Au coin du feu…

Et pourtant, il s’en dit des bêtises ! Début février, pendant une période où le réchauffement climatique ne sévissait pas encore, le président des Français invita pour une petite causette quelques amis bien informés, et pour cause, puisqu’il s’agissait de journaleux triés sur le volet venus chercher la bonne parole. Un petit extrait en a été repris par le « matin.ch » (journal suisse) :

Macron

Pour Macron, la Suisse «n’est pas du tout un exemple…»

Vous comprendrez ainsi que l’hôte élyséen eut l’outrecuidance de rebondir sur la question d’un de ses invités à propos du RIC, exprimant le fait que la « France n’était pas la Suisse ». Mais si l’inverse était vrai, cela se saurait !

C’est quoi le peuple ?

RIC ou pas RIC ? Serait-ce un mieux ou un pire pour les Français ? Evidemment, la réponse n’est peut-être pas aussi simple qu’on soit du côté de celui qui se prend pour Jupiter que du côté des gilets jaunes. Le premier, par la voie des élections, se croit représentant du peuple et refuse d’aborder cette idée de voir le peuple remettre en question les décisions des politiciens, malgré son initiative du « grand débat », et les seconds, par la voix de la vindicte populaire, s’imaginent représenter le peuple qui veut et qui peut renverser le pouvoir légal. Mais finalement, c’est qui le peuple ? Et qui aurait la légitimité d’imposer ses points de vue, et donc ses règles, à tout un peuple ?

Le peuple est une notion polysémique qui est utilisée par les manipulateurs de masses et qui tourne évidemment au désavantage de celui qui est le premier concerné : l’individu. En tout état de cause, c’est ce dernier, et lui seul, qui est en droit de penser ce qui est bien pour lui et par voie de conséquence, est souverain sur sa personne et ses biens. Les institutions trompent évidemment le citoyen avec la fausse notion de « souveraineté nationale » qui lui serait supérieure, la « nation » étant un autre terme dont la définition est à géométrie variable et source d’amalgames. Certes, nous ne pouvons nous affranchir de l’Histoire, mais cette Histoire est tellement pétrie d’abus de pouvoir et constituée des pires horreurs commises contre les êtres humains, qu’elle n’est pas crédible pour servir de référence. Aucune violence ne peut se justifier dans une société qui se dit civilisée. Les desseins historiques des états n’ont donc pas plus de légitimité que les frontières géographiques des états. L’Histoire et la Géographie des états se fondent dans la violence.

RIC

Le RIC, nouveau symbole de la tyrannie démocratique.

Contrairement à ce qui se répand, la violence de l’état n’est pas « légitime » mais tout au plus « légale ». Ce n’est pas parce qu’une « nation » s’est constituée au fil de siècles sur un territoire, qu’elle est immuable. Pourquoi les individus qui y naissent devraient-ils rester prisonniers d’un système qui se vide de sens lorsqu’il est confrontée à la réalité de l’évolution et de la connaissance ? Le « contrat social », autre notion que les manipulateurs veulent faire passer pour un acquis historique, n’a pas non plus de raison de s’imposer au citoyen de manière implicite, sous prétexte que cela vient du passé. Seule la signature individuelle d’un « contrat social » libre avec une association politique de son choix sur le marché politique peut se considérer. Une association politique peut se remettre en cause pour satisfaire ses clients sur une offre de services.

Ce n’est pas le cas avec un état qui se veut « éternel », imposant des services inadaptés et une constitution qui ne peut détenir aucune vérité sur le futur. Si nous ne pouvons refuser le fait que les hommes puissent se donner des règles de vie en communauté, il est inacceptable de formuler qu’un « contrat social » imposé serait toujours la volonté du peuple. Pour être légitime, les règles communes ne peuvent se fonder que sur le principe du respect de la souveraineté individuelle en dehors de toute violence, y compris de ceux qui établissent les règles. La législation française possède un travers collectiviste et arbitraire : elle est de nature constructiviste. Il est imaginé que les dirigeants politiques sont là pour construire le pays et par là même occasion d’imposer au « citoyen » des règles contraires au Droit Naturel. Une telle certitude conduit inéluctablement aux instabilités politiques étant donné que le citoyen ne sort pas d’un moule.

