Prendre l’actualité

Il ne faut pas réfléchir. Il ne faut pas se poser de questions. Il faut prendre l’actualité comme on nous la présente. Sinon, c’est trop déprimant. On en vient à douter. Du système. Des politiciens. Des ONG. De tous ces gens qui nous veulent du bien. On en vient à douter de l’État.

Mais je n’ai pas pu m’en empêcher. C’est mon défaut, je sais. J’essaie de me détourner de l’actualité. Mais je veux savoir ce qui se passe. Je recherche ce qui est intéressant. Mais je vois les titres que je devrais éviter.

Ces derniers temps, c’est une croisade contre les plastiques qui a été organisée. Avec de belles photos d’amas de plastiques voguant sur les océans, ou prenant le soleil sur la plage. Il faudrait interdire le plastique. Ce qui serait bon, c’est le biodégradable. Je m’interroge…

Le plastique est réutilisable. Plus qu’un sac en papier par exemple. Même les sachets plastiques dits jetables ont généralement une seconde vie. Les sacs en papier sont moins pratiques à réutiliser. Car ils sont moins solides, et résistent moins à l’humidité.

Je m’imagine aussi ces sacs biodégradables dans la nature. Quels types de bactéries, d’algues, de micro-organismes vont-ils favoriser ? Cette nouvelle flore et cette nouvelle faune qui se développeront ne vont-elles pas étouffer la bio-diversité, à la manière des algues vertes ? Biodégradable ne signifie pas non polluant.

Les plastiques se ramassent

Le plastique se ramasse. Réparer les dégâts écologiques provoqués par un remplacement artificiel de la flore et la faune est plus compliqué que de ramasser. Le remède ne serait-il pas pire que le mal ? Le problème ne viendrait-il pas juste d’une banale question de responsabilité individuelle ? Expliquer aux gens qu’ils sont responsables de la propreté de leur environnement, et qu’ils doivent jeter leurs déchets dans une poubelle. Un peu vieux jeu cependant comme réflexion.

Bien sûr, ce problème qui me vient à l’esprit a été envisagé. On ne peut pas édicter de lois ni de règlements sans penser aux conséquences. Il ne peut donc pas y avoir d’erreur. Quoique… Est-ce si sûr ?

L’Allemagne a renoncé à l’énergie nucléaire sous les applaudissements des défenseurs de l’environnement. Les autres se sont inquiétés… de la pollution ! L’Allemagne a remplacé le nucléaire par le charbon et la lignite, augmentant les rejets polluants dans l’atmosphère.

Aujourd’hui, on encourage la construction d’éoliennes, à grands renforts de blocs de béton disséminés dans les campagnes françaises, ou dans l’océan. Les voitures qui consomment moins utilisent les technologies du diesel. Elles rejettent plus de polluants et de particules fines. Mais, quand il y a un pic de pollution, un pic de particules fines, elles sont les seules à avoir le droit de circuler.

plastiques

Les plastiques se ramassent.

Je cherche une logique

Je cherche une logique. Une rationalité. Il ne faut pas. C’est un défaut. On se met à se poser des questions. On s’interroge. Par exemple, sur la manière dont sont imposés ces règlements.

La méthode est toujours la même. Une association, une ONG, ou plusieurs, bref un groupe, dénonce une catastrophe supposée. On joue sur l’émotion. Regardez tout ce plastique dans la mer. Il faut une loi pour interdire le plastique !

Les médias, sans recul, reprennent la rhétorique. Il faut une loi. Les politiciens s’emparent de la rhétorique. Et pondent une loi, un règlement. C’est leur raison d’être.

Tout se joue sur l’irrationnel. Pas d’évaluation des mesures envisagées. Pas de débat rationnel. Et peu importe l’irrationalité des précédentes mesures environnementales, qui ne sont pas remises en cause. On crée une cause. Le gouvernement doit agir. Agir, comme si agir était forcément bien agir. Et toujours de manière interventionniste.

C’est ainsi pour le climat par exemple. Sans entrer dans le débat, y-a-t-il un argument rationnel présenté ? On joue sur les peurs, le catastrophisme.

C’est aussi le cas en matière sociale. Une ONG dénonce la concentration du patrimoine entre les mains d’un petit groupe de personnes. Personne ne souligne que l’économie de marché réduit la pauvreté et les inégalités par le développement de la classe moyenne. On réclame plus d’interventionnisme.

