Tomber le Marx

L’inénarrable quotidien français Le Monde publiait en date du 13 novembre 2017 une tribune absolument fabuleuse, incroyable de franchise et sans équivoque : l’avenir sera marxiste ou ne sera pas (sinon nous allons tous mourir dans d’atroces souffrances).

Vous savez quoi ? Je trouve ça très bien. Parce qu’ils ont définitivement tombé le masque !

Poing Vert-Rouge

Poing Vert-Rouge

Que je vous explique.

Il s’agit de la profession de foi signée par 15.000 « scientifiques » affirmant que la planète ne pourrait pas être sauvée sans abandonner le mode de vie occidental. Comprenez : l’Occident consumériste ultra-turbo-libéral est le Mal.

Il y est question d’abandonner la viande au profit des végétaux ; l’énergie fossile au profit de la verte ; le progrès au profit de la décroissance ; la liberté de procréer au profit du contrôle démographique. Hello Mister Malthus !

Save The Planet

En décortiquant un peu, sans même regarder bien loin, on décèle un sous-jacent parfaitement rouge et complètement collectiviste, sur fond de peur primale de la mort, presque millénariste et résolument totalitaire. Il n’y est pas question de choix et encore moins de raison. Il est question d’obéir : « Fais silence, manant, tu vas faire comme je te dis (sinon tu vas mourir) ».

Alors bien sûr, manger de l’herbe et pédaler du matin au soir par tout temps par conviction, pourquoi pas ? Je n’y vois aucun inconvénient, à partir du moment où il s’agit réellement d’un choix personnel qui n’est pas imposé à autrui.

Mais ici nous sommes dans un schéma tout à fait différent. L’exhortation est faite de manière prophétique, afin que le brave individu (qui ne le sera bientôt plus, d’ailleurs) adopte de gré ou de force un comportement de repentance dans un espoir de rédemption sous peine de voir la planète, notre Mère à tous, Gaïa, lui claquer le museau de méchante façon ! On passera un voile pudique sur les arguments prévisibles et entendus : Obama avait fait beaucoup et Trump a tout défait ; les climato-septiques sont des criminels, etc.

Un marxisme peut en cacher un autre

Mais au-delà de ces considérations somme toute très banales, j’aimerais vous livrer le fond de ma pensée : tous ces gens sont marxistes ! Certes tous ne sont pas de la même école, mais le fond de leur pensée est limpide : c’est le collectivisme à la place de l’individualisme ; la planification à la place du libéralisme ; un totalitarisme au lieu de la liberté.

Ils tiennent l’argument ultime que même leurs prédécesseurs n’ont pas pu (ou su) approcher pour justifier la mainmise sur chaque aspect de notre vie : les premiers affirmaient que l’Occident était mauvais pour des raisons sociales (et l’histoire leur a donné tort), alors que les seconds affirment que nous allons tout simplement mourir. Et comme les enjeux sont énormes, le substrat scientifique incompréhensible pour la majorité, la téléologie très précisément fantasmagorique qu’ils nous servent – la fin du monde, rien de moins – est un argumentaire imparable.

Et je vais sans doute vous étonner, mais je ne pense pas que le noyau dur de ces gens soit idiot au point d’envisager qu’ils pourraient atteindre leur but en usant des mêmes doctrines, stratégies et tactiques que leurs prédécesseurs : ils savent que le socialisme, le communisme ne fonctionne pas, ne peut pas fonctionner. Ils sont parfaitement convaincus que le résultat de l’aventure marxiste est une faillite désastreuse dans toutes ses composantes possibles et imaginables.

Alors à partir de là il est indispensable de créer, artificiellement, les conditions de l’avènement de leur délire collectiviste afin que l’inefficacité chronique de leur système économique soit gommée, du moins au début, et soit en mesure de soutenir pendant un temps les besoins de la collectivité. En d’autres termes, ils ont identifié les domaines dans lesquels leur modèle est incapable d’assurer la production et ils ont trouvé la solution : si on ne peut pas garantir la fourniture de tel ou tel produit, de tel ou tel service, qu’il disparaisse, voilà tout ! Il suffit d’éradiquer la demande avant même que les carences d’un système économique collectiviste ne fassent disparaître l’offre, comme ce fut le cas dans tous les pays du bloc communiste pendant l’ère de la guerre froide.

Vertu meurs

Exemple évident : si produire de la viande est plus complexe et plus coûteux que produire des végétaux, alors il faut diaboliser la viande. Puis il faudra réguler la faune, puisque les ruminants ne sauraient se multiplier (puisqu’ils ne seront plus bouffés) sous peine de tuer Gaïa à coup de flatulences gavées de méthanes. Et il faudra aussi qu’une autorité suprême réorganise et réglemente strictement l’utilisation du territoire (ils disent « nature », c’est plus mignon que « territoire ») car on ne saurait laisser à l’individu la liberté de vivre, construire et prospérer où il le désire.