La guerre électorale : la logique de la démocratie

Les doigts des deux mains ne suffisent plus à compter le nombre de constitutions depuis la révolution de 1789 et le nombre de modifications intervenues sur l’actuelle constitution de 1958 ne fait que confirmer la légèreté institutionnelle. La Suisse a eu une toute autre approche et ceci se traduit par une constitution qui n’a pas changé depuis près de 2 siècles, avec un interventionnisme politique beaucoup moins important. Cependant le point commun à la plupart des pays les plus développés (loin de nous de prétendre que nous serions au plus haut niveau de développement possible de la civilisation humaine) reste la soi-disant démocratie.

Il est vu par les gouvernants dans la démocratie le summum de l’organisation politique. Or la démocratie n’est qu’un transfert des guerres inter-nations à des « guerres idéologiques nationales ». Certes, les individus ne sont plus envoyés comme chair à canon au front, mais aux urnes pour faire triompher le camp du bien sur le camp du mal. Evidemment, chaque parti se voit comme le camp du bien et détient « sa » vérité, sans arriver à convaincre pacifiquement que leurs idées sont meilleures. Mais a-t-on besoin d’utiliser la violence pour démontrer la force d’une idée ? Toute idée, si elle est véritablement supérieure à toutes les autres, s’impose naturellement.

Tous les échanges économiques qui sont réalisés librement suivent ce principe. Il n’y a pas besoin de force ou de violence pour faire émerger un produit ou un service utile. Mais la démocratie est un collectivisme et n’a que faire de la liberté individuelle : être majoritaire est ce qui importe pour imposer ses idées fausses aux minorités, à commencer par l’individu qui ne va pas dans le sens de l’opinion.

démocrassie

Si tu ne viens pas à la démocratie, la démocratie viendra-z-à toi !

Ainsi toute institution qui intègre des élections en donnant le pouvoir à des idéologues entretient une forme de violence par la législation et la fiscalité. Si la guerre électorale a remplacé la guerre militaire, l’issue des batailles donne toujours la possibilité aux vainqueurs de soumettre et de piller les vaincus. Et ce quelque soit la forme de la démocratie, qu’elle soit directe (telle qu’en Suisse et réclamée par les gilets jaunes pour justifier le RIC) ou indirecte (celle qui s’applique en France et justifiée pour repousser le RIC). Toute démocratie est un mécanisme collectiviste qui nie la souveraineté individuelle : le résultat d’une élection donne aux représentants de la majorité électorale à disposer « légalement » des minorités. RIC ou pas RIC, cela ne changera rien à l’équation.

Cela démontre l’abus de pouvoir permanent des gouvernants français. Mais le RIC ne fait que continuer à prouver, a fortiori, la négation du choix individuel au profit d’une décision majoritaire qui sera toujours très éloignée de la vérité. Quand on vote, on ne fait pas un choix individuel puisque ce vote est noyé parmi les autres comme un soldat est noyé au sein de son corps d’armée. La pensée d’un soldat est écrasée devant la raison militaire : il n’est qu’un matricule. À l’instar, la pensée d’un électeur est écrasée devant la majorité électorale. C’est ce qui le pousse à aller grossir petit à petit l’abstention, seule manière de s’éloigner de la violence démocratique. L’introduction du vote blanc ou du vote obligatoire ne changeront rien à l’affaire. Voter est un collectivisme.

Voter, c’est se mêler aux autres électeurs pour partir au combat et tenter d’écraser ceux qui ne pensent pas comme soi. L’armée avait été dénommée la « grande muette » parce les militaires n’avaient pas le « droit de vote ». Ils étaient ainsi prétendus privés de droits civiques en ne pouvant s’exprimer dans les urnes. Si s’exprimer, c’est mettre un bulletin secret. L’abstention s’est avoir compris que nous ne pouvons avoir d’emprise sur la folie des gouvernants qui spolie le libre arbitre. Seule solution : dépasser la démocratie.

