La gauche est gauche ?

La gauche utilise énormément de novlangue, en utilisant des mots qui sonnent bien en apparence, ainsi que des procédés qui paraissent simples et efficaces pour rendre un monde « meilleur ». Son autre technique favorite est d’utiliser la peur, en diabolisant son adversaire, en lui accordant des calomnies sans nom dans le but de le discréditer. Le but de cet article sera de reprendre la novlangue chère à nos gauchistes pour l’appliquer à la droite, et se rendre que c’est en fait une inversion accusatoire.

Le libéralisme est égalitaire

Dans un épisode de « ONPC », Zemmour et Polony dialoguent :

Zemmour : « C’est tout le problème de cette gauche progressiste, qui croit que le progrès c’est avancer de nouveaux droits individuels et se croient en même temps anti-libéral ; or ils ne font que le lit du marché. »

Polony : « Parce qu’il y a en effet au cœur de ça, c’est la question du libéralisme, c’est à dire le libéralisme conçu comme l’extension infinie des droits individuels. »

En réalité, Zemmour et Polony n’ont rien compris au libéralisme, car celui-ci est plus paradoxal qu’il y paraît.

Droite ?

Natacha Polony, Eric Zemmour, tout un programme.

Le libéralisme est pour l’égalité devant le droit, c’est à dire que le libéralisme suppose le même droit, au sens du système juridique, pour tout le monde, ce qui d’une part le rend « égalitaire », tout en prenant en compte la complexité de l’être humain en le caractérisant comme « individu », c’est-à-dire une personne avec sa personnalité, son vécu, ses valeurs, ses passions, ses croyances, etc. qui lui sont propres.

On peut résumer cela par « on a le droit d’avoir des droits » : par exemple, on a le droit à la justice, mais ce droit-là sert aussi pour chacun d’avoir des droits de propriétés différents.

Grâce à cette perception, le libéralisme est aussi un humanisme, car il met l’être humain, l’individu au centre, et non pas dans un groupe, comme c’est le cas des idéologies socialistes. Nous sommes tous égaux devant le droit, et pourtant nous sommes fondamentalement tous différents (comme le dirait Thomas Sowell, une même personne n’est pas égale à elle-même pendant toute sa vie !)

Par suite, il n’existe pas de « droit individuel », qu’ils imaginent implicite dans le libéralisme. Car cela supposerait un droit qu’on n’accorde qu’à un certain type de personnes, ce qui l’éloignerait de son but initial, qui consiste à mettre tout le monde sur une égalité de droit : établir une spécificité pour un groupe en particulier, c’est faire le jeu du socialisme.

Le libéralisme est progressiste

À l’inverse, le libéralisme est « progressiste », car il met l’individu au centre : il croit en l’être humain et estime qu’il est capable de monts et merveilles, lui laissant émerger sa créativité la plus folle ; celle-ci aura une répercussion sur la société et lui permettra d’évoluer, parfois de manière révolutionnaire (tel Internet, pour ne citer que lui !)

Pourtant, le terme « progressiste » se retrouve en particulier chez les gens de gauche, qui le crient haut et fort, en se prétendant « modernes », « dans l’air du temps », etc. En vrai, ils n’ont jamais été aussi réactionnaires : prenons pour exemple la fameuse phrase de Hillary Clinton, qui dit « qu’il est temps de reconnaître nos privilèges » (entendez par là, les « privilèges blancs »).

À présent, analysons un discours typique défendu par les « progressistes » :

« Regardez comme les blancs nous spolient ! Ils accumulent les richesses qu’ils nous ont volées, avec des techniques sournoises. Les statistiques le démontrent : ils s’en sortent mieux que nous économiquement. Nous devons donc reprendre de force nos biens et les empêcher de nuire. »

Je pense en réalité qu’une déclaration de ce type nous fait remonter au moins à un personnage moustachu allemand de la Seconde guerre mondiale. Pas convaincu ? Je vous invite à y remplacer « blanc » par « juif « , et à reconsidérer ce discours. Par ailleurs, notons que les gauchistes divisent tout le monde en classes : en fonction du sexe, de la couleur de peau, de l’orientation sexuelle, etc.… ce qui est paradoxal pour des élèves de Marx qui prônent la lutte des classes, ne trouvez-vous pas ?