Ne riez pas : c’est déjà le cas dans certains pays européens comme les Pays-Bas. Ainsi la Flandre belge envisage d’interdire toute nouvelle construction à partir d’une date qui reste à définir, mais on parle de 2030. L’homme, selon leur définition, détruit, massacre et pille s’il n’est pas contrôlé, donc on entend le concentrer (sans jeu de mot sordide) dans des ensembles urbains et périphériques, mais pas ailleurs. Le tout enrobé d’appels à la « vertu », la leur.

Une doctrine, voire un culte, dont on se souvient fort bien des résultats, particulièrement ceux abominables de 1789 à 1794. Ou pas, c’est selon : pour les collectivistes, Robespierre est un exemple à suivre et une source d’inspiration. Et si quelques gueux, va-nu-pieds ou autre pré-prolétaires furent raccourcis, éventrés, défenestrés ou plus simplement démembrés par une populace chauffée à blanc, eh bien c’est certes regrettable mais enfin voyez-vous, on ne fait pas une révolution sans casser des œufs.

La science qu’on croix

Enfin, il reste la diffamation, le mensonge et finalement la propagande. Peu importe que leurs diatribes sur la croissance, l’économie, le capitalisme, le libéralisme, la science climatique, etc. soient des faux évidents et grotesques, des inventions monumentales, des gabegies sans pareil !

Ils sont comme les juges de Galilée : ils savent fort bien que ce qu’ils défendent c’est du flan, du vent, de la poudre-aux-yeux. Mais ils ne peuvent le reconnaître sous peine de perdre leur statut, leur raison d’être et leur pouvoir.

L’Église savait fort bien que la terre tourne autour du soleil, mais l’admettre l’eut affaiblie, ébranlée, voire anéantie (un peu comme l’est la chrétienté catholique actuelle). Laisser la contradiction s’installer et s’exprimer sur la place publique revient à saper l’argument d’autorité dont fait partie cette tribune signée par ces 15.000 scientifiques, dont on peut toujours se demander s’ils sont plus à la recherche de subventions que de découvertes … scientifiques.

On mettra donc aussi la main sur l’éducation, non pas d’une autorité brute et crasse, mais en affirmant (et je cite) qu’il faut « […] réduire le gaspillage alimentaire par l’éducation […] et multiplier les sorties en extérieur pour les enfants afin de développer leur sensibilité à la nature, et d’une manière générale améliorer l’appréciation de la nature dans toute la société ». L’endoctrinement remplace définitivement l’enseignement.

Marx Vador

Je vous proposerai dans un prochain billet une analyse de chacune des propositions de ces tyrans, vous allez rire. Ce qu’il convient de retenir à ce stade, c’est l’incroyable avancée de la doxa collectiviste de gauche (il en existe une de droite et je la hais tout autant, rassurez-vous) et la place désormais incontestable qu’elle a acquise dans cette société occidentale qu’elle entend abattre.

C’est son seul objectif, même si parfois le sous-jacent écologique est sensé, il ne s’agit que d’un moyen pour atteindre un but politique et rien d’autre. Je suis convaincu qu’il y a plein de gens de bonne foi qui leur emboîtent le pas, soutiennent leur programme, jouissent à l’idée de ne plus devoir se poser de questions, tant la grille de lecture est facile à appréhender, précise et globale – en un mot : totalitaire !

Et à force de déstructurer, de falsifier, d’effrayer, ils y parviendront peut-être : leur modèle s’imposera tout seul, de lui-même na-tu-rel-le-ment !

Oh sans doute pas partout, pas tout de suite, mais ils y arriveront bien un jour, parce qu’ils jouent sur les peurs, l’ignorance et la veulerie ; parce qu’ils promettent à la fois un monde meilleur et une damnation certaine, si on ne change rien.

Pourtant : « C’est la négation de la liberté humaine et la volonté d’imposer au peuple les mesures nécessaires à son bonheur. L’écologie est la nouvelle maladie infantile du communisme. Ses principaux animateurs sont passés du rouge au vert. Ils ont été repeints, mais ils défendent toujours la même vision du monde : l’individu ne sait pas ce qui est bon pour lui, c’est à la société de le lui apprendre. » (Christian Gerondeau)

L’écologie est la nouvelle maladie infantile du communisme … en effet, et comme ils nous promettent leur paradis – nous aurons l’enfer.

Nord