Esprit critique, es-tu là ?

Le père et beau-père que je suis n’est pas très différent de tous les pères et les beaux-pères de la création : il se demande parfois s’il a bien fait les bons choix en matière d’éducation, s’il n’a pas trop forcé sur tel ou tel point précis, s’il n’a pas peut-être omis un élément important. Il s’interroge, se pose des questions, guette, anxieux, l’apparition de l’esprit critique chez l’enfant.

Il s’impatiente de voir poindre sous les personnalités naissantes les premiers signes d’un esprit critique tant espéré qui s’exprimera – si je n’ai pas raté mon coup – sous la forme d’un humour acerbe et très unanimement réprouvé par la communauté festive, citoyenne et éco-conscientisée qui nous tient lieu de mètre-étalon moral.

Or donc, déjà rassuré que les 3 grands (ils sont adultes à présent) sachent faire la différence entre un nègre et un raciste, il me restait à espérer que ma belle-fille la plus jeune, 13 ans, suivît une trajectoire similaire, méprisant comme il se doit les poncifs de la doxa du moment qui repose essentiellement sur l’hypocrisie, l’ignorance et l’imbécillité la plus crasse.

Bases

Saines bases enseignées à l’école…

Ce n’est pas rien vous savez, car l’école est un appareil puissant, suffisamment financé pour atteindre au moins un objectif : faire entrer la mode du moment dans la caboche des mômes. La grammaire, oui, le calcul, bon, l’histoire-géo à la limite, mais alors on n’oubliera pas de préciser que le mâle blanc est toujours oppresseur et que les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes et de vivre libres sur leurs terres ancestrales (sauf les Juifs, eux ils n’ont pas le droit, enfin en tout cas pas chez eux, en Israël).

Le racisme, cette blague

Et ce fut un beau soir que Priscilla (le prénom a été changé), notre cadette, me rassura définitivement en demandant très civilement la parole à table en ces termes : « est-ce que je peux raconter une blague raciste ? » [*]

Vous noterez que je souligne d’abord la politesse de la jeune fille plutôt que l’incongruité de sa requête, attendu que cette dernière pourra éventuellement prêter à rire alors que la politesse, jamais ! Je suis très vieille-France à ce sujet, je suis intransigeant et inflexible, même quand on a de très beaux yeux, un sourire d’ange et des manières de princesse qui a compris que la séduction ne passe pas uniquement par le paraître, mais aussi et sans doute surtout par l’intelligence.

Or bien que nous eûmes nos moments difficiles à ce propos, Priscilla est parfaitement consciente de l’importance de l’intelligence, d’autant plus qu’elle est entrée de plain-pied dans l’adolescence, à l’âge où s’affine l’identité et que l’ingratitude tient lieu d’affection. Qui bene amat, bene castigat et à ce petit jeu, les adolescents sont très forts ; on leur pardonne, car en général on les aime.

Racisme : les dix positions ?

Et si j’ai choisi de vous entretenir du racisme et de la meilleure manière de l’intégrer dans l’éducation libertarienne, c’est précisément parce que les enfants et a fortiori les adolescents sont du pain béni pour tous les pères-la-pudeur, les jocrisses, les refoulés et autres moralisateurs, dans la mesure où ils ne sont pas finis.

Il est vrai que certains d’entre eux sont doués au point d’être capables de résoudre des calculs matriciels qui me semblent aussi abscons que les six Samhitâs dans leur version en Magyar ancien ; je sais que d’autres dissertent finement sur Sándor Marai alors que je dois être à peu près le seul hurluberlu à le lire au XXIe siècle ; enfin je suppute qu’il existe de ces petits emmerdeurs qui se disputent avec précision sur la pertinence du ralliement de Marc Antoine à Lépide attendu qu’il était évident qu’Octavien allait les niquer sévère.

Mais aucun – je dis bien : aucun ! – n’a encore l’outil critique qui permette de prendre une position intelligence sur le racisme, c’est-à-dire d’extirper le sujet de la gangue idéologique qui le protège envers et contre tout contre l’impudent qui aurait l’idée folle de poser la seule question valable: qu’est-ce que le racisme et en quoi le racisme devrait-il être condamné ?

Homo lave plus blanc ?

« Il vaut mieux rire d’Auschwitz avec un Juif que de jouer au Scrabble avec Klaus Barbie », disait Desproges et il avait raison, bien que je pense que le vieillard méritait sans doute de trouver un garde-chiourme compatissant qui pût égayer ses derniers jours, tant Simon Wiesenthal avait raison d’affirmer que « justice n’est pas vengeance ».

Parce qu’au-delà de ma fierté suscitée de père/ beau-père, il y a dans ce processus éducatif une difficulté substantielle tant notre époque a criminalisé la pensée et la parole : faire comprendre en quoi les pires élucubrations racistes des moins doués d’entre les bivalves n’ont pas à tomber sous le coup de la loi.

Desproges

Pierre Desproges.

Il est évident que la morale et l’éthique réprouvent le racisme, la science elle-même lui taille un costard sur-mesure, puisqu’en l’occurrence il n’existe absolument aucun argument recevable en faveur du racisme. Nous ne sommes certes pas tous égaux, mais enfin nous sommes définitivement du même règne (animalia), du même embranchement (chordata), du même sous-embranchement (vertebrata), de la même classe (mammalia), du même ordre (primates), du même infra-ordre (simiiformes), de la même super-famille (hominoidea), de la même famille (hominidae) et enfin du même genre (homo).

Mais quand bien même il s’avérait qu’un imbécile fini décidât d’éructer sa haine du nègre, du crouille ou du niakoué, j’affirme à mes enfants, mes beaux-enfants et à l’humanité toute entière, avec laquelle je n’ai par ailleurs aucune affinité, qu’il est complètement absurde, et en dernière analyse tyrannique, de lui interdire d’étaler le produit de l’amas verdâtre et purulent qui lui tient lieu d’intellect.