Etatistes

Frédéric Bastiat, revient !

Le libéralisme ne fait pas de classes, lui – à part entre celle des imposés et celle des imposeurs de taxes : il admet que tout le monde est égal devant le droit, tout en admettant la différence de chacun : il est en réalité très progressiste, car il laisse chacun générer son propre potentiel, quels que soient sa couleur, son sexe, etc. tout en admettant que chacun est égal face au droit.

Le libéralisme est pour la liberté individuelle

Dans « libéralisme », il y a « liberté ». Parmi ces libertés, il y a la liberté individuelle, ce qui est le contraire de « droit individuel » cher à Zemmour et Polony. Le « droit individuel » est quelque chose de très en vogue chez la gauche, car celle-ci veut donner de nouveaux droits à certains, tout en en prenant à d’autres (le plus en vogue est le collectivisme : voler la propriété de quelqu’un, pour la redistribuer à quelqu’un d’autre) .

Le libéralisme, lui, ne fait pas de distinction : soit tout le monde se voit garantie sa propre liberté personnelle, soit rien du tout ; mais en aucun cas on ne peut donner une liberté à quelqu’un tout en prenant celle de quelqu’un d’autre, ou pire, attribuer une liberté spécifiquement à quelqu’un tout en délaissant celle d’un autre.

Le libéralisme est altruiste

Un autre argument serait que les libéraux seraient égoïstes, et que les socialistes penseraient avant tout à la société, et donc au bien de leur prochain.

Or c’est en réalité l’inverse : les libéraux sont de faux égoïstes, là où les socialistes sont de faux altruistes : il est en effet tentant de dire, comme les libéraux mettent l’individu au centre de leur doctrine, qu’ils suivent par conséquent une doctrine égoïste. Or ce n’est nullement le cas : un individu, pour arriver à ses fins, aura toujours besoin des autres. On ne compte plus les jeunes talents qui montent leurs sociétés, génèrent du travail et donc, dans les faits, fournissent du travail à ceux dans le besoin.

Cet « égoïsme du profit », en réalité est un faux égoïsme : une personne qui tient à faire partager ses innovations pour rendre service aux autres et ainsi répondre à une demande, incarne la volonté de l’innovateur de vouloir rendre le monde un peu meilleur grâce à lui en se rendant utile à la société (tient, « utile pour la société », ne serait-ce pas ce que revendiquent les socialistes, ça ?)

À l’inverse, les socialistes cherchent à dérober ce qui est à autrui pour le donner à d’autres, qu’ils considèrent comme étant « plus démunis », voulant que cela équivaudrait à un acte de solidarité. En quoi dérober à quelqu’un par la force serait-il de la générosité, s’il vous plaît ? La générosité s’exprime par un acte qu’on fait volontairement dans le but d’aider son prochain. Ainsi, leur « acte de générosité » est en réalité du vol.

Comment une idéologie qui prétend penser « à son prochain » peut-elle enlever le bien de quelqu’un pour le donner à quelqu’un qui « le mérite » ? Il y a une échelle de « valeur » pour cela ? En vrai, le « socialisme » part du principe que l’être humain est par nature « égoïste », et qu’il faut le « forcer » à être altruiste envers son prochain. Les socialistes expliqueront ce paradoxe où leurs élus, qui sont des êtres humains autant que nous, seraient pourtant des sages nommés par Dieu qui ne sont pas atteints de l’égoïsme, mais veillent à l’imposer aux autres…

Maire...de Paris

Macron, à droite ou à gauche du pouvoir ?

