Pobre Chile

Quelques troubles au Chili, et aussitôt les médias s’enflamment. La gauche, et la droite finalement, dénoncent la politique « néolibérale » du Chili, notamment ses inégalités et son système de retraite par capitalisation. Quelques libéraux tentent de défendre le pays, en expliquant que le système de retraite est performant, mais les cotisations trop faibles. Ils pourraient aussi souligner que les inégalités sont pires au Brésil, et elles l’étaient même sous Lula. Le Chili, au sein de l’Amérique latine, n’a pas à rougir de ses performances sociales, si on le compare à des pays de sa zone.

Cependant, dans toute cette histoire, le problème n’est pas le libéralisme.  Les manifestants, comme en tant d’endroits, se leurrent.

Chili

De meilleurs temps à venir ?

Le libéralisme n’est pas le problème

Le libéralisme, qu’est-ce donc ? Un petit rappel est nécessaire. C’est la liberté pour chacun, c’est-à-dire le droit de disposer de soi-même, de ce qu’on gagne, qu’on fabrique, le droit de décider de sa vie. Le corollaire est la non-violence : personne n’a le droit d’user de violence sur autrui.

Or, au Chili, comme en France, le système de retraite est étatique. C’est l’état qui l’a mis en place, c’est l’état qui en a établi les règles, c’est l’état qui le supervise. Il est considéré comme libéral car assis en grande partie (mais pas seulement, contrairement à ce qu’on peut lire parfois), sur la capitalisation.

Mais quel rapport avec le libéralisme ?

Le libéralisme ne décrète pas qu’un système de prévoyance soit forcément basé sur la capitalisation. Des sociétés mutuelle de redistribution peuvent se créer, sans que cela dérange les libéraux. Tout ce qui compte, c’est la liberté individuelle de choix, de décision, d’association. Ce peut être un système financé entièrement par l’individu, ou même entièrement par l’entreprise, si c’est un contrat librement passé entre les parties, sans contraintes.

Tout cela, c’est de la gestion, pas du libéralisme.

Les retraites malades des choix de l’état.

En France, comme au Chili, les retraites sont malades de l’état. Le tout-répartition obligatoire est mis à mal par la configuration démographique, d’autant que l’âge de la retraite a été abaissé, alors que l’espérance de vie a augmenté. Un cercle vicieux s’est instauré. Le coût des retraites s’envole, et plombe l’économie, ce qui réduit l’emploi, et rend encore plus compliqué le financement des retraites.

La capitalisation, en France comme ailleurs, est aussi plombée par la politique.

Bien sûr, il est compliqué d’épargner quand on ne touche pas son salaire complet. Bien sûr, il faut composer avec différentes réglementations en matière de prélèvements. Mais, surtout, la politique de taux bas et d’inflation menée par les banques centrales perturbe les rendements. Si vous voulez devenir propriétaire, pour vos vieux jour, la baisse des taux d’intérêt fait flamber les prix des logements. Les placements peu risqués des retraités ont des rendements ridicules. L’inflation diminue encore ces rendements. Se prendre en charge devient très compliqué.

Mais où serait la faute au libéralisme là-dedans ?

Infantilisation.

Les débats sur la retraite montrent aussi que nous sommes devenus véritablement infantiles. Il n’y a pas de débat rationnel, pour ce qui n’est, finalement, que de la simple arithmétique.

Nous attendons tout de l’état. Nous attendons l’impossible. Nous attendons qu’il maintienne l’âge de la retraite bas. Et les pensions élevées. Des miracles.

Quand nous avons des avantages, nous descendons dans la rue pour les préserver. Bien sûr, il y a toujours des populistes, que nous écoutons avidement, pour nous dire que le 1% des plus riches et les bénéfices des entreprises permettent tous les miracles. Au mépris des réalités économiques, de la distribution des revenus (qui vont majoritairement à la classe moyenne), et de la démographie.

Le grand économiste français Frédéric Bastiat écrivait déjà il y a 170 ans que l’état, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde cherche à vivre aux dépens de tout le monde. Sommes-nous devenus ainsi ? Ou l’état nous a-t-il encore plus infantilisés ?

Le rôle des libéraux

Le rôle des libéraux, c’est de rendre à l’être humain son humanité, au moins en l’éveillant à cette réalité, et à ses droits. Ses droits imprescriptibles, car naturels. Le droit de disposer de soi. En excluant toute violence.

Le libéralisme, ce n’est pas une simple question de retraite par capitalisation ou par répartition.

Artois