Gabegie-ô

La France est la grande gagnante de l’organisation des Jeux Olympiques de 2024. Seule ville candidate, chacun peut mesurer le bonheur d’avoir contribué aux 60 millions d’€ de la seule candidature, couronnée par un séjour à Lima d’une valeur de 1,5 million d’€ (4.673 € par tête de pipe pour une semaine).

London2012

Cérémonie de London 2012.

Le coût prévisionnel de ces jeux est de 6,6 Milliards d’€, en admettant qu’il soit respecté, ce qui n’a pas été le cas des trois dernières olympiades. En effet, Londres 2012 a dépassé de 6,1 milliards son budget initial, Rio 2016 de 23,5 milliards d’€ et Pékin 2008 de 29,4 milliards d’€. Rien que cela.

Jeux de Gaspillages

Les surcoûts des Olympiades…

La duchesse Hidalgo, larmoyante à la demande, saura certainement montrer à quel point le Français est unique.

Le domaine du sport en France n’est pas monopolistique, pourtant. L’Etat tient une place prépondérante dans les structures sportives du pays, mais il est parfaitement possible d’y échapper, fort heureusement.

Certes, y échapper, c’est se priver parfois d’une belle rente, à l’instar de Tony Estanguet, qui touchera 270.000 € brut de revenu par an pour son organisation des prochains JO (plus si les objectifs sont atteints), ou encore Teddy Riner, subventionné par la collectivité locale pour plusieurs centaines de milliers d’euros. Mais c’est aussi se donner des perspectives différentes, des débouchés parfois plus audacieux.

Hisser la voile

Un domaine échappe quasi complètement au poids de l’Etat, avec des résultats sportifs fabuleux, plaçant les sportif Français devant tous les autres : la voile.

Nous avons presque tous entendu parlé des Olivier de Kersauson, Armel Le Cléac’h, François Gabart, Bertrand de Broc, Samantha Davie, Florence Arthaud, etc. … et pour cause, ils écrivent pour le monde l’histoire de ce sport.

L'Amiral.

Olivier de Kersauson

Un point les caractérise, c’est l’initiative privée qui leur permet d’atteindre les sommets. Pourtant, ce domaine particulier nécessite de gros moyens. Si l’outil du sprinter c’est la paire de chaussure, c’est un bateau de 60 pieds ou plus pour un skipper.

C’est une équipe de spécialistes fournie, pour s’occuper de chaque domaine spécifique. Ce sont des architectes navals, des ingénieurs, des voiliers, et une multitude de corps de métiers. Le budget d’un skipper peut ainsi atteindre des millions d’euros pour une seule saison.

Mieux, ce sport permet aussi, grâce à son exposition, de collecter des fonds pour certaines initiatives. C’est le cas depuis des années pour « Initiative Cœur », skippé par Tanguy de Lamotte (et maintenant Samatha Davies), qui a permis de collecter assez de fonds pour opérer du cœur des centaines d’enfants démunis, les prendre en charge, grâce au soutien d’entreprises, sans que cela ne coûte un centime au contribuable.

Avoir Forte Affaire

Il est vrai que le sportif doit se muer en commercial avant de pouvoir exercer. C’est son choix, et c’est une conséquence de ce choix. Trouver un sponsor n’est pas facile, et c’est l’ingéniosité de chacun dans le domaine qui peut faire la différence parfois.

Pas toujours. Une Formule-1 des mers sans vent ira moins loin qu’une 2CV dans un vent portant. C’est la beauté du sport. Si nous connaissons les grandes écuries, comme Macif, Actual, La Banque Populaire ou Hugo Boss, c’est plus délicat pour les autres.

Bertrand de Broc s’était aligné en 2012 dans les grandes courses grâce aux « petits dons » de particuliers qu’il s’était proposé de balader virtuellement à travers le globe, c’était l’initiative « votre nom autour du globe ». Moi même, j’ai sponsorisé par mon entreprise un équipage pour la transat AG2R, en 2006 ; c’est dire si je sais les difficultés, mais aussi les joies, d’une telle entreprise.

Bertrand de Broc

Votre nom autour du globe…

Une voile en cache une autre ?

Une différence se profile donc. L’Etat qui décide ce que doit être le sport, ponctionnant à tous pour cela, y compris à celui qui n’en a aucun goût, se servant au passage pour arroser les soirées cinq étoiles et les projets décidés unilatéralement, et le marché qui laisse chacun libre de soutenir d’une façon ou d’une autre les sportifs.

Il est évident que dans le premier cas, un bureaucrate décidera ce qui lui convient ou ce qu’il estime devrait convenir au « peuple », alors que dans l’autre cas c’est chacun qui décide et cette demande permet naturellement l’émergence d’une offre.

Une autre différence : l’Etat devient formateur. Il fournit un cadre bidon de fonctionnaire ou assimilé, une structure, à condition de porter en écharpe le drapeau sur les podiums. C’est une compétition d’Etats au frais des contribuables, drôle de sponsoring.

Pauvre Foot.

Foot : A la Clairefontaine.

Les « voileux » se forment bien souvent dans le privé, et sont suivis par les sponsors. Francois Gabart vient de l’école Macif, ou il devint moniteur avant d’être repéré pour son intelligence et ses capacités hors du commun.

Il ne s’agit pas d’avoir quelconque honte du drapeau ; on peut, si on le désire, l’exhiber dans la victoire. Pourquoi pas ! Mais rien empêche que ce soit l’initiative privée, le marché qui ait permis le résultat.

Exploit-er ?

Le sport est un domaine utile à la compréhension des mécanismes. C’est toujours l’individu qui réalise un exploit.

La justification de l’Etat serait de permettre l’émergence de cela, et d’égaliser les chances au forceps. Or, cela est tout autant vrai que faux. La voile démontre, ce n’est pas le seul domaine, que le sport peut se passer d’intervention et de toute planification. Avec force bénéfices.

La suppression du ministère des sports, de sa cohorte de fonctionnaires, et des normes associées que cela entraîne n’entamerait en rien la réussite des français. Au contraire ?

 

Erwan