(Suite et fin)

Vous devez cotiser…

Tout d’abord, tout risque se calcule, ou du moins s’estime, ainsi que les coûts associés. C’est notamment le rôle de professionnels appelés « actuaires » de faire ce type de calculs. Notons au passage que ces coûts peuvent augmenter comme diminuer.

Première question : Doit-on obliger les individus à cotiser, qui plus est à un seul organisme en situation de monopole ?

C’est tentant, comme cela existe en France, d’obliger tout le monde à la fausse solidarité à travers un seul organisme. On s’imagine que plus on est nombreux à cotiser, et moins l’effort de solidarité sera important. Reprenons notre exemple précédent, en supposant que 100 est la population globale et donc que 10 parmi les 100 seront touchés sur le risque étudié. Pour financer le coût sur cette population, le besoin financier sera de 10.000, soit toujours 100 par individu en cotisation.

Assurance

Le parapluie des assurances.

Premier constat : le financement du risque se moque du nombre de cotisants.

Vous n’obtenez donc pas un système plus efficace en obligeant le plus de personnes à cotiser. Le facteur de risque se moque tout autant du nombre d’organismes finançant le risque. Un monopole est donc dangereux pour l’efficacité économique mais aussi sur la prévention car il ne permet pas les expérimentations compétitives et l’innovation.

Maintenant, supposons qu’une partie de la population ne soit plus obligée de cotiser. Le risque reste uniforme dans la population, que ce soit dans celle qui ne cotise pas ou celle qui cotise, de toujours 1 pour 10 (ou 10 pour 100). Ainsi supposons que seuls 60 cotisent et donc 40 ne cotisent pas. Nous aurons donc 6 qui se pensent susceptibles d’être concernés par le risque chez ceux qui cotisent et 4 chez ceux qui ne cotisent pas. Ces derniers assumeront le coût complet, soit individuellement ou par une assurance privée, de 1.000 alors qu’il n’y aura aucun changement chez ceux qui cotisent et qui continueront à payer 100.

Ah, j’entends des esprits chagrins me dire : et si tous ceux qui sont exposés au risque se retrouvent dans la seule partie qui cotisent, soit les 60 devront financer les 10.000 ? Nous pourrons dire que ceux qui ne cotisent pas auront eu une sacrée chance alors que ceux qui cotisent seront impactés par le risque qui sera recalculé par les actuaires. Ils devront ainsi payer 167 par individu ce qui est toujours mieux que de payer 1.000.

La peur comme conseillère ?

Ainsi, laisser sortir les individus d’un système unique ne provoque pas de véritable déséquilibre… encore faut-il que le système d’assurance soit construit sur le principe de la véritable solidarité. Or lorsque les individus sont obligés de cotiser à un système monopolistique, ils sortent forcément de la solidarité : qui peut se sentir solidaire, lorsqu’il est contraint à faire ce qu’il ne ressent pas, ce qui ne le concerne pas ?

La peur des uns, et donc l’égoïsme de ceux-là, doit-elle l’emporter sur la certitude des autres à s’assumer ? Comment un unique organisme peut-il avoir la connaissance des vrais coûts en ne se confrontant jamais à la concurrence ? C’est ignorer que la formation du juste prix d’un risque ne peut se faire que sur le marché et que seule la concurrence est le moteur permanent de la vérification de ce juste prix au regard des efforts humains nécessaires.

C’est aussi ignorer que le risque peut lui-même soit augmenter soit se réduire. « Laissez-faire » est encore ici la meilleure réponse, à la fois en matière de choix pour le citoyen-consommateur et pour le citoyen-producteur confronté à un risque, quel qu’il soit.

Ludwig von Mises

Celui qui rejette le laissez-faire sur le prétexte de la défaillance et faiblesse morale humaine doit pour la même raison rejeter toute sorte d’action gouvernementale – Ludwig von Mises

Les riches doivent payer plus…

Seconde question : Faut-il établir des cotisations en fonction du niveau de revenus ?

Cette question, en France, a trouvé une réponse lumineuse qui s’est inscrit tacitement dans les esprits déformés (ou plutôt aux esprits soumis et matérialistes n’ayant pas reçu de formation à la liberté et à la responsabilité individuelle) : la solidarité, à l’instar des impôts, devrait dit-on être assumée par les riches.

Outre le fait que nous sommes dans un mécanisme d’inquisition, de spoliation et de suspicion contraire aux principes affichés fondateurs de ce qui s’appelle la « république française », nous sortons complètement du cadre de la solidarité théorique qui veut que chacun partage, à la même hauteur, le risque et l’effort. Le riche serait d’ailleurs tellement riche, dans la bouche de certains, qu’il devrait payer pour les autres et même prendre en charge son propre risque sans le faire supporter aux autres.

Ne sentez-vous pas que la rapacité remplace la solidarité ? Et oui, la solidarité en prend un sacré coup. On en arrive même à ne plus savoir s’il s’agit de bêtise ou de naïveté.

