« L’ignorance générale entraîne l’inaction générale. » — Alexandre Soljenitsyne

Devoir affilier doux

Cette semaine nous apprenions que deux personnes et deux associations étaient condamnées pour « incitation à se désaffilier à la sécurité sociale », par de la prison (avec sursis) et de fortes amendes.

Libérés

Libérés de la Sécu.

Le gouvernement a décidé de sévir contre ceux qui remettent en cause le monopole de la sécurité sociale, et de mater la rébellion. Le site officiel de la sécurité sociale indique :

« De lourdes sanctions pénales (peine de 6 mois de prison et 15.000 € d’amende) sont prévues à l’encontre de toute personne qui incite les assurés sociaux à refuser de se conformer aux prescriptions de la législation de Sécurité sociale, et notamment de s’affilier à un organisme de Sécurité sociale ou de payer les cotisations dues. » [L. 114-18 du code de la Sécurité sociale]

Ces sanctions sont aggravées à l’encontre de toute personne qui, par voie de fait, menaces ou manœuvres concertées, organise ou tente d’organiser le refus des travailleurs indépendants à se conformer aux prescriptions de la législation de Sécurité sociale. [L. 652-7 du code de la Sécurité sociale]

En outre, toute personne ayant fait souscrire à une personne un contrat garantissant les risques couverts par la Sécurité sociale alors que celle-ci n’est pas à jour de ses cotisations de Sécurité sociale est tenue solidairement responsable des cotisations maladie et retraite qui auraient dû être versées. [L. 652-4 du code de la Sécurité sociale]

A noter : le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2015, actuellement en discussion, prévoit des sanctions pénales pour toute personne qui refuse délibérément de s’affilier ou qui persiste à ne pas engager les démarches en vue de son affiliation obligatoire à un régime de sécurité sociale (peine d’emprisonnement de 6 mois et/ou 45.000€ d’amende).

Esclaves aveugles

Des milliers d’indépendants ont quitté la sécurité sociale ces dernières années. Artisans, commerçants, professions libérales se sont assurés dans le privé, car il faut rappeler que la « sécurité sociale » n’est qu’une assurance santé, comme n’importe quelle assurance. Une assurance qui coûte cher, très cher, trop cher, pour un service qui s’étiole au fil du temps.

La question c’est de savoir pourquoi les indépendants ont cette fâcheuse tendance à vouloir s’émanciper du mécanisme imposé, alors que très peu de salariés ont cette ambition ?

C’est très simple. Un indépendant fait ses chèques lui-même. Chaque trimestre par exemple, il paie la rançon demandée, et sait donc exactement que la gratuité vendue du modèle français n’existe pas. Un salarié se voit prélevé à la source, il devient aveugle de sa part de travail qui est ponctionnée, et le manque de curiosité fait le reste. Puisque nous sommes nés esclave, c’est peut-être notre condition normale d’existence.

Bon sans mais c’est bien assuré

L’avantage indéniable pour l’Etat, c’est que le bouc émissaire du salarié qui s’estime mal payé, c’est le patron. L’Etat, pourtant si présent, s’est rendu invisible alors qu’il est grandement responsable de cet état de fait. Cette part prélevée à la source, c’est le salaire socialisé, une idée socialiste, l’idéal étant de prélever le tout et de fournir les services « à chacun selon ses besoins ». C’est le choix supposé être français.

L’ignorance consiste à croire ce qui est répété depuis notre naissance. Nous posséderions le meilleur système du monde, il serait gratuit, que sans lui nous mourrions dans la rue, qu’il n’existerait plus de santé, plus de toubibs, d’infirmières ou de sages-femmes. Répéter ce mensonge a fini par le rendre vrai pour la majorité.

Avec un peu de réflexion, c’est comme de dire que sans assurance voiture les voitures disparaîtraient comme par enchantement. C’est penser que le médecin ne l’est que par l’assurance, et non ses compétences.

C’est aussi ne pas prendre quelques minutes pour regarder les autres pays du monde, et s’apercevoir que de meilleurs systèmes existent, et qu’ils ne sont pas monopolistiques. C’est encore ne pas comparer les coûts pour chaque individu, et les services associés. Une assurance privée coûterait moins cher pour de meilleurs services. En d’autres termes, cela ne bénéficierait pas aux plus riches comme nous l’entendons, mais bien avant tout aux travailleurs les plus modestes.

En outre, si le modèle français était si bon, seuls quelques fous le quitteraient, et il n’y aurait pas besoin de condamner toute tentative d’y échapper.

Injustice sociale

Dans son Article 4, la DDHC indique que « la liberté consiste à ne pas faire ce qui nuit à autrui ». Le législateur a décidé que le fait de se substituer au collectivisme dans le domaine de l’assurance santé était une nuisance aux autres individus. Il est évident qu’un individu qui perçoit la CMU-C, c’est-à-dire l’open bar dans le domaine, ne risque pas de quitter le dispositif, encore moins de remettre en cause le monopole – cela ne lui coûte rien. Et que si les autres individus prennent leur liberté, le « pauvre bougre » en subira les conséquences. C’est imparable, la loi vient protéger les droits, l’égalité doit être assurée, coûte que coûte.

Jamais l’idée libérale, mise en place dans le monde entier, « naturellement », consistant à la solidarité par les associations, ne vient sur le tapis. On peut imaginer sans effort qu’une association puisse passer un contrat avec une assurance pour prendre en charge les soucis de santé des indigents.

Ça a existé en France, avant la nationalisation du dispositif par les communistes pour la création de la sécurité sociale. Le français a la mémoire courte.

Archipel du goulag

Ainsi donc, des individus sont aujourd’hui des délinquants, juste pour avoir demandé leur liberté. La bureaucratie applaudit, les intermédiaires sautent de joie, les syndicats jubilent et les politiques exultent, les socialistes se réjouissent.

Tous ceux qui vivent du travail des français, ni plus, ni moins. Un budget de plusieurs centaines de milliards annuels, un magot immense, ça ne se lâche pas comme cela.

Peu importe le lien qui nous lie à eux, car chacun a ses raisons de remettre en cause le monopole, et nous n’avons pas tous des affinités. Nous devons les soutenir, car ils se sont exposés pour tenter de sortir de l’ignorance le maximum de français.

Le soutien peut prendre toutes les formes que chacun juge utile. De la participation aux frais de procédure à la bafouille, tout est possible.

Ne remettez pas en cause le monopole, n’incitez pas : il y a un côté « Archipel du goulag » dans l’idée, mais c’est ainsi. Contentez-vous, autant que vous le pouvez, de convaincre les gens autour de vous de la folie du système auquel ils participent sans même le savoir bien souvent.

 

Erwan