Ne vous étranglez pas
La DGE, vous connaissez ? C’est la Direction Générale des Entreprises, un organisme gouvernemental qui, comme son nom l’indique, veut du bien aux entreprises. Et comme toute administration qui vous veut du bien, le gouvernement justifie son existence avec la sortie d’un bon plan sorti de derrière les fagots.
Ainsi celui qui s’appelle « Action cœur de ville » charge la DGE de « piloter » le volet « commerce »… et doit contribuer à restaurer le dynamisme perdu des centre-villes ! Allo Tonton, pourquoi tu tousses ?
Appuyons-nous sur la une de leur n°39 qu’on trouve sur leur website, ici.
Il y a évidemment beaucoup à dire sur les trois témoignages apportés. Mais pour notre billet d’aujourd’hui, nous nous contenterons de l’introduction où un diagnostic est posé :
« La fragilisation des commerces de centre-ville est le révélateur d’une dévitalisation qui touche en France principalement les villes moyennes. »
Ah bon !? Tiens donc !? Doit-on rire ou en pleurer ?
Pitoyable : deux conséquences, mais la cause est totalement occultée. Et pour « cause », ils apportent la preuve de ce que les grands économistes français du XIXe siècle dénonçaient déjà à travers l’avènement du socialisme, idéologie manipulatrice des masses : la coercition fiscale et réglementaire posée par les élites politiques pour lutter contre des nuisances supposées induit systématiquement de futurs effets pervers qui leur serviront de prétexte pour prendre de nouvelles mesures qui s’avéreront encore plus pernicieuses.
À l’instar de l’ex-URSS, ce processus finit toujours mal. Car ce sont bel et bien la politique fiscale associé à toute la lourdeur bureaucratique qui contraignent et vont à l’encontre du « laissez-faire » des citoyens, qui ont fini par tuer le commerce des centres-villes.
Était-ce inéluctable ? C’est possible, mais quand le marché est faussé à grande échelle, il est difficile de refaire l’histoire.
Allo Tonton, pourquoi tu tousses ?
L’essor du mercantilisme des collectivités locales
La montée du socialisme dans les collectivités locales est en effet l’unique explication de cette faillite des centres-villes. Les promesses électorales se sont enchaînées au gré des élections et de la rivalité entre élus pour disposer des équipements les plus divers et variés (complexes sportifs, gymnases, centres culturels, bibliothèques, médiathèques, transports collectifs…) et pour arroser de subventions des myriades d’associations et autres centres sociaux ou de loisirs, tout en finançant sans compter et sans contrôle l’éducation, voire le régalien (police municipale, justice de proximité) pour pallier aux insuffisances de l’état, qui, soit dit en passant, arrose allègrement et généreusement les collectivités locales.
Évoquons un instant les aménagements des centres commerciaux qui se sont développés à l’extérieur des villes. Notons que c’est la fiscalité qui s’appliquait notamment sur le commerce des centres-villes qui a facilité l’implantation de cette concurrence. Les infrastructures des centres commerciaux ont été très largement financées par les citoyens et leurs entreprises.
Certes, le commerce de proximité devait s’adapter à cette nouvelle donne économique. Mais comment dire, lorsque vous chargez un peu trop rapidement la mule, vous ne croyez tout de même pas que vous pourrez encore la faire avancer très longtemps, si ?
Ainsi, les grands travaux publics qui accompagnent l’arrivée d’un centre commercial, les élus ont toujours aimé cela. Faut-il rappeler les scandales de corruption connus du grand public (tout comme ceux qui n’ont pas été médiatisés) autour des centres commerciaux, des travaux publics associés, de fausses factures ou de financements occultes des partis politiques ?
Les pots de vin versés ne sont pas des mythes, ils sont le quotidien et l’enrichissement de certains élus ne s’est ni fait par leur travail qu’ils n’avaient pas, ou par leurs indemnités de simples élus locaux.
Allo, Tonton, pourquoi tu tousses ?
Une corruption pour le bien des gens ?
Evidemment, tout individu qui bénéficie des retombées de cette corruption politique ne voudra pas voir qu’il participe à un vaste réseau qui n’a rien à envier à une mafia sicilienne ou calabrese. Au contraire, il est possible que pour le plus lucide, à l’instar d’un homme de main de la mafia, il dira que cela est organisé pour le bien ou la protection des gens.
Car avez-vous déjà vu un homme de main de la mafia dire du mal de cette organisation même qui le fait vivre ? Il y a fort à parier que tout récipiendaire de la mafia ne comprendra pas que d’autres puissent se plaindre de la protection offerte par celle-ci, moyennant une petite rétribution sur son business. A contrario, celui qui devra céder par la coercition une partie de ses efforts issus de son commerce libre, n’y verra pas un véritable bénéfice pour son commerce ou son industrie.
Les enjeux pour ouvrir ou maintenir un commerce de proximité ne sont pas les mêmes que pour un hypermarché qui entraîne avec lui les chaînes de magasins de bricolage, sports, chaussures, jouets, vêtements, maroquinerie, lunetterie… Un petit commerce ne joue pas dans la même catégorie que l’hypermarché au niveau de ses moyens financiers et des opportunités d’emplois.