Moins d’interventionnisme

Aussi, si une communauté veut écarter la violence collective sur chaque individu, et donc protéger le plus faible, elle doit écarter la démocratie du processus de choix de ses représentants politiques, pour éviter de conduire à des choix idéologiques qui s’appliquent à tous. La démocratie ne devrait s’appliquer qu’à une organisation dont la constitution n’a pas de raison d’être remise en cause.

Prenons un exemple pour rester moins abstrait et être plus concret : au sein d’une association de bridge il est possible de soumettre à un vote démocratique les représentants de l’association. Ces derniers peuvent aussi soumettre au vote des adhérents l’investissement dans des jeux de cartes de couleur exclusivement rouge ou exclusivement bleue ou un mixte ou de garder les vieux jeux de cartes. Même si vous n’appréciez pas les dirigeants de l’association, les règles du jeu de bridge ne sont pas remises en cause : on ne vous dira pas que le bridge devient la belote ou le tarot. Le fait que vous ne les appréciez pas, ne vous empêche pas de jouer avec qui vous voulez et/ou quand vous voulez. Vous pouvez d’ailleurs aller jouer dans un autre club de bridge, les règles du bridge resteront ce qu’elles sont.

Or au sein d’une organisation sociale comme un état où il est donné des pouvoirs de décisions à des politiciens faussement omniscients et réellement irresponsables, la démocratie est la pire des illusions pacifiques. Les affrontements idéologiques conduisent à la réalisation de lois qui ont institutionnalisé le pillage généralisé des uns au détriment des autres. De telles sociétés fonctionnent sur la haine sociale de groupes divers et variés : c’est la guerre permanente et la manipulation des foules, à commencer par l’opposition inévitable entre les récipiendaires de la fiscalité et leurs contributeurs. Le système est devenu tellement pernicieux et pervers, que nombre d’individus sont à la fois récipiendaires et contributeurs. Nous ne nous trompons pas en disant que la classe moyenne est opprimée par le pouvoir et que la révolte « gilets jaunes » est révélatrice du conflit qui sommeillait depuis la fin de la guerre de 39-45.

Capitole

Aubaine de foule sur la Place du Capitole ?

Ainsi constatons que tout système démocratique produit toujours des gagnants et des perdants parmi ce que nous nommons le peuple ». Vous aurez observé que ceux qui gouvernent ou ceux qui aspirent à gouverner fourmillent d’explications pour transformer une défaite électorale en victoire. Mais après chaque élection, le Français moyen perd un peu plus. Le ras-le-bol des gilets jaunes représentent cette classe moyenne inférieure qui ont subi le trop plein de fiscalité et de législation, élections après élections.

Ridicule cette situation où tout élu qui gagne les élections explique que la démocratie a gagné alors qu’en réalité, cette victoire a enfoncé un peu plus ceux qui se rendent aux urnes plein d’espoir. C’est cela la démocratie, peu importe le substantif dans lequel elle est noyée : démontrer que les idées que l’on porte sont les plus fortes et les meilleures, peu importe leurs dommages collatéraux. Constatez aussi que moins les élus sont représentatifs du peuple, et plus cela se vérifie. C’est très prégnant dans le système français électoral à 2 tours où le vainqueur du second tour fait tout pour oublier qu’il y a eu un premier tour. N’est-ce pas M. Jupiter ?

Alors la France n’est pas la Suisse comme la Suisse n’est pas la France. Mais les Suisses ou les Français sont-ils à la base si différent pour que politiquement, ils ne soient pas traités de la même manière ? Penser l’inverse, c’est prendre les uns et les autres pour des cons. Et les gouvernants français ont toujours pris le peuple français pour un troupeau de moutons voire de veaux ! Et ils continueront à bavasser tranquillement au coin du feu avec des journaleux tant que les Français penseront majoritairement que la démocratie est ce qui se fait de moins pire.

 

Bellegarrigue