Le libéralisme déteste les oligarques

Une des critiques qui revient souvent sur le libéralisme serait qu’il est « pour les oligarques », tandis que le socialisme servirait à protéger les plus démunis. En effet, les libéraux étant contre le salaire minimum, la taxation excessive des entreprises, contre toute sortes d’aides sociales et pour la privatisation dans tout les domaines, et enfin, contre l’intervention de l’État dans l’économie, il serait tentant de dire que les libéraux favorisent les puissants.

À l’inverse, les socialistes préconisent un salaire minimum, une taxation forte pour distribuer des services aux plus « démunis », il serait en effet tentant de dire que les socialistes pensent avant tout à « l’humain », là où les libéraux seraient dépourvus d’humanité. Cependant, ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions ? Prenons les arguments un à un.

Le salaire minimum

Le salaire minimum serait une « nécessité » afin que l’employeur ne puisse pas accorder un salaire « trop bas » à l’employé et ainsi le réduire en esclavage. En premier lieu, il faudra déjà définir comment on établit « un salaire trop bas » : il faudrait ainsi posséder un outil permettant de mesurer si un salaire serait « trop bas ». Sauf que de tels outils n’existent pas et que ce « concept » est établi selon des critères qui n’existent pas non plus. Ce qui rend son idée, certes attrayante à première vue, mais en réalité extrêmement fallacieuse, car elle ne repose sur rien (excepté sur de « bonnes intentions »).

Historiquement, le salaire minimum a été utilisé en Afrique du Sud lors de l’apartheid par … des syndicats racistes qui ne contenaient aucun noir. Les noirs étaient moins payés que les blancs, et le salaire minimum a permit de réduire l’employabilité des premiers au profit des seconds. Du coup, cela permettait de prendre uniquement « l’élite ».

Cela s’applique également aujourd’hui : si on oblige un patron à donner un salaire minimum, celui-ci  à intérêt à sélectionner la personne ayant le plus d’expérience. Le salaire minimum est contraignant et n’aide donc pas les plus défavorisés, mais au contraire il privilégie les « favorisés ».

Le meilleur montant du salaire minimum est zéro euros : en permettant à l’employé et au patron de négocier librement, tout le monde est gagnant. Par exemple, un « junior » pourra accepter d’être payé moins, mais cela sera compensé par l’apprentissage et lui permettra par la suite d’accumuler de l’expérience pour ensuite aller voir ailleurs si besoin en est. Et oui, il n’y a pas que l’argent dans la vie : l’expérience est un atout qui ne s’achète pas avec des billets !

Enfin, le salaire minimum augmente les prix : si un patron doit payer plus cher un employé que ce qu’il estime qu’il doit être payé, cela se répercutera sur les prix des produits.

Au final, on gagne une fois (la personne qui a déjà de l’expérience sera engagée), où l’on perd quatre fois :

  • L’employeur, qui devra investir plus d’argent.
  • Le « défavorisé », vu qu’il a peu ou pas d’expérience, ne pourra pas accéder au marché du travail, car l’employeur ne prendra pas le risque de l’engager.
  • Le consommateur, qui sera pénalisé par une hausse des prix.
  • Un autre commerçant, dû au fait que le consommateur économisera moins d’argent, achètera moins lui-même.
SMIC

Ahhh, le salaire minimum, aux effets maximum….

Les taxes

Le socialiste explique que les taxes sont une collectivisation sur le revenu où les montants seront réutilisés pour des « services qui servent à tous », un grand acte de solidarité, à première vue.

La première incohérence est la notion de « services qui servent à tous » ; sachant que nous sommes tous « égaux » mais fondamentalement différents, aucune personne n’a les mêmes besoins qu’une autre (d’ailleurs, chez une même personne, les besoins peuvent évoluer). S’il est déjà difficile d’établir pour soi-même ce dont on a besoin, comment pourrait-on l’appliquer à l’ensemble d’une société ? Il est évident qu’il faut laisser à chacun le libre choix d’utiliser son argent comme il l’entend pour répondre à ce qu’il désire. Les taxes ne sont donc pas nécessaires pour ça et révèlent de l’utopie « solidaire ».