Reprenons notre exemple avec notre population de 100 et supposons que nous avons 1 riche et 9 pauvres, les 90 autres étant répartis en une population moyenne dont les revenus n’exigent pas une attention particulière, si bien que nous pouvons moyenner pour eux leurs cotisations disons à 80, et non plus à 100. Et supposons le riche est tellement riche qu’il peut prendre en charge, pardon, qu’il peut être solidairement obligé de prendre en charge également une partie des cotisations de la population moyenne. Nos pauvres paient alors une cotisation de 10, et finalement, notre calcul fait que le riche, qui prend en charge le reste, se contente d’une cotisation de 2.710 : 10.000 – (90 x 80) – (9 x 10).

C’est bien gentil, mais cette population a bien de la chance de forcer ce riche à être si généreux. Et si celui-ci venait à disparaître ?

Eh oui, la mort est aussi un risque garanti : nous avons 100% de chance de mourir. Tiens, en aparté, cela me donne une idée : et si nous inventions, au point où nous en sommes, une assurance obligatoire qui lutte contre la mort, elle ne serait pas belle la vie ?

Le prix de la fausse solidarité

Nous nous égarons, revenons à nos moutons : que deviendrait la solidarité si notre riche disparaissait, peu importe ce qui lui arrive ? En fait, on constate que le système devient très déficitaire, démontrant que la solidarité n’est qu’illusion lorsque les revenus déterminent une cotisation de solidarité.

Fragmentation

C’est la fragmentation uniforme qui fait l’assurance.

Par exemple, certains auront surement la bonne idée de continuer à faire payer 10 à chaque pauvre en faisant prendre en charge les 2.710 par les 90 autres soit 30,11 de plus par personne. On pourrait aussi avoir une situation inversée, 1 riche, 9 dans la classe dite « moyenne » et 90 pauvres. Avec un risque et un prix à payer pour ce risque toujours identiques, la solidarité deviendrait une foire d’empoigne puisque ce ne serait plus de la solidarité visant à couvrir un risque, mais du pur matérialisme prônant l’égalitarisme des revenus.

Nous pourrions aussi avoir une population constituée exclusivement de pauvres ou exclusivement de riches. Comment faire dans ces cas, alors que là encore le prix à payer et le risque restent les mêmes ? En réalité, le principe de solidarité veut que l’effort consenti soit le même pour tous quelque soit les situations, nonobstant une supposée richesse des uns par rapport aux autres, qui n’a aucun lien avec le risque lui-même. On confond le risque et la richesse.

Qui peut contester que l’unité monétaire d’un riche vaut autant que l’unité monétaire d’un pauvre (un dollar est un dollar ou un euro est un euro) sauf à sombrer dans le n’importe quoi idéologique ? En premier lieu, la solidarité exige la réciprocité : si nous reprenons notre exemple supposant que tous les pauvres passent dans la classe dite « moyenne », et que nous ayons 2 riches, en s’appuyant sur les niveaux de cotisations déjà existants, le système est cette fois très excédentaire.

Il est démontré une fois de plus qu’il ne s’agit pas de solidarité. Un recalcul complet s’impose et il faudra expliquer à tous le pourquoi du comment de la rebelote puisque cela ne repose pas sur une évolution fournie par le marché mais sur la vénalité du système.

Ainsi il est espéré que les plus riches couvrent à la fois le coût du risque et prennent en charge une partie de la cotisation de solidarité. Belle mentalité que de vouloir que ce soit les autres qui prennent en charge sa contribution propre à la solidarité générale en les forçant à payer notre part et notre propre risque…

Libres donc solidaires

Celui qui est intègre, constatera la totale inadéquation d’un système de solidarité lorsque cette solidarité doit se faire en fonction des revenus. Ne confondons pas à ce stade, la solidarité avec la charité qui consiste à aider spontanément les personnes qui sont dans la difficulté. Et là encore, seule l’expression libre et volontaire peut être la règle qui doit prévaloir.

Autain

Oxymore profond. Hautain t’as marre ?

Etre riche n’est pas ni une maladie, ni un risque, tout comme être pauvre. Aucune de ces situations ne se soigne. C’est la capacité à répondre aux utilités et aux besoins des autres qui permet d’avoir des revenus.

Or la solidarité forcée prétend assurer de manière permanente une spoliation arbitraire d’une partie de la population et une redistribution tout aussi arbitraire vers l’autre partie de la population. Une telle pratique est doublement immorale : elle bafoue la légitimité à être libre dans ses choix pour les premiers et elle infantilise les seconds. Tous sont esclaves à l’état.

Mais qui est l’état pour prétendre forcer la solidarité et bafouer ainsi le droit naturel ? De quelles informations, de quel statut miraculeux disposent les zombies de l’état pour croire pouvoir s’arroger le droit de décider pour les uns et les autres ?

Déterminer la nature des risques et déterminer le juste prix de la solidarité ne peut se faire que par le marché, c’est-à-dire par le produit des êtres humains en libre coopération.

 

Bellegarrigue