Le mal des « biens sociaux »

« La propagande nationalo-étatiste décrit la santé et l’éducation comme des « biens sociaux », c’est-à-dire le contraire d’un simple bien de consommation ou, pour employer un terme encore plus dénigré, une « marchandise ». C’est ce qui justifierait la mainmise des bureaucrates sur ces secteurs, au profit de la collectivité tout entière. Comme lorsque les bureaucrates planifient les récoltes de patates, ce qui arrive en pratique est que les services de santé et d’éducation sont rationnés et qu’il faut se contenter de services moindres et de moins bonne qualité que ce que l’on souhaiterait obtenir. D’une réforme majeure à l’autre, ces secteurs sont presque constamment en crise. » — Martin Masse

Phénomène étrange, ni les employés de l’éducation nationale, ni les fonctionnaires en général ne sont réputés pour être très libéraux, ni dans l’esprit, ni dans la méthode, bien que La Liberté leur fasse pourtant cruellement défaut.

Martin Masse

Martin Masse, du Québécois Libre.

On le voit, les fonctionnaires et assimilés, sont ceux qui manifestent le plus souvent dans les rues, pour quémander de meilleures conditions de travail à leur employeur, hurlant toutes les souffrances que leur inflige leur patron.

Ils voudraient être plus libres d’agir à leur guise, gagner plus, avoir plus de ceci et de cela et s’ils ne le sont pas, s’ils ne l’ont pas, c’est forcément toujours de la faute aux patrons. Les patrons sont des salauds, c’est ce qui se dit dans le milieu !

En l’occurrence, les tas qui sont le patron des fonctionnaires, sont effectivement de gros salopards pour toutes les privations de liberté qu’ils imposent et les complications bureaucratiques qu’ils infligent pour les mêmes raisons. Mais ils compensent ces privations par la sécurité de l’emploi pour leurs fonctionnaires et eux-mêmes, et une distribution d’avantages et privilèges comme anesthésiant.

Sécurité, avantages et privilèges acquis, il ne faudrait pas que la société civile privée, plus particulièrement les libéraux non fonctionnaires, cessent de laisser l’état venir prendre dans leurs poches, ce que les fonctionnaires revendiquent comme compensation au sacrifice de leur Liberté.

C’est ainsi que les employés de l’éducation nationale et tous les fonctionnaires en général, ne sont pas libéraux, ni dans l’esprit, ni dans la méthode, parce qu’ils sacrifient La Liberté au profit de leur sécurité et de privilèges au détriment des autres.

Paradoxe ?

Il y a là un véritable paradoxe, s’agissant notamment des enseignants, qui sont aussi réputés pour être des personnes instruites et respectueuses du principe même de Liberté.

Dans le fond, il y a toutes les raisons de penser qu’un enseignant, du fait même de son instruction et de son parcours intellectuel, plus que nul autre, devrait être fondamentalement un défenseur de La Liberté, comme l’est un libertarien.

En France, c’est le contraire, les enseignants préfèrent la sécurité et leurs acquis, ils méconnaissent totalement le concept philosophique libertarien pour la plupart. Et si le concept est connu par quelques-uns, c’est un tabou. La Liberté est engloutie.

Qu’est ce qui pourrait conduire un enseignant à transiter, à devenir libertarien et à sortir du tabou ?

Sans doute faut-il à la base être individualiste, ne pas se fondre bien volontiers dans la masse et qu’une petite graine déposée par hasard vienne à germer. Par exemple, aimer la philosophie, lire Bachelard, en parler avec un professeur qui proposerait de lire Karl Popper et faire un parcours intellectuel, qui de Popper pourrait conduire à Hayek, de Hayek à Mises, de Mises à Rothbard et de Rothbard à Hoppe. Il y a certainement d’autres parcours, pourquoi pas celui-ci !

Puis, sans être libertarien à la base, il est sûrement possible de se débrouiller pour apporter tout de même de la valeur ajoutée aux élèves à qui un professeur enseigne et aux parents qui financent l’éducation de leurs enfants.

La voie la plus facile pour enseigner, c’est d’entrer à l’éducation nationale. Après, peu d’enseignants quittent concrètement l’éducation nationale pour exercer ailleurs, il est sûrement trop tard pour en sortir, même si l’enseignant devient anonymement libertarien.

Est-ce quand même une option qu’un enseignant pourrait envisager de quitter l’éducation nationale ?

Coincé par le système ?

Le plus souvent, il est hors de question d’abandonner son poste, pour la plupart des enseignants. L’enseignant veut poursuivre son activité jusqu’à la retraite et il ne pense pas avoir le droit d’enseigner ailleurs au risque de perdre son poste et ses acquis, même s’il n’est pas opposé au principe, peut-être une fois qu’il sera à la retraite de l’éducation nationale.

Voix off : Je peux comprendre cette position.

