Green is the new black

Je vous avais promis dans un précédent billet l’analyse du « cri d’alarme de quinze mille scientifiques sur l’état de la planète » (c’est disponible ici). Le projet est d’ampleur, il convient donc de vous proposer ma contribution en deux parties, que vous prendrez la peine de lire bout-à-bout afin de bien comprendre la nature totalitaire, tyrannique de ce que proposent nos Anges verts.

Et pour vendre le projet, pour faire passer la pilule, ces affreux ont largement communiqué autour d’un programme en 13 points que je vous commenterai brièvement ci-dessous avant de passer à une conclusion qui fera le raccord avec ce qui précède – vous allez voir, c’est amusant !

À la réflexion, je me dis que c’est sans doute un exercice inutile pour un lectorat réfléchi pour qui la raison est mère de toute chose. Mais enfin, il faut bien s’amuser et je ne vous cache pas que j’ai pris un pied qui serait mutin si je ne chaussais pas du 43.

Black Green

Les « verts », acteurs dun roman noir… ?

J’ai comme une réserve

« Privilégier la mise en place de réserves connectées entre elles, correctement financées et correctement gérées, destinées à protéger une proportion significative des divers habitats terrestres, aériens et aquatiques – eau de mer et eau douce ; »

Premièrement, il serait intéressant de définir ce que sont des « réserves connectées » car si on comprend bien les mots, on a quand même du mal à envisager ce dont il s’agit en réalité et surtout quel serait l’avantage par rapport à des « réserves déconnectées ». J’y vois peut-être une réminiscence du « consommer local » et autres « circuits courts » mais enfin, ça reste vague ! Peut-être est-ce bien le but : du vague, on peut faire ce qu’on veut.

Ensuite il serait quand même utile de donner quelques indications, fussent-elles méthodologiques. Quant au pompeux « correctement financées », que signifie « correctement » ? Comment et selon quelles bases définira-t-on cet objectif ? Financer, oui, mais comment … sachant l’état de décrépitude des économies occidentales, ce n’est pas gagné hein !

Enfin, j’aime beaucoup le luxe de détail sur les sortes d’eaux : « eau de mer et eau douce » … pourquoi ? il y a donc d’autres sortes d’eau ? l’eau de terre peut-être ? l’eau dure ? ah oui, il y a bien l’eau lourde, bien sûr, mais alors pourquoi ce racisme envers l’eau lourde, qui ne nous a rien fait que je sache ?

Allo, la nature ?

« Préserver les services rendus par la nature au travers des écosystèmes en stoppant la conversion des forêts, prairies et autres habitats originels ; »

La nature rend donc des services … à ce stade nous entrons dans un monde nouveau, inédit, fantastique même ! Car pour rendre un service, il faut bien avoir la conscience de faire quelque chose. La nature n’a pas de conscience … sauf bien sûr à considérer que l’hypothèse Gaïa est prouvée. Et là mes petits agneaux, c’est loin d’être gagné (mais il est permis de ricaner).

Quant aux « habitats originels », je suis d’accord mais alors on fait remonter l’originel à quand ? à quelle période, quelle ère ? Quand donc se situe l’optimum pour ces tartuffes, à quel moment ?

Forêt voir à restaurer

« Restaurer sur une grande échelle les communautés de plantes endémiques, et notamment les paysages de forêt ; »

Vide supra : où place-t-on l’instant « zéro » sur la grande ligne du temps ? l’arbitraire règne en maître, il me semble, on ne s’embarrasse pas beaucoup de rigueur scientifique ni de raison. C’est voulu, hein ! mais ça m’étonne toujours.

Et puis, que signifie « à grande échelle » ? moi je veux bien, remarquez, j’ai un faible pour les roses et les orties mais enfin il serait bon d’avoir une idée, même approximative de la surface à « restaurer » parce que j’envisage quelques soucis de type urbanistiques : ça sent l’expropriation, les expulsions, le déplacement de populations.

L’Homme, ce superprédateur ?

