Don Quichotte

Don Quichotte, gavé de livres d’aventures extravagants, s’identifie aux personnages au point de se prendre pour un chevalier errant, défenseur des pauvres et des opprimés : ce faisant, il représente avec perfection les errances du « camp du bien », le socialisme péremptoire, comme nous l’allons voir.

« Et moi, maître Nicolas, renchérit la nièce, je peux vous affirmer que j’ai vu très souvent mon oncle lire ces horribles romans de mésaventures pendant deux jours et deux nuits d’affilée ; après quoi, il jetait le livre, empoignait son épée et pourfendait les murs. » [i]

Cervantès le dit clairement : Don Quichotte est fou, [ii] c’est un schizophrène dirait-on aujourd’hui. Si on le présente défenseur des causes perdues, il est surtout l’opposant résolu à des ennemis imaginaires. À travers ses hallucinations il transforme une auberge en château fort, la paysanne Aldonza Lorenza en une grande dame sous le nom de Dulcinée, ou s’attaque à des géants « démesurés » « avec de grands bras dont certains mesurent presque deux lieues ».

Don Quichotte

Don Quichotte, Miguel de Cervantes.

Mais lorsqu’il se fracasse sur la réalité des moulins, ce ne peut-être que parce qu’un enchanteur maléfique a changé leur nature au dernier moment.

Le Don Quichottisme est cette maladie grave contemporaine qui consiste pour les pouvoirs publics et les ennemis de la liberté à inventer des menaces pour mobiliser le peuple à leur avantage. Les politiques créent des ennemis, alertent les « ignorants » et se ruent sur eux pour sauver le monde des vivants et la planète. La peur s’est toujours bien vendue.

Don Quichotte est un homme solitaire, hormis Sancho Pança, son valet, et il est seul à voir ce qu’il croit voir. Le mal qu’il fait est limité et personne ne le croit sain d’esprit.

C’est un autre degré, lorsque ce sont les pouvoirs qui provoquent des hallucinations collectives, lèvent des troupes pour les combattre, rackettent les contribuables et ostracisent quiconque chercherait à déciller les yeux des populations manipulées.

Les politiques ont besoin de ces ennemis communs pour asseoir leur pouvoir, contraindre les individus à se soumettre et se présenter en sauveurs. Ce n’est pas nouveau, l’histoire regorge de ces mensonges pour créer des guerres.

Raisonner, ou résonance

Les moyens modernes de communication font caisse de résonance et de ce fait amplifient l’impact du Don-Quichottisme.

Journalistes, politiques, artistes, tous sont touchés, tous prennent les armes. Les militants se sentent revivre. Plus le danger est illusoire, plus les clameurs sont importantes. Elles couvrent la voix de l’enfant qui constate la nudité du Roi.

Eau

Vers une guerre de l’eau ?

Dans ce délire, la science est soumise à rude épreuve par la multiplication des chimères : changements climatiques, OGM, Glyphosate, huile de palme, consommation d’eau, etc.

Si les preuves de la toxicité des OGM ou du « Glyphosate » manquent, c’est forcément que les laboratoires ont été payés par le « géant » « Monsanto ».

« Ah ! Misère ! Quand on a l’esprit prévenu d’une idée, on ne sait plus démêler le vrai du faux. » dit le garde à Créon convaincu qu’il s’est fait acheter pour laisser Antigone jeter une pelletée de terre sur le cadavre de son frère, Polynice. [iii]

Foin des preuves, démonstrations, argumentations, de la connaissance objective, Créon insiste :

« Moque-toi de mes soupçons : si vous ne me découvrez pas les coupables, je vous forcerai bien à reconnaître que les gains honteux ne rapportent que des ennuis. »

Ainsi on se bat contre des chimères, contre des moulins à vent : la cible inventée, imaginée, des collectifs, des « organisations non gouvernementales » financés par les contribuables condamnent sans preuve.

Le même, empire

Lorsqu’il devient évident que l’ennemi n’en n’est pas un, on passe à l’étape suivante, avec pourtant les mêmes arguments. Ainsi, les variations climatiques, forcément d’origine humaines : de la thèse du refroidissement pendant les années 1970, a émergé le réchauffement, toujours anthropique. Refont surface alors les prévisions catastrophistes, les injonctions, la multiplication des interdictions et des obligations. Les nouvelles prédictions se révélant fausses, démenties les unes après les autres, il faut en créer de plus effrayantes.

Furent vite oubliées, les prévisions catastrophiques des « trous » dans la couche d’ozone, ou les irrémédiables pluies acides détruisant les forêts.

Nestlé

De l’Algérie au Niagara : Boycottez Nestlé !!!

Pour l’instant circonscrite, la guerre du climat faisant naufrage, c’est la bataille de l’eau qui surgit. Avec d’autant plus de vigueur qu’il faut un outil de culpabilisation, qu’il est indispensable de créer une opposition, une guerre pour maintenir les populations dans la crainte, les peurs et la conviction d’avoir des ennemis à combattre sous la protection des pouvoirs publics.

Sont alors accusés nommément des « Géants », le vocabulaire n’est pas anodin, aux bras démesurés, Nestlé, Veolia ou Suez de vouloir assoiffer le monde ? Apeurer les populations est un puissant levier pour asservir. [iv]

Comme Don Quichotte, les étudiants bloqueurs des Université, gavés de lectures révolutionnaires sont pétris d’hallucinations : l’Université devient une « Commune libre de Tolbiac », tout opposant est nommé fasciste, ils se masquent parce que l’extrême droite les menace de les agresser et de les violer. Et une fois de plus retentit le slogan révisionniste : CRS-SS ! [v]

« On fait des choses effrayantes quand on a peur d’avoir peur » dit Cary Grant, dans « On murmure dans la ville » le film de Mankiewicz, de 1951.

Nous verrons dans un nouvel article que le Don Quichottisme est un succédané du socialisme : le socialisme, c’est la guerre.

 

Maverick

[i] Don Quichotte de la Manche, Miguel De Cervantès, Éditions du Seuil, 1997, p. 85
On notera l’ironie parisienne du sous-titre de l’œuvre : l’ingénieux Hidalgo.

[ii] « Ayant, comme on le voit, complètement perdu l’esprit, il lui vint la plus étrange pensée que jamais fou ait pu concevoir ». Ib. P.57

[iii] Sophocle, Antigone, Garnier-Flammarion, 1964, page 76.

[iv] Il faut se préparer à ce nouveau front qui va envahir de plus en plus les débats. Ci-contre un article du professeur de Nanterre Philippe Hugon qui a fait carrière en devenant « spécialiste de l’Afrique ». Son article d’une approche évidemment socialiste fait néanmoins le point sur la bataille pour « l’or bleue. » Dans une apparence d’objectivité, il faut fouiller pour découvrir tout et son contraire et surtout glissant sur les raisons des « échecs » des privatisations. Constatant une ville ou d’un côté il y a les riches avec piscine et de l’autre les pauvres sans distribution, il n’hésite pas à évoquer un « apartheid de l’eau ».

[v] C’est un dirigeant communiste, Auguste Lecoeur, qui a lancé le premier le slogan CRS-SS. Repris régulièrement et notamment pendant les événements de Mai 1968, on voit que depuis près de 70 ans l’imagination n’est pas au pouvoir dans la rue.
C’est du révisionnisme, car en assimilant nos policiers à des SS, on banalise l’expression la plus abjecte du totalitarisme raciste qui a embrasé l’Europe au cours du vingtième siècle.