« Il est totalement incohérent de vouloir défendre la liberté humaine et d’admettre en même temps que quelqu’un a des droits sur vous et sur vos propriétés, c’est-à-dire sur le produit de vos activités. » – Pascal Salin, 2000
Qui aime les impôts ?
Cher lecteur, je suis sûr que tu n’aimes pas payer des impôts. Le mot taxe ne fait pas non plus partie de tes favoris. Que me dis-tu ? Bien sûr, tu n’aimes pas les payer. Mais tu penses peut-être, comme beaucoup, que c’est nécessaire, qu’ils sont utiles à la société et sont source d’équité et de justice. Oui, je vois bien ce que tu veux dire, il faut aider les pauvres, nous avons le droit à une protection contre la maladie, à une assurance vieillesse, à ne pas être pénalisés en cas de chômage, à la protection de l’environnement. Comment ferait-on sans taxes incitatives ? Et l’école ? Les routes ?
Pouvons-nous arrêter ici ce refrain lancinant ? Désolé de te décevoir, mon cher lecteur. Ton argumentaire est certes bien rodé. D’ailleurs, il est diffusé sans cesse et de façon presque unanime par les grands médias et par la classe politique ; classe politique, soit dit en passant, qui verrait pourtant disparaître du jour au lendemain le pouvoir qu’elle a sur ta vie si les taxes et les impôts devaient être amenés à disparaître.

Impôts & Taxes – Nuage des mots de l’article.
Réalité
Vois-tu, la réalité est en fait bien différente, rien de tout cela ne résiste à un examen un peu sérieux. Je comprends tout à fait que tu aies des difficultés à me croire mais, pendant quelques instants, je te propose de considérer sérieusement l’hypothèse que tu sois victime d’une habile manipulation. D’accord ? Allons-y alors.
Donc, taxes et impôts sont-ils utiles et efficaces ? Je dirais que c’est à toi d’en apporter la preuve. Pour ma part, je ferais remarquer qu’il est juste impossible d’établir en amont ce qui est ou non utile ou efficace pour tous les individus. Nous sommes 7 milliards sur cette Terre et je dirais qu’il faut une énorme arrogance intellectuelle pour prétendre le savoir.
Nous vivons dans un monde de rareté. Et nous devons faire des choix. Tu conviendras avec moi que chaque individu a un droit fondamental à la liberté de choix sur ce qui lui appartient. C’est seulement une fois ce choix effectué que nous prenons connaissance de la variante choisie. Et qui peut choisir pour moi mieux que moi-même ?
J’ai décidé de prendre la voiture plutôt que le bus pour aller au cinéma. Y a-t-il quelqu’un d’autre que moi qui puisse juger de l’efficacité et de l’utilité de mon action ? Lui donner une valeur ? La valeur est forcément subjective. Chacun de nous a sa propre chaîne de valeurs. Dans ce contexte, les taxes et les impôts sont clairement une interférence non requise envers la liberté des individus. Ils réduisent notre marge d’action. Il n’y a pas d’utilité collective qui ne soit la somme des utilités individuelles.
Pas Dieux
Laisse-moi encore ajouter un élément. Ceux qui prétendent que les impôts et les taxes sont utiles sont des êtres humains, comme toi et moi. Ils ne sont pas des dieux. Comment peuvent-ils prétendre en savoir plus que moi-même, sur mes besoins et mes désirs ?
Méfie-toi donc des politiciens qui prétendent connaître les réponses et qui te demandent des sacrifices (payer les impôts et les taxes). Les hommes de l’État sont très habiles, c’est vrai, mais leur petit jeu peut être facilement démasqué.
Je te rappelle qu’ils ne produisent pas de richesse eux-mêmes. Elle est produite par les individus via l’économie de marché, c’est-à-dire à travers un processus d’échanges librement consentis de droits de propriété légitimes. Les politiciens ne font qu’imposer des prélèvements obligatoires. Ils n’augmentent pas le gâteau global. Ne l’oublie jamais.
Il y a « ce que qu’on voit et ce qu’on ne voit pas » disait Frédéric Bastiat. [1] Si tu payes une taxe sur l’essence, tu ne pourras pas utiliser cet argent pour acheter un livre. La Lune a toujours une face cachée. En dépit de leur efficacité, impôts et taxes ont-ils au moins l’avantage d’être moraux ? Tu ne seras pas particulièrement surpris d’apprendre que je conteste aussi cette hypothèse.
Uniques et différents
Cela va te sembler un peu simple, peut-être même simpliste, mais au fond ceci est dû au fait que nous sommes tous des individus uniques et différents. En tant que tels, nous avons un droit à la sauvegarde de notre propriété privée et aussi à la liberté d’échanger.
Bien entendu, nous sommes responsables de nos actes et nous devons répondre des violations de la propriété d’autrui. Si nous désirons vivre dans un monde pacifique, si nous sommes d’accord que l’individu doit être protégé dans ses droits fondamentaux, tu conviendras qu’il est impossible de trouver une justification aux taxes et aux impôts.
Ces derniers sont en contradiction manifeste avec ce qui fait d’un homme un Homme avec un « H » majuscule. Ils sont par définition le fruit d’un acte violent, d’une contrainte imposée par les uns sur les autres. Ils sont une violation flagrante de la liberté individuelle. Comment peux-tu raisonnablement espérer vivre dans un monde pacifique si tu te refuses à accepter cette évidence ?
Oui, je sais que nous vivons en démocratie. Mais je ne vois pas pourquoi s’approprier quelque chose qui ne nous appartient pas aurait une quelconque moralité. Que la décision soit prise à la majorité ne change rien au fait que nous sommes confrontés à un pseudo-droit. Oui, il s’agit bien d’un pseudo-droit, parce qu’un droit qui en viole un autre n’est pas un droit. Ce qui nous conduit aussi à une autre importante conclusion.
Solidarité ?
La solidarité, la seule qui soit digne d’être appelée ainsi, ne peut être que le fruit d’un acte volontaire, librement choisi et librement exercé. Elle ne peut pas être le fruit de la contrainte. Contrainte et morale sont antinomiques. À entendre les étatistes de tous bords, sans l’intervention des hommes de l’État, les pauvres seraient laissés à leur sort et il n’y aurait aucune forme de protection. Ce qui est faux.
Rien ne nous empêche d’aider notre prochain, ni de souscrire des assurances. Le concept de justice sociale est ce qu’il y a de plus dépravé parmi les idées politiques d’aujourd’hui. C’est la légitimation du vol par une pseudo-morale que je ne peux que rejeter.
Moi je veux être un homme libre. Et toi, mon cher lecteur, as-tu fait ton choix ?

Couverture de Libres !
Gabriele Lafranchi, in Libres !, 2012
[1] Frédéric Bastiat, « Œuvres complètes de Frédéric Bastiat », 1855, Guillaumin