« Ré-ensauvager des régions abritant des espèces endémiques, en particulier des superprédateurs, afin de rétablir les dynamiques et processus écologiques ; »

Ré-ensauvager, donc ! revenons en arrière mais … jusqu’où ? Pardon, je me répète, mais quel est donc l’optimum faunique que nous devrons retenir ? Puisqu’il s’agit de ré-introduire des espèces, il faut faire un choix parmi les espèces disparues ou chassées de nos contrées. Fort bien, mais on est en droit de se poser une question : on remonte à quand pour ne vexer personne ?

Car il est envisageable que la faune du pléistocène moyen puisse prétendre aux honneurs de la réintroduction, comme celle du paléolithique et ainsi de suite jusqu’au 21ème siècle. Y avez-vous pensé, cuistres ?

Qui peut croire qu’il existe un moment depuis que la vie est apparue sur terre que l’on puisse choisir sans critères arbitraires, tout aussi discutables que les choix sociétaux – bien réels, je n’en disconviens pas – qui ont effectivement eu un impact sur la faune et la flore ? Le gentil smilodon ou le doux ours des cavernes auront-ils droit de cité ? et, plus près de nous, les loups auront-ils le droit au chapitre, en grandes meutes comme ce fut le cas jadis ?

Vous payez en espèces menacées ?

« Développer et adopter des instruments politiques adéquats pour lutter contre la défaunation, le braconnage, l’exploitation et le trafic des espèces menacées ; »

Plus de demi-mesures ! plus de compromis ! devant l’hypocrisie et l’indécision du législateur actuel, il convient de durcir les lois, les peines, de les rendre exemplaires, de brider, castrer, bloquer, empêcher quiconque ne se soumet pas au bon désir des princes (vertes) !

Oui, parce que vous l’aurez remarqué vous aussi, je suppose : ce langage ressemble quand même fort à celui tenu par les seigneurs de jadis, d’un régime que l’on pensait définitivement ancien, non ? Bien sûr, le seigneur de jadis promulguait et punissait selon son bon désir mais est-il prouvé que les lois de la république, dont les effets seraient exactement les mêmes, ont plus de légitimité quand elles deviennent à ce point liberticides ?

Case « pillage élémentaire »

« Réduire le gaspillage alimentaire par l’éducation et l’amélioration des infrastructures ; »

Arguments stupides ! car quel est le rapport entre l’éducation et le gaspillage ? Et que viennent faire les infrastructures dans cette galère ? à moins que par « éducation » il ne soit entendu « formatage » ou un quelconque avatar de l’endoctrinement, je ne suis pas sectaire, mais précisez s’il vous plaît !

Dictature en herbe ?

« Promouvoir une réorientation du régime alimentaire vers une nourriture d’origine essentiellement végétale »

Et pourquoi donc je vous prie ? Car il ne faudrait quand même pas oublier que le régime végétarien n’est pas seulement absurde et source de carences (à moins de se gaver de compléments alimentaires) mais aussi ils contribuent davantage au changement climatique actuel que le régime omnivore de base.

Ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’université Carnegie Mellon (qui n’est pas précisément l’amicale des petits rigolos du Poitou: c’est 15 prix Nobel et 9 prix Turing !) et en cherchant encore un peu, il est possible d’établir quelques calculs simples comme par exemple traduire en équivalent-kilomètres automobiles les repas sans viande. Sachant qu’il faut entre trois et neuf calories végétales pour produire une calorie animale, on envisage déjà les kilomètres parcourus pour apporter les gentilles salades dans les assiettes des gentils citoyens bio-conscients.

Mao sait tout’ng

« Réduire encore le taux de fécondité en faisant en sorte qu’hommes et femmes aient accès à l’éducation et à des services de planning familial, particulièrement dans les régions où ces services manquent encore ; »

Ah Malthus ! repris par Proudhon, d’ailleurs, je vous le signale. La gauche a toujours été constructiviste, positiviste, alors pourquoi ne pas s’arroger le droit (divin ?) de moduler, de réguler, de planifier la vie humaine ? En 1908 – déjà ! – paraissait « La limitation des naissances », sous la plume d’une certaine Émilie Lamotte, communiste, qui inspira le néo-malthusianisme qui est, lui, rigoureusement de gauche. Pour des gens prônant bonheur et libertés, je trouve que ça commence à faire beaucoup de choses à manipuler, contraindre ou obliger.

