins pouvoirs. Aujourd’hui, aux USA, la nomination par le président Trump d’un juge originaliste à la Cour Suprême déclenche les passions. Pourtant, la particularité de ce juge est juste de respecter la séparation des pouvoirs. Un juge constitutionnel doit apprécier si une loi, un jugement est conforme à l’esprit et la lettre de la constitution. Et c’est la loi, le vote, qui peuvent faire évoluer la constitution. Mais l’habitude s’est ancrée que les juges fassent évoluer la constitution, en l’occurrence hors de tout contrôle démocratique.

Masque des-morts-pratique

Évidemment, on nous dira qu’il n’y a pas d’autres moyens, que la démocratie est le pire des systèmes en dehors de tous les autres, selon la tirade de Churchill. Pourtant, les dérives actuelles et passées devraient faire réfléchir. L’état d’urgence, sanitaire ou pas, est ainsi l’aboutissement logique de la conception démocratique. Ce qui devrait faire réfléchir, c’est aussi la perception des décisions du gouvernement. La cote de satisfaction de nos gouvernants est faible. Les décisions face au coronavirus chinois, même si les français sont des vaux selon de Gaulle, ne peuvent être appliquées que sous la menace d’amende. Mais jusqu’où ira-t-on dans la coercition au nom de l’intérêt général ? Où la route de la servitude se termine-t-elle ?

L’autre solution est la responsabilisation. C’est-à-dire la liberté. Le comportement des gens change du tout au tout s’ils sont responsables d’eux-mêmes et de leurs proches. Et l’intérêt général, réel cette fois, émergera, il émergera de la foule des décisions des gens. Ce sera véritablement l’intérêt général, mais il n’y aura pas besoin d’en parler, de le prendre comme bannière. Et, quand il y aura débat, chacun choisira en son âme et conscience, entre deux solutions, qu’aucun argument décisif ne sépare.

La crise du SARS CoV2 montre toutes les dérives d’une politique en faveur de l’intérêt général, un intérêt général décidé par quelques personnes. Elle a montré l’inefficacité d’un gouvernement très centralisé et sur-administré.

Intérêt général de la peur ?

Évidemment, la rhétorique de l’intérêt général, et de la peur, est bien pratique en politique. On flatte les gens en disant qu’ils défendent une cause, et on critique les opposants en disant qu’ils sont les méchants, qu’ils veulent du mal aux autres. On voit cela en matière de climat aussi. Mais de même, où est réellement l’intérêt général dans tout ça ? C’est plutôt l’intérêt politique, lui ne fait aucun doute.

Aucun questionnement sur les libertés d’ailleurs, au pays qui l’inscrit fièrement dans sa devise. Pas même dans les médias. Surtout pas dans les médias.

Pas de débat scientifique, philosophique, argumenté. Nous raisonnons en termes de vérité simple, connue, lapidaire, établie, en termes de bien et de mal. Il faut forcer chacun à agir dans le sens de cette vérité, conspuer les esprits libres qui osent réfléchir. Il n’y a pas de débat rationnel. C’est la démocratie aujourd’hui. C’est la démocratie telle qu’elle devait finir.

Est-ce une dérive, est-ce que le ver est dans le fruit démocratique ?

 

Artois