Syrie, Si sûr ?
Je veux dire des choses, quelques minutes, je pense que c’est important, sur l’intervention des États dans un conflit extérieur, tel en Syrie, ou ailleurs.
Je pose cette évidence : l’interventionnisme, qu’il soit social, économique ou militaire, ne peut être libéral, ni donc juste. Il est d’essence socialiste, lui-même par nature utilitariste.
Un quiproquo existe aujourd’hui en France. Nous voyons la gauche française, et en particulier la frange la moins sociale-démocrate et la plus socialiste, s’insurger contre le bombardement des trois alliés de circonstances, USA, UK et France.
Il y aurait donc une contradiction entre ce que je dis en ouverture de ce texte et le constat politique actuel. En réalité, pas du tout. Je vais tâcher de l’expliquer en quelques lignes.
L’impérialisme ?
Les socialistes ne sont pas opposés à la guerre, ils s’insurgent contre ce qu’ils appellent l’impéralisme. C’est un mot très usité par la propagande marxiste, ca ne date pas d’aujourd’hui. Il existe à ce propos un essai de Lénine en 1916, dont le titre est évocateur : « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme ».
L’idée est celle que nous lisons ou entendons à longueur de temps dans notre beau pays : la guerre permet au capitalisme de piller les pays étrangers. Lénine écrit, par exemple :
« Précisément dans le parasitisme et la putréfaction qui caractérisent le stade historique suprême du capitalisme, c’est-à-dire l’impérialisme. Comme il est montré dans ce livre, le capitalisme a assuré une situation privilégiée à une poignée (moins d’un dixième de la population du globe ou, en comptant de la façon la plus «large» et la plus exagérée, moins d’un cinquième) d’États particulièrement riches et puissants, qui pillent le monde entier par une simple «tonte des coupons». L’exportation des capitaux procure un revenu annuel de 8 à 10 milliards de francs, d’après les prix et les statistiques bourgeoises d’avant-guerre. Aujourd’hui beaucoup plus, évidemment. »
De mon point de vue, ce n’est pas complètement faux, des pistes géopolitiques et géostratégiques permettent de cerner quelques raisons « valables » d’intervenir pour les États, et les quelques amis qui gravitent autour.
Cela s’appelle du capitalisme de connivence.
Cette forme de capitalisme est une conséquence de l’interventionnisme, et non pas une cause, et l’interventionnisme est bien une notion socialiste façon Kautsky. D’ailleurs, on peut lire parfois de grandes envolées des socialistes à la gloire de Cuba qui a envoyé des centaines de milliers de militaires en Afrique il y a quelques temps. Il y a la bonne ou la mauvaise intervention pour eux, tout simplement.
Non-agression
Le point de vue libéral est tout autre. C’est le seul et simple principe d’agression ou de non-agression que le libéral utilise pour juger de la nécessité et légitimité d’engager une réponse, fût-elle armée.
Il est vrai que dorénavant, la « Défense Nationale » s’appelle les « Armées », s’écartant encore un peu de l’essence libérale de cette force, en plus financée par le contribuable.
Wilhelm Röpke, qu’on ne peut pourtant qualifier de libéral radical, écrit ceci :
« Une politique impérialiste, guerrière, ne correspond pas aux intérêts du capitalisme ; au contraire. Un système économique qui repose sur la division du travail et l’échange a besoin de la paix s’il souhaite prospérer. L’intérêt objectif et raisonnable des parties prenantes à l’échange est d’exiger la paix. (…) Les porteurs de l’esprit guerrier sont toujours les catégories qui, sociologiquement, sont les plus éloignées du capitalisme. L’anticapitalisme, au sein de l’Europe actuelle, en tant que socialement non constructif, est en même temps le principal vecteur du bellicisme. »
La première agression constatée aujourd’hui contre les Français est le fait de l’État, qui fait payer ses délires au contribuable, ce dernier n’ayant rien demandé.
La seconde agression est tournée vers ceux qui commercent avec des Russes, et qui seront victimes de représailles. Des connaissances qui exportaient du porc vers la Russie ont perdu des sommes folles quand l’État français soudain décida de restrictions.
Est-ce qu’une guerre est impossible de mon point de vue ? Je ne pense pas. Mais si je souhaite faire la guerre, j’en assume individuellement les conséquences. De fait, je m’oppose absolument au concept de guerre juste, vide de sens.
J’aime bien finir par Murray Rothbard :
« C’est dans la guerre que l’État réalise sa véritable nature ; il grandit en puissance, en nombre et en fierté, il obtient un empire absolu sur l’économie et la société. »
Fausse Gloire
On ne tire aucune gloire à faire la guerre, en particulier quand ce sont les autres qui vont au charbon.
Il est vrai que biberonné aux exploits de Napoléon, à l’EdNat ou à l’ENA, il est facile de se glorifier et de penser collectiviste, s’octroyant d’éventuels succès d’une armée, vautré dans son canapé avec son verre de Chablis à la main. C’est si aisé, et de nature socialiste, d’être un héros par procuration, finalement.
Enfin, s’il fallait apprendre du passé récent, alors il serait bien de regarder l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, pour comprendre que c’est par la diplomatie, le commerce et l’influence que la solution sera trouvée, car …
… Il y a ce qu’on voit, dézinguer un con à la tête d’un État, et ce qu’on ne voit pas, la destruction d’un peuple soumis à la loi du plus tordu, surtout s’il est barbu.
Erwan