Révolutionnaire de 200 ans
L’éducation nationale est une tradition, en ce sens que c’est un usage depuis la révolution française et sa première constitution.
Tout le système actuel, de la base jusqu’à certaines grandes écoles, date de cette période. La structure est donc ancienne, ancrée dans le paysage français aussi sûrement que la DDHC, ce fameux « chef d’œuvre » (sic) de la même période, rédigé par la même joyeuse troupe de députés.
L’enseignement devint donc « gratuit et obligatoire » sous l’impulsion des révolutionnaires. Pour être revu en 1795 par un certain Daunou qui estimait que l’instruction devait rester obligatoire, mais à la charge des parents majoritairement, de chaque municipalité pour les indigents. Les professeurs se voient confier une salle pour enseigner et sont payés par la rétribution. C’est à la fois donc une continuité de la révolution et une opposition.
Tout ceci sera remis à plat en mai 1802 par une loi complète sur l’instruction publique, et ajusté par la suite selon les périodes et les volontés de façonner l’institution des uns ou des autres.
Mammouth milliardaire
Nous en arrivons donc aujourd’hui, le dimanche 25 février 2018. L’éducation d’Etat ne s’est jamais aussi bien portée.
Son budget atteint des sommets : 50,6 milliards d’euros, record historique. Les programmes sont assaisonnés de tout ce que Frédéric Bastiat expliquait dans son Baccalauréat et socialisme, un formatage en règle des élèves sur les thèmes actuels, par des professeurs qui furent eux-mêmes formatés auparavant.
La corporation pèse si lourd qu’elle ne peut plus s’adapter, demandant plutôt au reste du pays de le faire, et aux politiques de ne jamais égratigner le statut sous peine d’une grève majeure et d’un vote de sanction. C’est tout autre chose pour les élèves, dont le niveau chute dangereusement d’année en année comme l’atteste le classement PISA.
L’échec éducation ?
Cette situation a fait réagir les libéraux, à juste titre.
Les sociaux-démocrates à tendance libérale avancent l’idée selon laquelle il faudrait instaurer un « chèque éducation ». L’Etat verserait une somme identique à chaque élève qui la dépenserait dans des écoles libérées des programmes. Un revenu universel inconditionnel donc, dédié pour l’instruction.
On peut s’interroger comment l’Etat pourrait y arriver, il lui faudrait conserver le pouvoir de coercition habituel, le financement, et renoncer à ce qui importe en réalité, les louches de « savoir » que les élèves doivent avaler pour être de bons citoyens.
Du point de vue empirique, c’est impossible. Du point de vue de la logique libérale, c’est la dégringolade, pire que le PISA. Il n’est pas difficile de comprendre que l’Etat n’a pas d’argent qu’il n’a auparavant subtilisé de façon abjecte. Faire payer l’autre, celui qui n’a pas de gamin, pour l’instruction des gamins du voisin, ça porte le doux nom de socialisme.
En outre, comme cela existe déjà aujourd’hui, certaines écoles farfelues pourrait voir le jour pour proposer des services sans grand risque, ni pour elles et encore moins pour les parents déresponsabilisés par le chèque qui tomberait ainsi chaque mois.
Le meilleur pour des meilleurs
Les libéraux qui s’attachent au régalien et ceux qui ne s’attachent qu’à la capacité de librement s’unir pour le régalien (minarchistes et anarcaps) ne peuvent que rejeter la proposition précédente. L’Etat n’a pas son nez à mettre dans ce domaine, surtout pas et d’aucune façon.
Pierrot -Daunou- avait touché du doigt un terme oublié, la responsabilité. Il avait aussi frôlé un autre terme, la solidarité. C’est vers cela qu’il faut tendre, sans rêver d’un entre-temps qui n’a aucune chance d’exister dans ce pays. Il existe une poignée d’écoles non conventionnées, dont les parents assument les frais, ce n’est pas une utopie, loin de là.
L’éducation est un marché comme un autre. Par la concurrence les services s’améliorent tout autant que les coûts sont maîtrisés. Les parents responsables choisiront librement le meilleur sur les deux plans. C’est la seule et unique solution à défendre.
Erwan