La désobéissance convois
Sur le modèle des routiers canadiens, des convois de la liberté se sont organisés en France, comme dans plusieurs pays. Ces convois protestent contre les pass sanitaire et vaccinal, au nom de la liberté, même si on peut contester bien des aspects d’une telle manifestation collective. Les libéraux ont le corpus théorique pour soutenir ces convois. La désobéissance civile fait partie de leur boîte à outils, au moins depuis La Boétie. Pourtant, on ne les entend pas, on ne les voit pas.
Les « libéraux », ceux méritant ces guillemets, adoptent le principe d’un pass nécessaire, au nom de la responsabilité collective, là où l’individualisme méthodologique devrait les guider. Les pass seraient nécessaires pour se protéger les uns les autres. La Liberté, disent-ils, s’arrête où commence la responsabilité collective. Les protestataires seraient des ignares, des égoïstes, des « anti-science ». Vraiment ? Analysons ce point.
La non-agression
Quelles sont les bases du libéralisme ? L’autonomie en fait partie, bien sûr. Chacun est libre, et responsable de lui-même. Mais vis-à-vis des autres ? Le principe de non-agression devrait être accepté par tous les courants : on ne commet, impunément, aucune violence envers autrui. Tout acte délibéré de violence expose son auteur à la légitime défense de sa victime.
Oui, mais dans le cas d’une épidémie, que faire ? Soulignons tout d’abord, selon les principes libéraux, que chacun doit être libre de préparer ses défenses naturelles, de se soigner, de se faire soigner, de se protéger. Chacun doit pouvoir juger de ce qui est bon lui. Précisons que je ne suis pas médecin et ne préconise rien. Je souligne simplement que chacun doit avoir le droit de choisir pour lui-même. Toujours. Chacun peut prendre de la vitamine D et du zinc, dans l’optique de renforcer ses défenses naturelles, ou pour toute autre raison, d’ailleurs. Je peux choisir un traitement si je suis malade. Tu peux choisir de se vacciner. Ou pas.
Or, remarquons que cette liberté de choix nous est refusée. Nous sommes dans un système qui nous dit ce que nous devons faire, ce que je dois faire. De quel droit sur moi ? Il ne prévoit pas de renforcer les défenses naturelles. Mais chacun peut éventuellement le faire. Face au coronavirus, se soigner est quasiment interdit. Les traitements utilisant l’hydroxychloroquine sont interdits en France. Utiliser l’Ivernectime est compliqué. De fait, il est interdit ou presque de se soigner. Alors même que je paye pour recevoir des soins, puisque je, tu, il finance la sécurité sociale. De force, en plus.
Les options convois
Ainsi, ce système de pseudo « assurance sociale » est passé du parasite au coercitif. Dans le sens où il interdit des soins et oblige, aujourd’hui pour le coronavirus, demain pour on ne sait quoi, à se faire inoculer des produits incertains. Ici, je ne discute pas de l’efficacité des différentes options. L’efficacité n’est jamais un argument libéral. Constatons d’abord qu’il y a différentes options. Que ceux qui les défendent sont respectables, ou le paraissent. Mais le constat est que face à un choix, ils – l’état bien sûr – obligent à suivre une seule option. La liberté de ce choix nous est retirée : le système décide, il prétend savoir ce qui est bon pour moi. Or il en est incapable. Et il n’y est pas légitime.
Car d’un point de vue éthique, est-ce juste ? Là est le critère libéral. Est-il juste que le système décide de ce qui est bien ou mal pour chacun, de ce qui est bon ou mauvais ? Est-il éthique de considérer chacun comme n’ayant pas le droit de décider que faire face à une, à sa maladie ? Est-il éthique d’interdire des options, de réduire et contraindre le choix, donc la liberté ? Ou de favoriser, de pousser à une option, telle la vaccination, sans en admettre d’autres, tel le renforcement des défenses naturelles ? Est-il éthique de prendre des décisions au nom de chacun, en mon nom, sans avoir reçu le consentement explicite de ceux concernés, sans mon consentement ?
Bien sûr, ils – les tas – nous diront que c’est la science qui guide les décisions, comme si la science pouvait affecter l’éthique. De plus, force est de constater que la science guide toutes les options évoquées. Nous sommes face à des débats scientifiques, qui touchent à l’efficacité de traitements, de vaccins, à la dangerosité de produits, au rapport bénéfice / risque, des éléments touchant la santé de chacun, et donc la mienne. Qui ne peuvent être tranchés, car risque et bénéfice sont des notions subjectives. Je revendique ma prise de risque.
Et de fait, chaque courant de pensée considère que le débat est tranché en sa faveur. Car la science n’est pas le débat, ici. Qu’importe le « consensus scientifique », il s’agit pour chacun de faire sien les résultats dans sa situation propre. Les options et les choix sont innombrables, et pourtant le « système », des hommes, a fait un et un seul choix, et toute opinion contraire expose à ce qu’il faut bien appeler censure.
L’éthique convois pas
Encore une fois, je ne suis pas médecin. Je ne préconise aucune option, si ce n’est l’alternative elle-même. La question que je pose, en tant qu’adepte de cette mystérieuse, sournoise, séditieuse, égoïste et individualiste philosophie politique qu’est le libéralisme, est simple : est-il est juste, éthique, normal, civilisé, digne, respectueux, légitime, d’imposer à quiconque une option unique, une opinion unique, en matière médicale et pour tout ce qui touche le corps humain ? Et par là d’interdire des soins possibles et tout aussi légitimes ?
L’argument de la responsabilité collective ne tient pas, car pour le libéral, la responsabilité ne peut être qu’individuelle. De plus, il n’y a aucune certitude, on ne peut dire quelle option est la meilleure. Irresponsable, le collectif veut m’imposer des options, des opinions, et finalement des actions, par tous les moyens. La censure, la peur, le dénigrement font rage alors qu’il devrait s’agir de s’interroger sur l’éthique. Le discours est tel un politique, idéologique, qui vise à démolir l’adversaire, par tous les moyens. Où est l’éthique, elle qui devrait animer les libéraux ?
De nombreuses questions éthiques se posent. Les « libéraux » s’en moquent. La liberté d’opinion, la liberté de se soigner, dans les faits, par leur absence d’engagement, par leur passivité, par leur oubli de dire « non », ils s’en moquent. L’éthique, ils s’en moquent.
Pourtant les convois de la liberté défendent l’éthique. Peut-être sans le savoir. Non pas dans leur geste, mais dans leur esprit : chacun de ces individus exige sa liberté de choix. Comme j’exige et revendique la mienne. En tant que libéraux, nous avons le corpus théorique pour soutenir ces aspirations à désobéir en faveur de la liberté. Ce corpus, c’est l’éthique de la Liberté. Tout simplement.
Artois