Le code du commerce est empli depuis des lustres d’informations (souvenez-vous de la loi Royer de 1973) concernant les autorisations d’exploitation commerciale avec des seuils en fonction des surfaces et des populations de la zone de chalandise.
Disons que que cette volonté d’encadrement, pour prétendument protéger le petit commerce, l’a plutôt détruit en ne lui permettant pas de s’adapter et d’accroître autrement sa clientèle : forte fiscalité en centre ville, parking payant, limitation du nombre de places, haro sur l’automobile, transports en commun inadaptés, lois restrictives sur les horaires d’ouverture ou sur les panneaux d’affichage…
Osons dire que toutes ces autorisations et réglementations ont même été à la source de la corruption. Elles ont permis aux élus de contrôler l’arrivée des centres commerciaux dans leurs collectivités locales en facilitant les échanges de valises de billets.
Allo, Tonton, pourquoi tu tousses ?
Une fois de plus, un problème de droit
Nous ne pouvons pas avoir la prétention de supprimer la corruption en restant dans un paradigme socialiste : le socialisme ne peut se développer que dans une société corrompue, et il corrompt la société, toujours plus.
La corruption apparaît lorsque le droit de propriété est bafoué. Et le droit de propriété est bafoué lorsque des personnes dépensent l’argent des autres, soit pour eux-mêmes, soit pour d’autres. Le simple fait d’obliger les individus à payer des impôts et des taxes non consentis est une corruption, puisque ceux qui prélèvent se rémunèrent sur ce prélèvement et recrutent et rémunèrent des personnes chargées de constituer ce butin.
C’est le cas des élus et de l’administration qui abusent du pouvoir qu’ils ne devraient pas avoir. Tout d’abord, afin que le droit de propriété soit respecté, il y a trois conditions sine qua non à faire respecter par tout pouvoir :
- Un élu représentant des citoyens ne peut être autorisé à intervenir dans les affaires économiques de la Société.
- Un représentant politique doit exclusivement être garant des 4 droits énoncés à l’article 2 de la DDHC.
- Un mandat (explicite ou tacite) d’élu ne vaut qu’au sein du groupe de citoyens que cet élu est censé représenter. Il ne peut prendre des décisions ni pour ni à l’encontre de ceux qu’ils ne représentent pas.
L’administration n’est ni un préalable ni indispensable à la Société. L’administration n’a qu’une utilité relative liée à l’évolution sociale pour assurer la garantie du point 1) selon les articles 12 et suivants de la DDHC.
À l’instar du politique, elle est censée être limitée dans ses actions et se doit de respecter le principe de non-agression. Ce principe, même s’il peut être vu comme utopique, conduit à un fonctionnement de la Société où l’administration s’éteint progressivement au profit de l’augmentation de la responsabilité individuelle.
Pour que les points 1) et 2) soient rendus factuels dans le cadre du respect du droit de propriété, la Société doit dépasser toute forme de démocratie et/ou république et se diriger vers une organisation politique plus subtile, telle que la Panarchie.
En d’autres termes, c’est l’abus de pouvoir qui doit être limité et contrôlé par la Société des citoyens, et non l’inverse comme cela se passe aujourd’hui avec un gouvernement monopolistique et des élus qui interviennent constamment dans des décisions économiques par l’utilisation abusive de l’argent des autres.
Or une association politique est une forme de commerce qui doit se confronter à la liberté individuelle et au marché pour convaincre. C’est ainsi au citoyen de choisir son prestataire gouvernemental selon l’offre en concurrence et en fonction de ses besoins. Tout citoyen ne doit plus être l’objet de la manipulation des foules.
Allo Tonton, pourquoi tu tousses ?
Dégager la DGE
Maintenant, juste pour le fun, essayons de percevoir la logique qui aurait toujours dû s’appliquer au sujet du commerce de centre-ville.
Les commerçants d’un centre ville s’organisent, selon leur volonté individuelle, en une ou plusieurs associations pour développer leurs activités et animer le centre ville. Ils cotisent à hauteur des enjeux qu’ils définissent et qui leur permettent d’attirer le chaland.
Les citoyens, directement ou à travers d’autres associations, peuvent se joindre à l’action de ces commerces ou faire respecter leur droit de propriété s’ils s’estiment victimes de nuisances.
Enfin supposons que des entrepreneurs s’associent pour envisager l’implantation d’une zone commerciale à l’extérieur de la ville. C’est à cette association d’intérêts particuliers de prévoir le financement et l’étude d’aménagement de leur zone commerciale, d’en acquérir les terrains auprès des propriétaires en tant que maîtres d’ouvrage et en choisissant les maîtres d’oeuvre pour réaliser les travaux. Et là encore, toute nuisance au regard du droit de propriété s’examine sans difficulté devant ses représentants politiques et/ou tribunaux.
Simple, non ? Pas besoin de politiques interventionnistes et corrompus pour mener à bien un projet d’intérêts privés. Et ce n’est sûrement pas la DGE et son énième plan qui revitaliseront les centres-villes.
Si vous ne comprenez pas la différence entre ce principe et celui qui est appliqué actuellement, je vous donne une piste de réflexion : regarder qui risque sa peau dans un projet et voyez celui qui paye. Faites de sorte que ce soit toujours celui qui paye qui prenne les décisions et assume le risque, et personne d’autre.
Allo Tonton, pourquoi tu tousses plus ?
Bellegarrigue