Fable du Moutontribuable
La récente Loi Alimentation organisera la taxation de certains produits de première nécessité tels que le Nutella ou le Ricard dans le but affiché d’aiguiller les achats du moutontribuable vers les « bons » produits de nos producteurs locaux.
Il se trouve que j’avais dans mes cartons cette petite fable, qui me semble parfaitement appropriée à la une telle situation, alors c’est tout naturellement que je vous la propose…
LA GÊNE DES ÉLEVEURS
Les éleveurs d’ici étaient tombés bien bas :
Leurs produits étaient bons mais un petit peu chers.
Pour bien des citadins, il n’y avait débat
Mieux valait acheter de la viande étrangère
Du lait des antipodes, des œufs du Sénégal
Que d’aller à la ruine en achetant local.
La guilde de leur ordre s’en alla voir le roi
Et lui dit tout de go : « Nous sommes en danger,
Les étrangers nous pressent, nous en sommes les proies,
Or nous payons l’impôt, il faut nous protéger
Sans quoi il se pourrait (et ce qu’à Dieu ne plaise)
Qu’avec le désespoir, quelques-uns d’entre nous
Brûlent quelques pneus ou boutent à quelque braise
Faites donc quelque chose, dans l’intérêt de tous. »
Ne souhaitant pas d’esclandre, le roi dut composer
C’est le prix de la paix, il faut les apaiser !
Il ordonna la taxe des produits allogènes
Afin de soulager la guilde de sa gêne.
C’est ainsi que depuis, les biens d’importation
Se vendent aussi cher que ceux de la nation
L’effet fut immédiat, ce fut une surprise :
Les ventes s’affaissèrent sans espoir de reprise…
Car il fallut payer cette aide aux Éleveurs
Or les sujets du roi jouèrent les payeurs
Les prix ayant monté, certains se résignèrent
Cruelle conséquence, à manger moins qu’hier.
Lorsqu’elles cessent de vendre ou se font dépasser,
Les Guildes sont savantes à ne pas trépasser
Elles se font courtisanes ou l’émeute pratiquent
Et obtiennent un sursis par des rois pathétiques,
Qui trouvent des clients ou se font rançonner
En lésant le grand nombre au profit d’une poignée.
Jean-David Nau