Premièrement, je n’ai pas à juger du choix que chacun fait, même si je suis farouchement opposée au principe de l’éducation nationale imposée par la force à tous, comme monopole.

Deuxièmement, un enseignant est un Homme d’engagement, il honore son engagement, ce qui ma foi est parfaitement louable et appréciable !

Troisièmement, il n’existe plus guère d’autres options que l’éducation nationale pour enseigner.

Oui mais, il y a peut-être des enseignants libertariens, qui s’ignorent en tant que tels ou pas, qui aimeraient pouvoir exercer en dehors de l’éducation nationale.

Justement, quelle pourrait être une activité d’enseignant qui voudrait transiter en Libéralie ?

classe

Enseignement, ou garderie ? Transition vers le chômage ?

Créer sa Libéralie

En l’absence d’une autre offre que celle de l’état pour enseigner avec à disposition les infrastructures nécessaires, tel que par exemple un laboratoire pour faire des expériences, il n’est pas possible d’enseigner le concret. Il est normal que les parents qui confient leurs enfants à un enseignant, s’assurent que l’enseignant en question, dispose bien des compétences pour enseigner, mais aussi du matériel.

Une société telle que Libéralie, qui ne disposerait pas du matériel comme l’éducation nationale, n’est pas de nature à rassurer les parents, ni très honnête vis-à-vis des contribuables imposés et taxés entre autres à cet effet.

Il y aurait tout de même un avantage, à savoir qu’il serait alors possible de mieux enseigner à des groupes restreints de 3 ou 4 élèves maximum. Tandis qu’à l’école obligatouare de la ripoublique, les classes sont surchargées à plus d’une trentaine d’élèves par classes, si bien que l’enseignement ne peut y être vraiment qualitatif. Même si la plupart des enseignants ne sont pas idiots et développent toutes sortes de pédagogies pour contourner cette difficulté, cette situation n’est satisfaisante pour personne. L’offre de l’EdNat n’est finalement ni valorisante pour les parents, ni pour les élèves, ni pour les enseignants.

C’est une offre, qui malgré toute l’implication des enseignants ne crée qu’une demande bien médiocre, pour un coût élevé, sans parler des résultats inquiétants.

Mais enfin, l’enseignant ne peut pas ignorer, surtout s’il connait les classiques libéraux, la loi de Say ! L’enseignant sait très bien que c’est l’offre qui crée la demande et non pas l’inverse.

L’enseignant pourrait répondre que la loi de Say est une loi impersonnelle. Elle ne tient pas compte du coût d’opportunité pour chaque individu et du temps qu’il faut sacrifier etc. Elle vaut sur un marché libre dans lequel l’enseignant de l’éducation nationale n’est pas. On en revient donc à l’analyse d’un comportement rationnel dans un contexte étatique. Comme en ex-URSS.

L’enseignant doit-il faire le pari d’améliorer sa condition en sortant du parti unique ? Sachant qu’il n’a aucune chance ? Si c’est par idéologie ou pour des raisons morales, l’enseignant peut le comprendre, mais la loi de Say est hors sujet.

La loi de Say est hors sujet en l’état, bien sûr. Mais le sujet ici est précisément de sortir de cet état et de faire La Liberté. Ce n’est pas une question de chance, mais une question de volonté complètement rationnelle.

Écoutons John Galt

« Oui nous vivons une crise morale. Et le fait est que vous êtes punis pour le mal que vous avez fait. Mais le responsable n’est ni l’homme ni la nature humaine, c’est votre code moral. Si vous voulez continuer à vivre, il ne faut pas retourner à la morale – vous qui n’en avez jamais eu -, mais en découvrir une nouvelle. »

« Qui que vous soyez, je m’adresse à ce qu’il peut encore y avoir de bon en vous, à ce qui peut vous rester d’humanité, je parle à votre esprit, pour vous dire ceci : oui il y a une morale à la raison, une morale propre à l’homme, dont la valeur se mesure à ce qu’il fait de sa vie. »

« Un homme qui s’estime sera révolté à l’idée de jouer le rôle d’animal sacrificiel. Il sera dégoûté à l’idée d’immoler cette valeur irremplaçable qu’est sa conscience, ce joyau incomparable qu’est son existence sur l’autel de la démission généralisée et de la décadence d’une société qui n’avance plus. »

Il est donc logique et pertinent de faire une offre concurrente à celle de l’état, précisément pour rassurer la demande sur la qualité de l’enseignement et des infrastructures.

Observez donc ceci :

Un enseignant actuellement payé X€ de l’heure par l’EdNat, coûte en réalité bien plus aux contribuables en raison notamment de ce qu’il faut ajouter au coût de l’enseignant le coût des infrastructures et de la bureaucratie. Le budget de l’EdNat par habitant est énorme et ne pèse pas seulement sur les parents, mais sur tous les contribuables (impôts) et tous les consommateurs (taxes).

