Moins de taxes et plus de sous !

Les routes bloquées, les Auchan bloqués, les Champs-Élysées bloqués. Les gilets jaunes, symboles du blocage. C’est carrément la société qui est bloquée !

Que veulent les gilets jaunes ? Moins de taxes et plus de sous ! Facile. Mais comment ? Il n’y a pas de révolution. Ils en appellent toujours à l’état. Ils ne proposent pas de changement.

Plus encore, veulent-ils vraiment le changement ? Macron fait figure de réformateur à leurs yeux. La petite adaptation du droit du travail fait figure de grande réforme. Pourtant, elle ne fait que continuer la logique d’un système ultra-contraignant et ultra-rigide pour l’employeur, avec quelques adaptations à la marge quand les excès du système sont trop criants. En quelque sorte, la communication de Macron se retourne contre lui.

chaos

Gilets Jaunes. 1er décembre 2018.

Le désastre de la présidentielle.

L’origine de la situation était en germe après le désastre de la présidentielle. C’est normalement le moment fort de la démocratie style Veme République. Elle a en fait marqué la rupture entre les « électeurs » et les « dirigeants ».

Le candidat le plus dangereux pour Macron, Fillon, a été éliminé par une mise en examen spectacle. Il n’y a pas eu de débat de fond. Macron ne s’est pas fait élire sur un programme, mais sur la nouveauté qu’il était censé représenter, et en tant que rempart contre l’extrême droite. Mais il a fait un score ridicule face au FN. Et les électeurs ont boudé le deuxième tour. Un taux d’abstention inédit pour la reine des élections de la Cinquième.

Macron a ainsi la fausse légitimité institutionnelle, mais pas le soutien populaire. L’extrême droite du FN et l’extrême gauche de Mélenchon ont été légitimées et sont devenues les principaux partis d’opposition. Et la présidentielle a officialisé la cassure entre le peuple et « l’élite dirigeante ».

force

L’abstention fait la force.

Gilets jaunes de tous pays…

Le mouvement de défiance touche l’ensemble des démocraties occidentales. Les USA, après huit ans d’Obama, ont envoyé Trump à la présidence. C’est la revanche des red neck, des hillbillies, des pitoyables sur l’establishment Washingtonien, de l’Amérique profonde sur les bobos new yorkais.

Le Royaume Uni a de son côté fait un bras d’honneur à l’Union Européenne défendue par ses élites. Partout en Europe, les partis qualifiés de populistes gagnent des électeurs. Même l’indéboulonnable Merkel a été bousculée, officialisant sa prochaine retraite.

Comment en est-on arrivé là ?

Un auteur comme Hayek professe que ce ne sont pas les meilleurs qui arrivent au pouvoir. Hoppe dirait plutôt que la démocratie porte ce glissement en elle. Le pouvoir en soi est effectivement un but pour certains. Ils vont chercher à se faire élire. Comment ? Par les promesses. Les électeurs s’habituent, et attendent des miracles de la part de la puissance étatique. Et quand le miracle ne se produit pas, ils protestent. Comme des gosses qu’ils sont devenus.

Ainsi, les gilets jaunes ne proposent pas de moyens de réduire la dépense publique, de grande réforme du marché du travail. Le rejet de l’Union Européenne provient du fait qu’elle ne tienne pas ses promesses, assénées par l’élite. Et les anti-européens font les mêmes promesses, en disant qu’il suffira de sortir de l’euro pour connaître la croissance économique.

Ajoutons qu’en France il n’y a peu de pluralisme en matière de pensée. L’économie de marché est par principe clouée au pilori. Les réussites étrangères en matière d’emploi ignorées. Et quand Eurostat démontre qu’il y a plus de travailleurs pauvres en France qu’en Allemagne, c’est le tollé en France.

Et maintenant ?

La grande question : et maintenant ? Il ne semble y avoir aucune issue. Le système est bloqué de chez bloqué. Aucune proposition réaliste. Le gouvernement vit sa vie, les gilets jaunes la leur. Rappelons que les gouvernants n’écoutent pas forcément le peuple. Ainsi, le peuple avait-il rejeté la constitution européenne. Les gouvernant ont imposé le traité de Lisbonne.

Serait-on sur la fameuse Route de la servitude, décrite par Hayek ? Ou sur la fin de la démocratie annoncée par Hoppe ? Déjà, depuis longtemps, à longueur de sondages, les Français se disent favorable à un pouvoir fort. La prochaine présidentielle nous mettra probablement face à face Mélenchon et Le Pen. Avec les deux mêmes programmes.

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Arroseurs arrosés. Les givrés jaunes.

La démocratie en question

La question taboue, qui n’apparaît nulle part, est celle de la démocratie. Car c’est bien sûr la démocratie qui a amené ce blocage. Est-il possible de la réparer, de l’améliorer ? On peut imaginer un système à l’américaine, où le législatif, le judiciaire, et l’exécutif s’équilibrent, en théorie. Mais l’exécutif peut court-circuiter le législatif en passant par la voie réglementaire. Le judiciaire s’arroge le pouvoir d’une interprétation très large des lois, et la limite avec le législatif pose question.  On sait bien dans ces colonnes que la séparation des pouvoirs est une utopie.

On peut ajouter qu’en Europe de nombreuses lois sont issues de l’Union européenne, et simplement transposées dans le droit national. Le pouvoir démocratique du peuple est finalement faible. Il ne sert qu’à nommer de nouveau rois irresponsables et arrogants.

La tentation anarcho-capitaliste

On se prend alors à se poser LA question. Celle qui est encore plus taboue que la démocratie : l’état ! Et si on supprimait l’état ? Idée improbable, défendue par les anarcho-capitalistes, aussi appelés libertariens. Pas d’état, pas de politiciens ! Un monde de rêve !

« On » est loin de penser à ça aujourd’hui, même si ce site lui y pense. Pourtant, c’est bien la question du fonctionnement de la démocratie, et donc de l’état, qui se pose aujourd’hui. Devant nos yeux. Y répondre oblige à questionner nos schémas de pensée. Jusqu’au bout.

 

Artois