Imposer un point de vue

Après le mariage homosexuel, l’état a décidé de légiférer sur la PMA et la GPA, et donc sur le statut de l’enfant dans la société. L’état est ainsi engagé dans un agenda sociétal, qui a pour but, comme le nom l’indique, de modifier la société. Ce qu’on appelle aussi de ingénierie sociale.

Il n’y a pas vraiment de débat dans ce domaine. Plutôt des invectives. L’état se définit comme progressiste, les opposants à ses projets sociétaux y voient plutôt une régression.

Faisons preuve d’originalité dans ce débat, en exposant un point de vue libéral.

Le libéralisme, c’est la liberté. Il ne préconise rien en matière sociétale, ni pour ni contre la PMA, bien au contraire, comme on dit en politique. La problématique du libéral, ici, c’est la légitimité de l’état à imposer un point de vue, un mode de vie. Evidemment, on lui rétorquera que si l’état n’est pas légitime, comment faire ?

Examinons d’abord la légitimité de l’état, puis nous exposerons la méthode libérale. En matière de PMA, GPA, mariage homosexuel, homoparentalité, et autre ingénierie sociétale, répétons-le, il n’y a en fait pas de débat. Chacun a sa vérité. L’état a-t-il une légitimité pour décider de changer des pratiques millénaires ? Et, surtout, pour imposer des pratiques et des opinions ?

En effet, par ses décisions, l’état définit une norme. Il peut ainsi punir ceux qui critiqueraient cette norme. Si l’état contrôle le système éducatif, il y impose cette norme. S’il contrôle la santé, que vous soyez d’accord ou pas avec la PMA-GPA, vous financerez les accouchements, par l’impôt. Tout comme les pro-vie financent les avortements. Les mères célibataires sont plus touchées par la pauvreté, donc si elles ont eu un enfant par PMA, que vous soyez d’accord ou non, dans les faits vous financerez l’aide sociale. Il s’agit donc réellement d’imposer une norme sociale. Ce qui est anti-libéral. Et, pourtant, l’état affirme défendre la liberté. C’est écrit sur nos frontons.

Famille

PMA, GPA, où est la liberté, et que cache-t-elle ?

Des mots crassie ?

La réponse communément apportée est la démocratie. Les dirigeants de l’état sont élus, ils seraient donc légitimes. Cependant, où commence, et où s’arrête, la liberté des citoyens ? Doit-on considérer que, puisque le gouvernement représente une majorité des électeurs, les minorités n’ont aucun droit ? On nous affirme que si, pourtant. De plus, en réalité, un gouvernement ne représente que la plus forte minorité, n’ayant que rarement une majorité absolue des électeurs votant pour lui. Il peut aussi être élu par défaut, les électeurs pouvant dédaigner de voter ou voter blanc car ils considèrent que personne ne leur présente de programme intéressant. Enfin, l’état est très puissant. Il impose son calendrier, les experts qui sont consultés, et peut très facilement orienter le débat. Par conséquent, l’élection ne justifie pas qu’un état s’occupe à ce point de transformer la société. Ni surtout que l’état décide quelle est la vérité.

Par ailleurs, notons que les transformations sociétales ne se font pas forcément démocratiquement. Parfois, les juges peuvent décider qu’il faut changer les pratiques. Par exemple, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a condamné l’Italie, le 14 décembre 2017, car celle-ci ne reconnaissait pas les unions homosexuelles contractées à l’étranger. Aux USA, c’est la Cour Suprême qui décide sur les sujets sociétaux.

Evidemment, on rétorquera, à la manière de Churchill, que la démocratie est le pire système à l’exception de tous les autres. Et on dédaignera de s’intéresser aux problématiques de limitations des pouvoirs, pourtant au cœur de l’idée de démocratie. Cependant, il y a une autre méthode. La méthode libérale…

Pays libéral ?

Imaginons un pays libéral. C’est-à-dire, un pays sans état. Utopie ? Ce n’est pas ici la question. Le sujet, c’est de montrer comment se feraient, ou pas, les transformations sociétales.

Le principe du libéralisme est la liberté, son corollaire la non-violence. Chacun est libre de disposer de lui même, de ce qu’il possède, acquiert. Chacun est maître chez lui, dans sa propriété. Chacun est, par conséquent, responsable. Nul n’a le droit d’user de violence sur autrui. Sauf en cas de légitime défense, justement si ce principe est transgressé.

Dans une société libérale, ainsi, la liberté d’opinion et d’expression est fondamentale. Votre comportement peut être critiqué par tout un chacun. Vous pouvez vous voir refuser l’accès à une propriété privée car vos actes sont désapprouvés (et il n’y a que des propriétés privées dans une société libérale). Si vous êtes pro-avortement, vous pouvez, librement, financer des avortements. Si vous êtes pro-vie, vous ne financerez pas les avortements. Vous pouvez choisir l’éducation de vos enfants. Choisir de financer les écoles que vous voulez. Ou pas.

La conséquence, c’est une sorte d’hyper-démocratie. C’est véritablement le peuple qui décide des comportements les plus couramment acceptés, sans qu’aucun comportement, tant qu’il n’est pas violent, soit interdit – au sens de l’arbitraire étatique. Si une femme veut pratiquer la PMA et avoir un enfant sans père, elle évaluera sa capacité matérielle à l’élever, les réactions de son entourage, le coût de l’insémination, les aides dont elle peut disposer. Tout comportement se décidera en fonction de critères personnels. C’est une société définie par en bas, par les gens, par le comportement de chacun, et non par le haut, par l’état. Il n’y a aucune coercition, rien d’imposé. Mais de ce fait, liberté et comportements sont nivelés par le haut, de proche en proche.

On voit tout de suite que le problème, dans les questions sociétales, c’est en fait l’état. Pour laisser évoluer la société, il faudrait que l’état laisse les gens libres de l’éducation de leurs enfants, libres de financer ou non la PMA ou l’avortement. Et donc aussi responsables. Quand l’état s’occupe de tout, s’immisce dans tous les aspects de la vie de tout un chacun, la société n’est plus libre d’évoluer.

La solution, c’est donc moins d’état… Ou pas d’état.

 

Artois