Violence d’un regard noir ?

La règle, mes enfants, mes très beaux enfants, mes chers enfants, le principe le plus fondamental est celui de la non-agression qui inclut l’appel à la violence, au vol, bref à l’atteinte à la première des propriétés privées, c’est-à-dire de l’intégrité physique et matérielle de l’individu. La criminalisation du racisme n’est rien d’autre que l’imposition d’un ordre moral qui est comme tous les ordres moraux volatil et labile.

Les lois qui entérinent cette criminalisation sont très exactement liberticides et définitivement inacceptables : on combat les idées, même les plus avancées dans la putréfaction par d’autres idées, par la verve, par la rhétorique et par la science. Une opinion xénophobe ou raciste n’a pas à être passible de poursuites judiciaires. Non parce qu’il n’existe pas de racisme, mais parce que le délit d’opinion est simplement une abomination.

blague

Antoine Griezmann déguisé en Harlem Globetrotter…

Il va de soi que le racisme est viscéralement incompatible avec l’universalisme libéral : de par son holisme et son collectivisme ethnique, il se situe aux antipodes de l’individualisme que défend le libéralisme. Mes jeunes n’ont bien évidemment pas hésité à me renvoyer l’antienne bien récitée par leurs instituteurs, professeurs et autres moralisateurs : le racisme serait une violence faite aux humains qui, par conséquence, contrevient au principe de non-agression !

Vice roi des dingues

Eh bien non. Non, non, non – mille fois non ! et si vous vous sentez agressés, violentés par des paroles c’est que votre éducation n’est pas finie, vous n’êtes pas mûrs, sur le métier il vous faut remettre vos ouvrages ! Le racisme est à tout le moins un vice, sans l’ombre d’un doute, mais absolument pas un crime, sauf peut-être dans les cerveaux tout aussi embrumés des antiracistes patentés ou des politiciens qui y trouvent à bon compte un terreau fertile dans lequel faire pousser les lois et les interdictions légales qui justifient leurs existences et les font vivre.

 « Les vices sont les actes par lesquels un homme nuit à sa propre personne ou à ses biens. Les crimes sont les actes par lesquels un homme nuit à la personne ou aux biens d’autrui. Les vices sont simplement les erreurs que commet un homme dans la recherche de son bonheur personnel. Contrairement aux crimes, ils n’impliquent aucune intention criminelle envers autrui, ni aucune atteinte à sa personne ou à ses biens. » – Lysander Spooner

Et je refuse catégoriquement que n’importe quel enfant au monde, y compris ceux – et ils sont nombreux – que je n’ai pas reconnu, se fasse bourrer le mou avec ces fadaises, parce qu’elles ne sont qu’une partie d’un tout absolument méprisable et définitivement liberticide : le collectivisme.

Votre tolérance, messieurs-dames de l’antiracisme est à sens unique et n’est par là-même en aucun cas une vertu : c’est une tyrannie et celle de ceux qui ont érigé la paresse intellectuelle au parangon des valeurs qu’ils entendent imposer à tous, celle de ceux pour qui il n’est pas nécessaire de penser pour décréter et celle de lâches qui préfèrent déléguer à un tiers parce qu’ils n’ont pas le courage d’affronter eux-mêmes ce prurit infect qu’est le racisme. Vous me direz : avec les impôts, c’est pareil, ils délèguent le soin de voler autrui parce que, quand même, le vol c’est mal, sauf si c’est sous le couvert de la loi et sous l’égide de l’État.

BS

Calling Bullshit : “Le monde est submergé par la connerie”…

Le Bien harasse

Je veux, j’exige même que mes enfants critiquent et contestent l’antiracisme dogmatique. Je leur demande de refuser le prêt-à-penser et leur donnerai tous les outils pour qu’ils puissent étayer leurs opinions. Je défie quiconque de leur intimer l’ordre de rentrer dans le rang et je leur interdis à jamais de sombrer dans l’océan de boue qu’on nous propose en guise de valeurs.

Qu’ils apprennent d’abord que rien ne permet d’affirmer que l’un ou l’autre a droit à plus de considération, d’attention, de privilèges parce qu’il est « ceci » ou est issu de « cela », parce qu’il serait d’une minorité ou parce qu’il dispose, de naissance, d’un trait ou d’une caractéristique que le pouvoir du moment aura décrétés comme « le Bien ». Qu’ils soient humains, complètement, entièrement humains et sachent reconnaître en l’autre les qualités ou les défauts qui font qu’on soit admirable ou détestable.

Je veux enfin qu’ils ne renoncent jamais à leur esprit, leur intelligence, qui est ce qu’ils ont de plus précieux et de plus essentiel, car c’est lui et lui seul qui permet de distinguer entre le salaud qui hait le nègre et le tyran qui leur interdirait d’utiliser ce mot.

Car en définitive, s’il ne devait subsister qu’une maxime pour illustrer ce qui précède, ce serait a bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto.

 

Nord

[*] Il faut que je rende hommage à Priscilla en vous livrant ici quelques-unes de ses saillies :

  • Quel est le point commun entre un croissant et un bébé ? s’il est noir, c’est qu’il est raté !
  • C’est la nuit, une petite fille n’arrive pas à s’endormir et s’en ouvre à sa maman : « J’ai peur du noir, maman ! » Alors sa maman lui répond : « ne t’inquiète pas ma chérie, il est bien enfermé dans la cave ! »
  • Comment est mort Adolf Hitler ? Crise cardiaque à la lecture de sa facture de gaz.
  • Il ne faut jamais rire d’un arabe qui roule très mal à vélo : le vélo pourrait être le tien !