Plus cher, c’est mieux
Cette semaine, notre mineur détourné depuis élu président s’est exprimé ainsi devant le gratin (un peu cuit) de l’agriculture de ce pays :
En son temps, Jack Lang de Blois nous avait déjà habitué à un niveau de mensonge spécialement gratiné, justement, mais au moins on le savait ouvertement de gôche, ça expliquait en partie. Mais voilà que le Jupiter Schrödinger (*) pousse le bouchon au moins jusqu’à Maurice (l’île) avec cette phrase magnifique où il nous joue le menteur qui traite les autres de menteurs sans comprendre son propre mensonge.
(*) Le Jupiter version Schrödinger est à la fois à gauche et à droite en même temps, sans jamais qu’on le surprenne ici ou là.
Les gens du sort
Que nous dit Manu dans sa première phrase ? Que ce serait mentir aux « gens » que d’affirmer qu’il est toujours possible et même une bonne chose de vendre moins cher. Ces « gens » bien sûr, c’est vous et moi, c’est nous en fait. Les consommateurs, ce ne sont jamais que les 65 millions et quelques de Français que nous sommes. Ces « gens » qui ont eu, pour certains du moins, cette idée bizarre de porter cette tache économique au pouvoir pour qu’il fasse leur bonheur.
D’un autre côté, dans sa seconde phrase, Manu parle par contre à son parterre de fleurs de la grise culture, les producteurs. Ils sont combien en France ? Quelques milliers tout au plus. Et donc parce que ces rares producteurs seraient dans la « misère », qu’ils subiraient le sort de l’adversité de l’affreux marché que nous tous créons librement, il faudrait que tous les Français, tous consommateurs aux poches vides, subissent des prix plus élevés pour permettre à une minorité infime de s’engraisser ?
Vous avez demandé la justice sociale…
Non, Monsieur le Président, ce n’est pas comme cela que ça marche, l’économie juste et réelle. Et je pense que vous le savez.
Dans un pays libre et riche de son bon sens, il y a deux choses qu’on ose dire et qu’on n’oublie pas, du moins quand on est un peu sérieux.
La première, c’est que pour être producteur, il faut être entrepreneur et qu’en agriculture comme dans tous les autres domaines, pour être un entrepreneur qui dure et donc qui gagne (honnêtement) de l’argent, il s’agit d’être compétent et performant. Dans n’importe quel secteur d’activité, on trouve logique et normal qu’une entreprise ferme boutique et fasse faillite lorsque son projet est farfelu, qu’elle est mal gérée ou que ses produits ou services ne correspondent plus aux besoins ou au niveau de prix du marché.
Pourquoi en irait-il autrement en matière agricole SVP ? Ce secteur est formidable : il suffirait de s’installer et de s’improviser paysan ou laitier pour devenir aussitôt un entrepreneur modèle, rentable et aux meilleurs produits du monde. C’est bien sûr ridicule, mais personne n’ose le dire.
Ensuite et peut-être surtout, un gouvernement soucieux de justice envers son peuple se préoccupe de ses consommateurs d’abord, parce qu’ils sont de loin le plus grand nombre. Or pour les consommateurs normaux, la fuite de leur misère réelle ou simplement possible les conduit à chercher des prix moindres. Comme des taxes moindres, d’ailleurs.
La possibilité d’une baisse des prix est ainsi toujours une bonne chose sur un marché. Si vous pensez qu’il y a des exceptions, demandez-vous comment l’état a triché et faussé le marché, car lui seul peut faire un tel mirage.
Cela veut dire qu’un gouvernement sérieux ne succombe pas à la moindre sollicitation de la part du moindre des lobbies, y compris de celui de la cris culture, surtout quand la possibilité de prix moindre est en jeu.
La véritable justice sociale, c’est de ne jamais intervenir pour protéger les producteurs au détriment des « gens », Manu.
Ca tombe bien, cela revient à ne rien faire, à laisser faire le marché. Exactement ce que déteste tout politichien, forcément, car cela démontre son inutilité (celle du politicien, hein) et même sa nocivité – la preuve en est ici donnée, une fois de plus.
Fallait pas croire les tas
Je suis sûr que beaucoup ne manqueront pas à ce stade de leur lecture, s’ils sont encore là, de m’objecter que de nombreux producteurs se retrouvent dans une situation réellement critique parce qu’ils ont suivi les recommandations de l’état à s’installer, qui pour produire du lait, qui pour faire du porc et qui encore pour faire du « bio ».
Mais dites-moi, puisque le fonctionnaire qui vous a ainsi conseillé était si sûr de lui, si votre projet agricole était si solide, que n’a-t-il investi dans votre affaire avec ses deniers personnels ? Alors comme ça, il serait logique de mettre tout son fric et tout son boulot dans une laiterie ou soue pour être sûr de faire fortune ou même être sûr de bien gagner sa vie jusqu’à la retraite ? Mais si les recettes miracles de ce genre existaient, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus de pauvres sur notre belle planète verte.
La vérité, c’est qu’un agriculteur doit d’abord être un entrepreneur, que ce n’est pas donné à tout le monde et que seule la libre concurrence verra à la fois les prix baisser, la qualité monter, la variété des produit grandir et les mauvais avoir une autre chance.
Euclide