En échange de cette offre imposée par l’état, les parents, qui ont obligation de scolariser leurs enfants jusqu’à l’âge de 16 ans, demandent à ce que les enseignants éduquent leurs enfants et disposent des infrastructures nécessaires pour accueillir leurs enfants en toute sécurité et leur délivre des connaissances.

La demande est-elle satisfaite grâce à cette seule offre quasiment sans concurrence ? La réponse est bien entendu non et l’enseignant ne le sait que trop bien.

Les enseignants sont mal payés, déprimés, épuisés et obligés de se mettre en grève tous les 4 matins pour tenter vainement d’être écoutés par un gouvernement mastodonte et sourd, qui se fout de notre gueule en réalité. Les élèves sortent des écoles, certes pour la plupart diplômés, mais se retrouvent au pire au chômage, au mieux mal payés et pour les plus brillants ou aventuriers à quitter le pays et les gens qu’ils aiment, pour des horizons plus ouverts.

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Infinité des autres approches d’enseignement…

Imaginez la transition

Imaginez en tant qu’enseignant, non plus enseigner à des élèves qui sont là par obligation, mais par choix délibéré entre eux, leurs parents et l’enseignant. L’enseignant calcule son prix et dans ce prix, il ajoute tout ce dont il a besoin pour assurer un enseignement de qualité. S’il a besoin d’un labo, il peut soit le louer, soit l’acheter en tant qu’unique propriétaire ou en tant que co-propriétaire, selon ses besoins, ce qui est le plus avantageux pour lui et il l’ajoute dans le prix. Voilà le problème de matériel résolu.

À partir de son offre, il peut ainsi créer la demande d’un enseignement sur mesure, sans l’imposer à personne. Il devient certes concurrent de l’éducation nationale, mais son offre n’agresse ni l’éducation nationale, ni n’empêche pas l’EdNat d’exercer, ni n’oblige ses clients potentiels à faire appel à ses services.

Son offre est tout simplement différente de celle de son concurrent et créative d’une demande implicite qui peut enfin s’exprimer. Cette offre ne répond pas à une demande de masse, sans pour autant être imposée par la force à ceux qui n’en veulent pas, tout en s’offrant à ceux qui ne sont pas satisfaits par l’offre de masse et qui peuvent soudain a minima tester un enseignement différent.

Peu importe que les parents aient les moyens de payer ou pas, l’enseignant a le droit d’enseigner au prix que lui veut, qui peut très bien être zéro ou n’importe quels chiffres si ça lui chante. C’est libre et la main invisible l’ajustera au marché réel au fur et à mesure, inventant au passage toujours de nouvelles offres qui créent de nouvelles demandes pour assurer finalement à tout le monde ce dont ils ont besoin et aux conditions dont chacun peut convenir librement !

L’enseignant sait très bien que les partisans d’une intervention étatique sur le marché, en bons adeptes Malthusiens, pour soi-disant le réguler, car ils lui présument toujours des défauts qui n’existeraient pas sans eux, contestent la loi de Say pour pouvoir justifier qu’ils doivent intervenir pour le bien de tous. En fait d’intervenir pour le bien de tous, ils détruisent le marché qui est le bien de tous. Ce marché qui est fait d’offres à la base est transformé grâce à eux, en nécessité de consommer une offre unique qui s’épuise et ne parvient qu’à créer de la pénurie que personne ne demande.

Alors Professeurs, êtes-vous d’accord pour vous préparer à proposer votre offre, en tant qu’enseignant en Libéralie, pour pouvoir vous libérer de l’EdNat qui vous épuise ? Il est temps maintenant, fonctionnaire ou pas, peu importe, de préparer notre retrait de l’état, d’organiser notre transition.

Vous remarquerez je l’espère à la lecture de cet épisode, qu’il n’y a aucune raison honnête pour que ceux qui rémunèrent un service directement à celui qui le leur rend, doivent aussi rémunérer l’EdNat, si l’EdNat ne leur rend pas service. Il conviendrait donc que la rémunération des services rendus en Libéralie, soient a minima intégralement déductibles des impôts de l’état pour ceux qui les payent. Ce qui à terme devrait aussi permettre aux enseignants de l’EdNat d’exiger que leur statut soit modifié, de telle sorte qu’ils puissent aussi exercer en Libéralie, sans se retrouver pieds et poings liés à l’EdNat toute leur vie, sans marge de manœuvre pour eux.

Si les tas qui dirigent l’EdNat n’en conviennent pas, c’est parce qu’ils sont malhonnêtes. Avez-vous vraiment envie de continuer à échanger avec des gens malhonnêtes qui n’assurent qu’une seule chose : Votre pauvreté et les violences qui en découlent ?

 

Artid