La seconde incohérence est justement cette notion de solidarité : un acte est solidaire s’il est volontaire ; un acte où on oblige les individus à verser leur argent sous prétexte d’une « générosité » n’est en réalité rien d’autre que du racket, et donc du vol. Si je vole quelqu’un dans la rue en redistribuant l’argent de son portefeuille aux pauvres, cela fait-il de moi quelqu’un de généreux ? Non, mais il est évident qu’il est facile de se prétendre généreux en utilisant l’argent des autres. Ce qui serait logique, ce serait de demander aux individus s’ils veulent investir dans ce que l’État leur propose, un peu comme le ferait un actionnaire. Cependant, il est plus facile d’obliger à avoir des actionnaires que d’essayer de les conquérir, surtout quand on a le pouvoir !

Prenons l’exemple d’une taxation « Robins de bois », qui permettrait à des pauvres de bénéficier de soins et d’avoir accès gratuitement à l’école en prenant aux riches. Toujours sur le même principe, une personne gagne (le pauvre), mais cette fois on y perd trois  fois :

  • Le « riche », qui en perdant de l’argent, aura tendance à aller voir ailleurs dans le cas où cela ne lui porterait plus profit (par exemple, c’est ce qui s’est passé au Venezuela avec les industries pétrolières) ⇒ perte d’économie, perte d’emploi.
  • Le pauvre lui-même ne devient pas moins pauvre pour autant, car celui-ci ne fait que dépendre d’un facteur extérieur pour survivre. Comme le dirait l’expression, donner du poisson c’est bien, apprendre à pêcher, c’est mieux. Le pauvre ne génère pas d’économie qu’il peut financer par lui-même ⇒ aucune création d’économie.
  • La qualité des soins / école sera en baisse, car le monopole sera occupé par l’État, là où des innovateurs privés auront tendance à se mettre en concurrence pour être les meilleurs possibles ⇒ monopole, qui implique une qualité en baisse.

Enfin, le socialiste expliquera, avec sa fameuse phrase : « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins », aux chers incultes que nous sommes, comment un ministre socialiste, soi-disant anti-système, peut bien gagner 11.000 euros et critiquer les riches dont il fait lui-même partie ?

Ne devrait-il pas gagner le salaire minimum pour lequel il s’est tant battu, pour se mettre au niveau de la population défavorisée qu’il défend tant ?

Moutons

Moutons fuyant les taxes ?

« Emoraison »

En conclusion, on peut remarquer que la gauche qui se prétend « anti-système », « pour les plus démunis », pour le « progrès », « altruiste » et « égalitaire » est faite en réalité de manipulateurs qui utilisent l’émotion, la simplicité et les mots flatteurs pour au final servir leurs propres intérêts, et non pas les intérêts de ceux qu’ils prétendent défendre. C’est d’ailleurs cela qui explique leur succès : il est bien plus facile pour convaincre une personne de jouer sur l’émotion et la simplicité que d’essayer de la faire raisonner de façon complexe (s’ils ne raisonnaient pas simplement, ils ne seraient pas de gauche !)

Du coup, comment contrer ce problème ? On pourrait en réponse imaginer se prêter à ce que j’appellerai « l’émoraison », (combinaison d’émotion et de raison). Le but serait donc de jouer un jeu similaire à la gauche, en utilisant la même technique de « populisme » qu’eux, mais tout en étant factuel : le fond est toujours le même, mais la forme pour l’expliquer est donc différente.

Il faut en effet bien voir que selon eux, sur le plan politique, ce n’est pas bien sûr celui qui a raison, mais celui qui arrive à convaincre qui gagne. Moi je pense que c’est celui qui dit la liberté véritable qui gagnera.

 

Yviad Sjilrem