Se faire en…courager

« Multiplier les sorties en extérieur pour les enfants afin de développer leur sensibilité à la nature, et d’une manière générale améliorer l’appréciation de la nature dans toute la société ; »

Oui, pourquoi pas … vous voyez bien que je peux être conciliant !

« Désinvestir dans certains secteurs et cesser certains achats afin d’encourager un changement environnemental positif ; »

Voilà, donc là nous sommes tout à fait dans un cas d’école d’économie planifiée, doctrinaire et complètement détachée des impératifs de libre-choix et d’échange mutuellement consenti.

Marteau des énergies faucilles

« Concevoir et promouvoir de nouvelles technologies vertes et se tourner massivement vers les sources d’énergie vertes tout en réduisant progressivement les aides aux productions d’énergie utilisant des combustibles fossiles ; »

Ah ce « vert » mis à toutes les sauces, il commence sérieusement à ne plus signifier grand-chose. Enfin si, quand même : si tu es « vert », si ce que tu fais est « vert » tu es dans le camp du bien et tu peux continuer à produire / vendre / vivre. Un peu comme jadis, quand tu étais aryen (je prends cet exemple au hasard bien entendu), finalement.

C’est un peu comme le génial « il faut dé-carboner » ceci-cela, c’est une trouvaille ! Le carbone fait penser au charbon, le charbon c’est sale donc dé-carboner c’est bien parce que, vous comprenez maâme Michu : c’est plus propre ! Bref ça ne veut rien dire, c’est un label politique et, in fine, le permis d’exister.

Faire l’économie d’une économie

« Revoir notre économie afin de réduire les inégalités de richesse et faire en sorte que les prix, les taxes et les dispositifs incitatifs prennent en compte le coût réel de nos schémas de consommation pour notre environnement ; »

Ces gens n’ayant jamais rien compris à Laffer, je me demande s’il est bien utile de leur faire connaître Kuznets ? Mais si, vous savez bien : « plus le revenu par tête augmente, plus les inégalités diminuent » … il y a même une version adaptée à l’environnement, la « environmental Kuznets curve (EKC) ». Heureusement tout a été remis en cause par Piketty – who else ? – ouf, on respire !

Et aussi : qu’est-ce que le « coût réel de nos schémas de consommation » (eux-mêmes extrêmement divers et variés puisque, normalement, l’individu est libre de choisir comment et ce qu’il consomme) ? Que faut-il inclure comme paramètres dans ce calcul, et surtout selon quelle hypothèse ?

Il y a bien une autre explication : l’utilisation des mots comme « réel » n’est pas neutre, (comme dans « Realsozialismus », « realer Sozialismus » ou encore « real existierender Sozialismus ») car ils impliquent une existence tangible des éléments de réalisation de la doctrine, contrairement aux « affabulations » des autres doctrines bien entendu.

Y’a que la taille qui compte ?

« Déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s’assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital. »

Ah le beau final, oh le sublime aveu : ces gens s’arrogent le droit de définir ce que sera la taille optimale de la population, qui aura le droit de vivre selon des critères établis par leur science. Cf. par exemple le rapport Meadows du début des années 1970, leur bible dont Hayek a eu raison de dire que « l’immense publicité donnée [récemment] par les médias à un rapport qui se prononçait au nom de la science sur les limites de la croissance, et le silence de ces mêmes médias sur la critique dévastatrice que ce rapport a reçu de la part des experts compétents, doivent forcément inspirer une certaine appréhension quant à l’exploitation dont le prestige de la science peut être l’objet » (Friedrich Hayek, The Pretence of Knowledge, Conférence à la mémoire d’Alfred Nobel, le 11 décembre 1974).

 

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