Incompatibles ?

S’il y bien deux courants de pensée – du moins leurs manifestations médiatiques actuelles, les seules intéressantes du fait de leur impact social – qui paraissent a priori incompatibles, c’est bien le féminisme et l’islamisme.

Le féminisme est né justement pour lutter contre des positions politico-religieuses qui, en Occident, ont justifié la subordination des femmes et limité leurs droits naturels. Et pourtant, aussi improbable que cela puisse paraître, le féminisme est en train de rejoindre l’islamisme sur des conceptions aussi fondamentales que celle de la vision des genres, se laissant ainsi peu à peu engloutir et vider de son essence.

Prédateur

Prédateurs, vraiment ? Ou prédatrices ?

Depuis quelques années, et avec l’arrivée au pouvoir de personnalités politiques telles que Najat Vallaud Belkacem, ancien ministre de l’égalité homme-femme, et dernièrement de Marlène Schiappa, soutenue par des actions médiatiques telles que « #metoo » et « #balancetonporc », un discours féministe radical et victimaire a pris de l’ampleur. Les femmes y sont systématiquement vues comme des êtres diminués, victimes de facto, et les hommes comme des êtres violents coupables de facto.

Les messages subliminaux de ces mouvements féministes à la mode sont typiquement :

  • Tous les hommes sont potentiellement des violeurs et toutes les femmes potentiellement des victimes.
  • La femme est par nature une proie et l’homme par nature un prédateur.

Manifeste ment ?

Un exemple frappant de cette vision étriquée des hommes et des femmes s’exprime dans le « manifeste du collectif féministe anti-viol » que voici, ci-contre :

Viol?

Manifeste du « Collectif féministe anti-viol ».

Dans ce feuillet, la femme – toute femme – est vue comme un être sans volonté, une mineure à perpétuité. Si elle boit et se saoule, c’est la faute de l’homme qui la fait boire. Si elle dit « oui » à un verre, elle ne sait pas dire « non » à des avances… La vision de l’homme – tout homme – y est celle d’un violeur en puissance, un animal soumis à des pulsions sexuelles violentes qu’il a au mieux du mal à maîtriser.

L’islamisme, à quelques nuances près, s’accorde parfaitement avec cette vision des choses. Les hommes sont perçus comme des êtres qui ne peuvent pas contrôler leur sexualité. Les femmes, quant à elles, sont vues comme des êtres à la fois dangereux et faibles. Dangereuses pour ce stimulus sexuel qu’elles représentent, et faibles par leurs comportements qui seraient naturellement inconséquents et infantiles. La femme a besoin à la fois d’être protégée, limitée et guidée, et c’est ainsi qu’elle est mise sous protection et tutelle d’un homme à la fois père, frère, mari…

FémIslam

Féminisme islamique, quid ?

Mort annoncée ?

À partir du moment où le féminisme a rejoint l’islamisme sur des points de vue aussi essentiels que celui du genre, et place la femme en état d’infériorité chronique, il fait une distinction entre les hommes et les femmes. Il perd aussitôt la vision universaliste et égalitariste sur lequel il fonde pourtant son idéologie. Sa mort est donc annoncée.

Nous pouvons constater les conséquences de ce changement de paradigme chez les féministes que l’on ne voit plus s’offusquer envers l’apologie ordinaire d’une pensée politico-religieuse menaçante pour les droits fondamentaux, à savoir l’islamisme. Au contraire, on les voit régulièrement intervenir pour défendre les femmes qui s’exposent voilées dans les médias…

Pouvons nous dire qu’elles sont cohérentes et logiques avec leurs chers préceptes ? À partir du moment où la priorité est de protéger la proie qu’est la femme du prédateur qu’est l’homme, le modèle de société et le voile islamistes leur deviennent acceptables, voire même, soyons fous, souhaitables.

Car dans ce modèle de société, toute femme serait en sécurité au sein d’espaces publics qui lui seraient réservés. Elle serait sous protection d’un homme de sa famille, qui la mettrait sous tutelle. Couverte de la tête au pied, elle ne risquerait plus de réveiller « le monstre violeur qui sommeille en tout homme »

Se désolidariser

Aujourd’hui, il me semble impératif que les femmes attachées à leur liberté se désolidarisent de ses mouvements féministes et refusent catégoriquement de se laisser emporter par des discours larmoyants, faussement bienveillants, qui font appel à l’émotion et non à la raison.

Il est temps pour elles de refuser un modèle de société facile qui les mettrait à l’abri de toute forme de désagrément car … ce modèle n’a aucune réalité !

Le collectif pour « le droit d’importuner », qu’on a essayé de discréditer, ridiculiser et diaboliser, a bien saisi la dangerosité de laisser se propager par des sous-entendus des notions anti-libérales telles que l’établissement d’une distinction essentielle entre les hommes et les femmes.

Deneuve

Catherine Deneuve avec Martine Lignières-Cassou, Josy Poueyto, Thérèse Auclair et Sandrine Heckmann.

Homme aimer femme

Ainsi, il est bon rappeler deux points essentiels.

1. L’homme moyen aime la femme et n’a pas envie de l’agresser. Ce n’est pas un prédateur.

Le viol n’est pas la conséquence d’une pulsion sexuelle irrépressible, mais celui d’une prise de pouvoir. « La clé de l’agression sexuelle est dans la tête de celui qui exerce la violence », précise Roland Coutanceau.

« Le violeur ne commet pas ce crime par hasard ou parce qu’il n’a pas pu s’en empêcher, les victimes sont la cible d’un agresseur qui a raisonné. De façon limitée, certes. Elles se retrouvent, malgré elles, exposées à un agresseur qui a calculé ses risques et ses profits. Et qui a choisi d’agresser. » – Gérard Lopez, psychiatre et expert criminel.

Les violeurs n’ont pas de pulsions sexuelles irrépressibles. Le sexe est une composante du viol, mais il ne s’y résume pas. Il est un moyen pour agresser, mais pas le but.

Pour les personnes qui le subissent, le viol est vécu comme un acte violent, une humiliation. Le viol est d’abord une agression. L’agresseur veut d’abord transgresser la résistance de l’autre. Il recherche la toute-puissance et la domination. C’est d’ailleurs ce qui rend le viol si traumatisant.

Idem pour le harcèlement de rue. Si l’accostage que pratiquent certains hommes est si désagréable et mal vécu, c’est qu’il ne s’agit pas de drague mais de la volonté de nuire et de gêner. La drague de rue, même maladroite, est rare et elle n’est pas désagréable, car bienveillante.

2. La femme n’a pas besoin d’une protection particulière parce qu’elle est femme.

La femme n’est pas une petite chose, ce n’est pas une éternelle mineure ! Elle peut être physiquement plus faible qu’un homme (quoi que pas toujours), mais aucun cas elle l’est psychologiquement. C’est un être capable ! Capable de dire « non » ; si elle ne sait pas dire « non », elle est capable d’apprendre à dire « non ». Elle prend ses décisions en conscience et accepte les conséquences de ses actes.

Elle n’est pas plus, ni moins traumatisée par l’écart de conduite d’un homme que peut l’être un homme des écarts de conduite d’une femme. Et enfin, la femme n’a pas besoin d’une protection particulière. Précisément parce qu’elle est une femme.

 

Maïté Lor