Shérif, on tourne !
Dans certaines villes américaines, les policiers sont équipés de mini-caméras portées sur le torse ou à l’épaule. Elles permettent d’enregistrer les faits et gestes des policiers, bien sûr, mais aussi des éventuels suspects.

L’Oeil était sur l’épaule et regardait Cain…
Ceci évite des plaintes ou des affaires montées en épingle qui finissent par des émeutes : par exemple, la ville californienne de Rialto a réussi à faire chuter les plaintes contre ses forces de l’ordre de 88% à la suite de la mise en place de ce dispositif. Non seulement les policiers sont plus respectueux des règlements, mais surtout les arrestations ne donnent plus lieu à toutes sortes d’accusations fantaisistes de violences policières supposées.
David B. Muhlhausen, le nouveau directeur du National Institute of Justice (NIJ, Institut national de la justice) rapporte que son agence, qui est en charge d’évaluer scientifiquement les politiques publiques en matière de justice aux Etats-Unis, vient de conclure une enquête statistique à Las Vegas.
Cette étude conjointe du NIJ, de la police métropolitaine de Las Vegas (LVMPD) et de l’Université du Nevada est importante. C’est une expérience de contrôle aléatoire (ERC) de 12 mois impliquant 416 agents. Ce type d’étude est ce qui se fait de mieux en matière de traitement statistique. C’est à ma connaissance la deuxième étude de ce type sur ce sujet. Comme l’étude précédente, ces nouvelles recherches, commanditées par le NIJ, ont déterminé qu’à Las Vegas, les mini-caméras portées par les policiers bénéficient à la police et au public.
L’étude a révélé que les policiers sont plus proactifs dans la prévention du crime lorsqu’ils portent une caméra.
De plus, le public a déposé moins de plaintes contre les agents de police. Ces derniers étaient moins susceptibles, de plus de 14%, d’être appelés à la barre pour répondre de plaintes de citoyens. Les caméras portées ont également réduit les incidents liés au recours à la force.
Ceci abaisse d’autant les coûts consacrés aux enquêtes, ce qui se traduit par des économies importantes. L’étude estime que les économies nettes par agent portant une caméra se situent entre 2.909 et 3.178 dollars par an.
De leur côté, les forces de l’ordre ont fini par adopter le système. « Lorsque nous avons proposé pour la première fois l’idée de caméras portées sur le corps, nos agents étaient réticents », a déclaré le shérif Joe Lombardo du LVMPD. « Ils ont eu peur que les caméras les gênent dans leur travail, mais ils ont rapidement découvert que [la caméra] est leur meilleur témoin. »
Exavision pour l’Hexagone ?
En France, malgré quelques expériences ici ou là, la Police Nationale a plus ou moins laissé tomber l’affaire.
La CNIL s’en est mêlée, assurant que la réglementation serait kafkaïenne. Et la presse a bien évidemment laissé entendre qu’aux Etats-Unis, les mini-caméras étaient un demi-échec : dans un monument « traduttore traditore » dont il a le secret, le journal Libération fait appel à deux articles du New York Times sur le sujet pour dire l’inverse de ce que les études américaines disent vraiment !
Et on a choisi une caméra française – Rassurez-vous Madame Bourdelle, c’est français c’est la police française ! – à mille et quelques euros l’exemplaire quand celles des policiers américains coûtent environ 100 à 300 euros ! Bien sûr, le PDG de la société Exavision qui les fournit reconnaît lui-même que son « matériel est dépassé » car il a été conçu il y a 5 ans…
Bref, il est incontestablement grand temps que le Ministère de l’Intérieur crée une commission en charge de réfléchir à l’inscription de cet investissement au plan quinquennal 2051-2055 !
Philippe Lacoude