économie : Science vs Politique

Comme toutes ses sœurs, la science économique n’est pas prescriptive. Elle ne saurait nous dire ce que nous devons faire. Les politiciens se réfugient derrière les « contraintes économiques » pour ne pas porter le blâme de décisions impopulaires, mais en économie comme dans toutes les sciences humaines, nos seules contraintes sont celles de la physique. Tout le reste, nous pouvons faire.

Mais tout a un coût.

La fonction des économistes est de nous informer du coût prévisible de telle ou telle décision.

Le jeu des politiques est de faire supporter ce coût par telle ou telle catégorie de la population.

Economie

Tout a un coût, encore faut-il arriver à le concevoir…

À chacun sa préférence

L’originalité de l’éthique libérale appliquée à l’économie est d’enseigner que nous ne sommes pas responsables des préférences des autres. Ce qui entraîne logiquement une conséquence et son corollaire :

  • il est légitime que chacun paye le coût des biens dont il jouit et ceux des dommages qu’il occasionne (par ex., « pollueur, payeur »)
  • il n’est pas légitime que quelqu’un soit contraint de payer le coût de biens et de services dont il ne jouit pas, ou de dommages qu’il n’a pas causés.

Le fardeau de la preuve retombe, me semble-t-il, sur ceux qui soutiennent l’inverse. En effet, en quoi est-il légitime de forcer celui qui ne consomme pas à payer pour celui qui consomme, et celui qui n’a pas causé un dommage à en supporter le coût à la place des auteurs ?

Collectivistes

Les collectivistes de tous poils avancent différentes justifications qui se réduisent finalement à deux arguments :

  • sans redistribution forcée, les pauvres ne pourraient pas accéder à des consommations essentielles
  • vivre en société nous fait bénéficier de services payés par d’autres, donc il est acceptable que nous soyons contraints de payer ceux dont nous ne profitons pas.

Le premier argument génère l’immoralisme, le second le gaspillage.

Ce que je fais sous la contrainte d’autrui n’a aucune valeur morale. En payant l’impôt, je ne suis pas généreux, je ne fais qu’éviter la prison. Il appartient à chacun de nous d’aider ceux qui sont dans le besoin. On appelait ‘charité’ ce mouvement qui nous porte vers les autres, et puisque le mot a une connotation chrétienne, les Lumières ont usé du terme ‘philanthropie’, et les libéraux du siècle suivant, ‘solidarité’. Le point commun est l’absence de coercition, et donc la valeur morale de ces actions. L’impôt déresponsabilise. Notre triste société de l’égocentrisme forcené en est la conséquence. Chacun pour soi, l’État pour tous.

Le deuxième argument imagine un pot commun, où nous mettrions nos contributions et d’où nous tirerions des avantages. La plupart de ces « contributions » nous sont imposées, ce sont les prélèvements obligatoires. Mais puisque j’ai été obligé de payer de toutes façons, ma réaction logique va être de tirer un max’. Si je ne le fais pas, je suis une poire, parce que les autres ne vont pas se priver. Conséquences : gaspillage, pollution, destruction de l’environnement….

Equilibre

Le véritable équilibre en économie est celui qui est trouvé à chaque instant par les hommes libres.

Payer pour réparer

Car le coût est le signe tangible du respect que nous devons à la nature. Consommer est inévitable, mais consommer, c’est détruire. En payant, nous réparons symboliquement ce que nous avons détruit. Le coût est la borne de notre avidité. Supprimer la relation entre la consommation et le coût (par la subvention ou la gratuité étatiques) nie le Droit de propriété, c’est à dire un des deux liens qui unissent l’être humain à la nature (l’autre est la contemplation).

Pour résumer, l’économie répond à la question : « Combien ça coûte ? », alors que le Droit (le Droit de propriété, il n’en est pas d’autre), répond à la question : « Qui paye à qui ? ».

Les deux réponses sont fondées en raison. Elles sont scientifiques.

Le libéralisme (version ultra) est la seule pensée politique qui les accepte toutes les deux.

 

Christian Michel

7 février 2002

PS : L’argument est un peu schématisé, mais s’il en est que la question intéresse, j’ai été plus prolixe dans un papier sur Liberalia, Comment penser l’économie aujourd’hui ?