Un intérêt pour la conséquence, un rejet de la cause

L’élection du président au suffrage universel est une institution française : en deux siècles la révolution française a coupé la tête à un monarque absolu pour le remplacer par un monarque relatif. Mais la violence du peuple subsiste pour trouver un responsable a ses malheurs : le couperet des élections a remplacé la guillotine pour reconduire parfois ou éconduire souvent la noblesse d’état. Si l’institution présidentielle, sous le pernicieux terme de « suffrage universel », date de 1962, elle est pour les démocrates le summum de l’organisation politique. Le débat sur la validation du financement électoral des campagnes électorales pose sérieusement la question préalable de légitimité sur les pouvoirs donnés par un peuple à un individu.

mafia

La pieuvre de la mafia.

Même si culturellement, il peut sembler important pour nombre de citoyens composant le peuple d’avoir un chef pour un groupe, est-il nécessaire de remettre les clefs d’un pouvoir disproportionné à un seul individu ? Car même s’il est précisé que c’est la fonction présidentielle que la loi protège, on peut constater que l’immunité permet à l’individu de s’octroyer des recours juridiques divers et variés. La loi sur le financement de la campagne présidentielle est une loi constructiviste de plus : des problèmes surviennent et plutôt que de supprimer la cause, « on » s’intéresse à la conséquence pour expliquer que « promis, juré, cela n’arrive plus ». Jusqu’à la prochaine fois…

L’illusion de la séparation des pouvoirs

Tout d’abord, est-ce aux impôts de financer les campagnes politiques en général ? Certains vous expliquent que c’est la vie publique et que c’est bien aux impôts de la financer. En réalité, tout partie politique est de nature partisane donc « privée ». Et il n’y a aucune raison qu’une frange de la population s’accapare le droit de financer leur actuel ou futur abus de pouvoir. Car entre les abstentionnistes qui n’ont aucun intérêt aux joutes politiciennes mais qui sont obligés de financer, et les tous petits partis politiques qui sont exclus du financement et des médias, les partis qui ont le pouvoir organisent la loi à leur avantage, avantage qui se retourne contre eux lorsque la population est excédée de leurs outrances mafieuses inéluctables.

Avancer en reculant.

« Comme toujours, nous continuons d’aller de l’avant dans l’existence, tout en essayant de comprendre les choses à reculons. »

Et dans ce pays à l’ultra-législation ancrée, une loi supplémentaire est la bienvenue. Mais pourquoi diable ont-ils besoin du financement public ? Il paraît que c’est pour éviter la tentation de la corruption. Encore une tarte à la crème : en remettant le politique à sa place de bénévole centré sur le droit et en lui retirant toute intervention économique, le problème serait réglé. Mais avez-vous vu une mafia dire que racketter la population c’est mal, et qu’elle cessait donc toute activité mafieuse ? Non. Et la mafia politique ne va pas arrêter les siennes.

Mais au fur et à mesure, en ces sales temps où les réseaux sociaux sont à l’affût de tout ce qui bouge, il vaut mieux donner plus que des gages. Et nos politiciens ont prévu par la loi un plafond à ne pas dépasser… sous peine de se voir sanctionner et de ne pas être remboursé. Et comme d’hab, les politiciens ne savent pas compter : un plafond financier, c’est fait pour être dépassé. Et de trouver toutes les astuces pour éviter que cela ne se voit et n’apparaisse pas dans leurs comptes de campagne. Et manque de pot, cela finit aussi par se voir. Et la sanction, c’est de se retrouver devant des juges… politisés ! Les politiciens ont ainsi remis aux mains de la justice leur « vie politique ». Vive la séparation des pouvoirs et la république des juges… une autre mafia engendrée par cette « res publica » !

Continuons dans cette voie, c’est celle de l’impasse…

 

Bellegarrigue