Commune hors Tafta
Passant par les Landes, mon regard fut attiré par des panneaux à l’entrée de plusieurs communes portant la mention « commune hors Tafta ». Intrigué, Internet me confirmait qu’il s’agissait bien du traité « Transatlantic Free Trade Area (TAFTA) ». Des communes, départements et régions ont été sollicités depuis plusieurs années par un collectif dont l’objet est de dire « Stop au TAFTA, non au grand marché transatlantique ». Depuis, il y a été ajouté le « Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA) ». Découvrons une fois de plus, que les uns, sous l’appellation « libre-échange » font de l’étatisme, et que les autres ne défendent ni la liberté, ni la propriété.
Derrière ce collectif, nous trouvons « ATTAC » et l’explication suivante : « Ce projet de Grand marché transatlantique vise le démantèlement des droits de douane restants, entre autres dans le secteur agricole, et plus grave encore, la suppression des « barrières non tarifaires » qui amplifierait la concurrence débridée et empêcherait la relocalisation des activités. » Ca y est, on y est ! La boucle est bouclée : les gauchistes ont encore sévi.
Le cas « ATTAC »
Cette « Association pour la Taxation internationale des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne » est une organisation qui se veut « altermondialiste », c’est-à-dire que sans rejeter la « mondialisation », ils se proposent de la réguler : leur autre monde serait possible en remplaçant l’étatisme mondial par… l’étatisme mondialisé. Faut-il faire des dessins pour comprendre la nature idéologique de cette association ? Pour confirmer, parmi les organisations fondatrices, se trouvent notamment la Fédération des Finances CGT, la FSU ainsi que Solidaires et à une présidence collégiale, une universitaire toulousaine et 2 « économistes atterrés ». Il va de soi que les membres d’ATTAC se recrutent dans toute mouvance collectiviste (écologiste, socialiste, communiste, trotskiste ou chrétienne sociale). Leur ligne politique n’oublie pas de dire qu’elle est respectueuse des aspects sociaux et environnementaux tout en affirmant qu’il est possible de réaliser des politiques économiques « anti-libérales ».
Doit-on se prononcer contre une chimère pour avoir raison ? Car malgré la conviction de leur affirmation, ils n’ont toujours rien prouvé, et pour cause. Tout d’abord, ils font face à leurs propres contradictions économiques : vouloir la mondialisation tout en régulant. Leur premier réflexe de régulation se trouve au sein de leur nom (Taxation internationale des transactions financières) : maintenir, accroître les droits de douanes entre pays. Mondialiser c’est aller vers une gouvernance unique et donc s’affranchir des taxations par pays. Réguler au niveau mondial n’apportera pas plus de succès que de taxer par pays : ce sera le même arbitraire, quelque soit les critères qui pourront être retenus. Les taxations, c’est évidemment les réductions des échanges, avec les conséquences économiques que cela entraînent, comme la réduction des emplois.
Et avoir une gouvernance mondialisé, c’est l’opposé de « l’action citoyenne ». Evidemment, on peut s’interroger sur ce que veut dire « action citoyenne » pour ces énergumènes. Ils ont peut être dans l’idée que le citoyen doit suivre ce que le « gouvernement » leur dit de faire. Ainsi être opposé à l’action humaine individuelle est de nature totalitaire, et, finalement « antilibéral ». Il est démontré que l’étatisme mondialiste ou l’étatisme altermondialiste s’opposent à la philosophie libérale.
Ca se confirme par « Ce projet de Grand marché transatlantique vise le démantèlement des droits de douane restants ». Si vous suivez le raisonnement habituel des membres d’ATTAC, ils parlent souvent de « commerce équitable », tout en ne voulant pas de frontières pour la circulation des humains, ou en réclamant la régularisation des sans-papiers. Leur « subversivisme » ne connaît ainsi aucune limite. Dans la théorie, ils s’expriment en faveur des droits de l’homme, mais dans la pratique, ils démontrent qu’ils sont contre la liberté et la propriété individuelle. Là encore une belle confusion entre les « droits à avoir » que les étatistes distribuent à tour de bras, et les droits naturels d’être. Mais la suppression des droits de douanes ne fait pas de ceux qui veulent les abroger par les traités, des libéraux.
