Obligatoire, encore

On a pu lire ces jours ci dans les médias des articles sur « nutri-score ». C’est le système étatique qui mesure la qualité nutritionnel des aliments. Une loi rendra obligatoire son affichage dans les pubs. Apparemment, la réglementation européenne ne permet pas de rendre obligatoire son affichage sur les produits.

Les médias rapportent l’information sans aucune vision critique. Pourtant, cette idée de forcer à afficher ce genre de « score » pose des questions en matière de « démocratie » supposée.

Faillibilité de l’Etat

L’État est-il qualifié pour conseiller en matière de nutrition ? Il y a diverses opinions sur la question des régimes alimentaires. La nutrition est elle même en évolution. Par exemple, les régimes appelés cétogènes se développent. On trouve sur les sites américains multitudes de produits qui leurs sont consacrés. Et, en France, un site précurseur se développe, EatFat2BeFit. Pourquoi ne pas promouvoir ce type d’alimentation ? Parce que l’État est toujours guidé par la raison ? Pourtant, ses choix sont souvent irrationnels.

nutri-score

Voilà que débarque le « nutri-score »…

Par ailleurs, le problème de la nutrition n’est pas de consommer un soda de temps en temps, un gâteau de temps en temps. Une personne qui ne mange que des produits light ne s’alimente pas forcément convenablement. Un nutri-score ne va rien changer aux excès.

Irrationalité de l’État

On trouve en matière de politique environnemental de beaux exemples d’irrationalité. Ainsi, on nous dit que le gaz carbonique issu des activités humaines accélère le réchauffement climatique. L’État a donc décidé de développer, à grands frais répercutés sur les factures d’énergie, les énergies dites renouvelables… Qui augmentent les émissions de gaz carbonique !

En effet, la production d’électricité en France ne rejette que très peu de dioxyde de carbone. Tandis que les énergies renouvelables sont intermittentes. Elles ont besoin de centrales capables de prendre très rapidement le relais. Les seules centrales capables de remplir ce rôle, ce sont des centrales thermiques. Ajoutons que les éoliennes nécessitent de gros blocs de béton pour être fixées au sol, dont la fabrication dégage pas mal de dioxyde de carbone.

Dans le même registre, au nom de la lutte contre l’intensification du réchauffement climatique, on impose des réductions d’émissions de gaz carbonique aux véhicules. En cas de pic de pollution, les grandes agglomérations, de plus en plus, n’autorisent que les véhicules les plus récents à circuler, ceux-ci étant identifiés par différentes vignettes. Les véhicules diesels sont également cloués au pilori, en raison des gaz polluants et des particules fines qu’ils dégagent. Sauf que…

Pour faire diminuer les consommations de carburants, les moteurs thermiques utilisent les technologies du diesel. Ils sont donc plus polluants. En effet, le gaz carbonique n’est pas un polluant, car il n’est pas dangereux pour la santé. Il est classé dans les gaz à effet de serre. Mais les nouveaux moteurs essence dégagent les même polluants que le diesel, et, en particulier, des particules fines. À tel point que les filtres à particules arrivent sur les voitures motorisées à l’essence.

Nous avons donc, en cas de pics de pollution, par exemple aux particules fines, une politique qui consiste à autoriser à la circulation uniquement des véhicules utilisant des technologies qui augmentent les rejets polluants. On rejette le diesel, qui permet de diminuer les émissions de dioxyde de carbone, alors que les nouveaux moteurs diesel ne polluent pas plus que les moteur essence. Cherchez la logique !

Absence de contre pouvoirs

On peut s’étonner que des politiques aussi aberrantes puissent être menées. Elles sont permises par l’absence de contre pouvoirs. Les médias sont, théoriquement, un contre pouvoir. Mais ils ne remplissent plus ce rôle. Ils sont une caisse de résonance. On trouve les copier-coller des même dépêches d’agence sur tous les sites. Les résumés des résumés des études de l’INSEE ou des sites ministériels. Les opinions du gouvernement. Il n’y a pas, ou rarement, ou plus, dans les grands médias, de point de vue critique.

Plus encore, ils semblent adopter les mêmes stratégies que des organismes qui veulent imposer une politique. Par exemple, en matière d’environnement, les organisations qui défendent la thèse de l’accélération anthropique du réchauffement climatique joue la carte du catastrophisme. Que les grands médias reprennent souvent sans recul.

De même en matière d’inégalités. Une organisation dénonce la concentration des richesses entre les mains de quelques grandes familles. C’est généralement repris à nouveau sans recul. Alors que les inégalités ont baissé ! En effet, l’adoption de l’économie de marché par certains pays en développement a permis l’émergence d’une classe moyenne dans ces pays, ce qui réduit les écarts de niveau de vie par rapport aux pays qui ont des économies de marché depuis plus longtemps.

Comment se faire une opinion s’il n’y a pas de jugement critique sur ce que peut dire un Etat, une organisation ? Et si le citoyen ne peut pas véritablement se faire une opinion, comment la démocratie peut-elle fonctionner – si elle le peut ?

servitude

Macron en marche sur la route de notre servitude ?

Un problème éthique.

Tout cela pose également un problème éthique. Dans le fonctionnement de la « démocratie », d’abord. Imposer des politiques sans logique, comme en matière d’écologie, sans critiques, montre que quelque chose cloche dans la démocratie. Démocratie dont l’idéal avancé est le « pouvoir du peuple, par le peuple, et par le peuple ».

Ce sont les politiques d’incitations qui posent problème également. Est-ce le rôle d’un gouvernement de contrôler la manière dont se comportent les gens ? Des gens fument ? C’est leur problème. Peut-on critiquer le retraité, sans trop d’argent, dont un des petits plaisirs de la vie est d’en rouler une ? Il vivra mois longtemps ? Cela le regarde.

L’économie a développé des théories des incitations. Il s’agit d’orienter le comportement de chacun, des êtres humains, des hommes, des femmes. Cela fait furieusement penser aux théories socialistes de l’homme nouveau, qui consistent à formater l’être humain selon les désirs d’une élite qui pense pour lui.

Servitude & Limitation des pouvoirs.

Evidemment, on nous dit que c’est pour le bien de l’individu que l’on veut le changer. Peut-on faire le bien de quelqu’un malgré lui ? Hayek a illustré depuis longtemps, dans La route de la servitude, où ces bonnes intentions pouvaient mener. Et nous y sommes. Il a également souligné que ceux qui cherchent le pouvoir ne le font pas forcément par abnégation. Pourtant, nous remettons notre sort entre leurs mains.

C’est pourquoi le libéralisme s’intéresse à ce qui devrait être le débat récurrent et permanent dans une « démocratie » : l’étendue et la limitation des pouvoirs de l’État. Jusqu’où l’État peut-il avoir un pouvoir sur l’être humain. Jusqu’où peut-il le contraindre. C’est la question de l’humanisme, qui veut que l’être humain soit libre et autonome.

Les anarcho-capitalistes ont d’ailleurs une réponse radicale, mais argumentée, à la limitation du pouvoir de l’État. Toute coercition sur l’être humain est interdite. Par conséquent, un Etat ne doit pas exercer de coercition sur quiconque. Comme la nature de l’État est d’être un organe de coercition, il faut une société sans Etat.

Où allons nous ?

La « démocratie » fonctionne mal. À tel point que se développe aujourd’hui les extrêmes. Mais il n’y a pas de débat sur le fonctionnement de la démocratie, le rôle de chaque institution, le rôle des médias, l’étendue des pouvoirs de l’Etat.

La question devient : où allons nous ?

 

Artois