Les bons et les méchants

Tout débat est d’autant plus impossible que l’échiquier est divisé entre les bons et les méchants. Si vous vous interrogez sur la pertinence de la politique, vous êtes un méchant qui voulez la destruction de l’environnement. Si vous soulignez les bienfaits de l’économie de marché, vous êtes l’ennemi du peuple asservi par les capitalistes.

Il n’y a pas de débat. Il n’y a pas de réflexion. Il y a une fausse vérité à imposer. Et ne parlons pas des sujet qu’on appelle aujourd’hui sociétaux. On est vite cloué au pilori pour une opinion non conforme, politiquement incorrecte.

Ainsi fonctionne la démocratie. Pas de débat. Des minorités qui veulent imposer leur opinion aux autres. Leur opinion, un mode de vie. Un monde uniformisé, le meilleur des mondes, celui de 1984, dans lequel un insoutenable bonheur nous est imposé. Tellement le meilleur qu’il nous est imposé.

L’absurde n’y fait rien. Ainsi, au nom de la lutte contre les discriminations, on nous dit qu’il existe une discrimination qui serait positive. Au nom de la lutte contre le racisme, on impose des critères de sélection plus durs pour les asiatiques dans une université américaine. Mais cela ne choque pas. La France en vient à légiférer contre les « fake news« . Mais qui décide qu’une information est trompeuse ? Cela ne choque pas, non plus.

dictature

« La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage où, grâce la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude. »

Le danger de réfléchir

Mais que peut-on faire ? Les défauts de la démocratie sont depuis longtemps connus. En 1944, dans La route de la servitude, Hayek évoquait déjà la recherche du consentement du peuple. Et dénonçait les dérives de la démocratie. Bien avant, Tocqueville dénonçait le risque de dictature douce de la démocratie. Le principe même d’une constitution est d’ailleurs la recherche de la limitation des pouvoirs. Montesquieu prônait la séparation des pouvoirs. Les Pères Fondateurs des États Unis ont établi le principe du check and balance. En pure perte, ou presque.

Mais que peut-on faire ? Il faut bien un Etat, nous dit-on. Quoique… C’est là le danger de réfléchir. On en vient à tout imaginer. Et même à imaginer une société sans ces politiciens pour nous gouverner.

Qu’est-ce que la « démocratie » finalement ? Le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple ? Mais alors, pas besoin d’Etat. Vous voulez qu’il y ait moins de sachets plastiques dans la nature ? Il suffit de convaincre autrui de jeter ses plastiques dans une poubelle. Vous voulez supprimez l’énergie nucléaire ? Il suffit de convaincre d’autres personnes de s’en passer. Et les convaincre d’en accepter le prix. Si vous avez raison, si vous avez les arguments, pourquoi ne vous entendraient-ils pas ?

En matière sociétale, tout comportement qui ne comporte pas de violence pour autrui est autorisé. Mais toute critique de tout comportement est autorisée également. Toute opinion est autorisée. La limite est la violence. La limite est franchie quand on impose. La société se construit ainsi. Par le bas. Par les gens d’en bas. Voilà une pure démocratie.

On crie à « l’humain »

Les thuriféraires de l’Etat mettent en avant les services qu’il rendrait. Mais ce ne sont que d’anciens services privés nationalisés, comme l’assurance santé ou la prévoyance. En matière d’enseignement, bien des français se ruent vers le privé, ou même vers l’éducation à domicile. La justice elle-même est à l’origine « coutumière », non écrite.

Il est d’ailleurs symptomatique que ces aspects matériels soient mis en avant. Et non les grands principes humanistes. On met en avant un Etat protecteur. Mais pas l’être humain libre et autonome. Mais on crie à « l’humain ». Pas les êtres humains libres et autonomes, qui façonnent une société sur le respect de la liberté d’autrui.

Le libéralisme, c’est laisser autrui vivre comme il l’entend, avec le droit de critiquer, mais interdiction de la violence. Personne ne peut rien imposer à personne, tant qu’il respecte l’autre de même. Permettre à des gens différents de vivre différemment, en les laissant se critiquer, sans violence., n’est-ce pas là la pure démocratie ?

Mais je m’égare. Je dérive vers l’anarcho-capitalisme. Il ne faut pas réfléchir. Il ne faut pas se questionner. Il ne faut pas envisager toutes les possibilités. Les politiciens nous protègent. Ils veulent notre bien. Ne réfléchissons pas. Prenons notre médicament, notre pilule bleue, et retournons dans le meilleur des mondes.

 

Artois