L’éternel recommencement
Qui ont institués les droits de douanes, si ce ne sont les étatistes ? Les droits de douanes ne sont qu’un protectionnisme : une telle pratique laisse croire que les produits/services fabriqués à l’intérieur d’un pays sont protégés de la « concurrence déloyale » de l’extérieur. Or l’économie est plus complexe que l’analyse de la production comparée sur un produit/service. Il est cité notamment les produits agricoles. Prenons un exemple : le blé. Le prix de la tonne produite de blé va évidemment dépendre du contexte local, et au sein même d’un pays, suivant le lieu de production, nous aurons des disparités importantes. Un agriculteur du Lot et un de Seine et Marne ne seront pas sur un même pied d’égalité. Doit-on pour autant introduire des compensations pour que l’agriculteur du Lot puisse produire son blé en ayant les mêmes revenus que celui de Seine et Marne ? Cela n’a pas été fait et on comprend pourquoi, il n’y a plus aujourd’hui de production de blé dans le Lot.
Prenons aussi une comparaison similaire entre une exploitation Seine et marnaise et une ukrainienne. En constatant que cette dernière, n’ayant pas les mêmes « aspects sociaux et environnements » que la première, il doit être mis une « barrière tarifaire » sur l’importation du blé. Une telle barrière tarifaire, même si elle se fonde sur des taux différents de charges sociales voire la présence et le niveau d’un SMIC ou même l’utilisation ou non de produits phytosanitaires, ne pourra relever que de l’arbitraire. Comme toujours, des effets pervers sont évidemment à attendre. Dans l’agriculture, il est à considérer que les prix fluctuent en raison de facteurs humains, comme la mécanisation, et non humains, comme la météorologie ou le climat.
En tout état de cause, l’Ukraine a fait partie du bloc communiste de l’URSS, et qui avaient des tarifs imposés. Il a été largement démontré que cela ne fonctionnait pas. Certes il est toujours possible de rêver d’un retour au grand soir de l’expropriation des territoires et à la redistribution égalitaire des hectares de terre… mais le scénario du rêve qui tourne au cauchemar est tout aussi bien connu. N’oublions pas que le blé n’est qu’une matière première qu’il convient de transformer et que les transformateurs eux-mêmes peuvent, tout comme les consommateurs finaux, édicter des règles pour les produits qu’ils vendent ou achètent. Rien ne peut garantir quoi que ce soit en science économique.
Une belle histoire…
Et pourtant, cette histoire de panneau « Hors Tafta » a une bien belle histoire à construire : pourquoi la population de chaque commune ne demanderait-elle pas de faire sécession pour se réapproprier SON territoire, SES emplois, SON argent, SES décisions, SES choix à l’instar de petits territoires tel que le Luxembourg ou le Liechtenstein et ne plus laisser quelques gouvernants décider de leur sort à travers des traités dont ils ne veulent pas et qu’ils supposent être à l’origine de leurs maux ?
La France serait « une et indivisible » nous dit la constitution de 1958 ? Oui et alors ? L’Algérie, française en 1958, est bien devenue indépendante en 1962, non ? Les gouvernants s’autorisent à faire des traités internationaux sans mandat du peuple, pourquoi ne pas commencer par le commencement et établir d’abord des traités au sein du territoire national en abrogeant toutes les lois nationales d’abus de pouvoir central par subsidiarité.
Cette belle histoire à découvrir, c’est celle qui consiste à ne plus laisser des gouvernants décider de quoi que ce soit en économie, la décision économique devant être du ressort de la liberté individuelle. Cette belle histoire, c’est celle de sortir de toute forme d’organisation étatique de la société pour aller vers la société contractuelle. Rien ne vous empêche de déléguer à d’autres, y compris des fonctions régaliennes, mais toujours avec un contrat en bonne et due forme que vous pouvez rompre à tout moment et selon les conditions prévues. Ne doutons pas que tout le monde n’est pas prêt pour cette belle histoire, mais ne doutons pas un seul instant que le pays qui mettra en œuvre cette belle histoire saura tracer la voie vers une réalité très différente des vécus collectivistes du passé.
Bellegarrigue